Objectif électeurs

Le 27 mars 2012

OWNI est partenaire du projet 21 voix pour 2012, soit 21 portraits d'électeurs par des photojournalistes, autour des thèmes de la campagne. Rendez-vous le 19 avril à La Cantine pour une soirée de projections, de débats et d'ateliers autour de la représentation et la perception du politique dans les médias.

21 voix pour 2012, ce sont 21 photojournalistes partis à la rencontre de 21 électeurs aux quatre coins de la France. Une série de portraits qui vise à témoigner des préoccupations et des attentes de citoyens à quelques semaines des élections présidentielles. 

Objectif électeurs #2

Objectif électeurs #2

21 voix pour 2012, ce sont 21 portraits d'électeurs par des photojournalistes, autour des thèmes de la campagne. Rencontre ...

Prendre le pouls des électeurs, dans leur diversité politique, sociale, économique. Certains se prononcent pour un candidat, d’autres hésitent ou choisissent de voter blanc.

Les personnes ont été choisies en fonction des thématiques qui traversent les débats de la présidentielle, 21 en tout, – chômage, réforme de la retraite, immigration, agriculture, décroissance, éducation, etc. Chaque photojournaliste a choisi un électeur en fonction de la thématique qui les intéressait. Puis le réseau de leurs contacts a fait le reste.

Nous diffuserons ces prochaines semaines quelques-unes de ces 21 P.O.M (Petites Œuvres Multimédia) en demandant à chaque photojournaliste de nous parler d’une photo de leur choix. OWNI s’associe à ce projet avec La CantineSilicon Maniacs, Youphil, L’Atelier des médias, l’EMI-CFD et le Studio Hans Lucas.

Nous vous donnons rendez-vous le 19 avril à La Cantine pour une soirée de projections, de débats et d’ateliers autour de la représentation et la perception du politique dans les médias.

Milan Szypura : l’artisanat


Jara par ©Milan Szypura/21voixpour2012

Le premier épisode de la série 21 Voix pour 2012 nous emmène dans un petit village du Loir-et-Cher à Saint-Agile. Le photojournaliste Milan Szypura est parti à la rencontre de Jara, artisan du cuir et sellier.  La question qui l’intéressait était de savoir comment une petite entreprise pouvait fonctionner sans que la croissance soit une fin en soi. “Il ne s’agit pas ici de décroissance” nous raconte Milan Szypura. Ce qui m’interpelle, c’est d’arriver à travailler,  en étant en accord avec ce que l’on produit, en misant sur la qualité et le local, sans chercher à gagner énormément d’argent.”

La Ferrari rouge

Cette photo me parait intéressante pour sa valeur de contraste. Nous nous retrouvons dans son atelier de cuir, avec beaucoup de bordel, et au moment où la photo apparait dans le diaporama sonore, Jara dit qu’il n’a pas beaucoup senti la crise à son niveau. Je trouvais ça beau de mettre cette photo en contraste avec ces paroles. Évidemment cette Ferrari n’est pas à lui et, même si cela peut prêter à confusion à la première lecture, j’avais confiance dans le déroulement de l’histoire.

Jara Buschhoff dans son atelier - ©Milan Szypura/21voixpour2012

Parmi les clients de Jara, beaucoup de gens possèdent des voitures de luxe. En dehors des selles de cheval et de la maroquinerie, ils refont tout l’intérieur cuir de ces bolides. Dans l’atelier, on trouve toujours une de ces énormes voitures, mais j’ai eu de la chance cette fois-là d’avoir une Ferrari rouge. La semaine d’avant c’était une Rolls Royce blanche, et encore avant une Bentley bleue. Je trouvais que ce décalage était intéressant et emblématique du contraste entre ces voitures de luxe et la simplicité de leur mode de vie et de production artisanale, dans ce petit village perdu du Loir et Cher.

Jara Buschhoff, travailleur de cuir en région centre, chez lui le 26 Novembre 2011, au lieu-dit « Les Noyers» près de Souday ©Milan Szypura/21voixpour2012

Toufik Oulmi : l’islam

L’idée pour Toufik Oulmi, était d’aller au-delà du cliché véhiculé par les médias, celle d’un islam radical prôné par des barbus en djellaba. Lui qui n’est pas musulman, ne reconnait pas les gens de son entourage dans ces portraits médiatiques. Il rencontre Abdou, 38 ans, responsable ressources humaines par l’intermédiaire d’amis communs. “Je voulais montrer à travers Abdou, l’image que je connais de ces Français musulmans pratiquants.”

Deuxième cour de la mosquée de Paris près de la salle des prières. ©Toufik Oulmi/21Voixpour2012

Toufik Oulmi avait déjà une idée précise de la scénarisation de son reportage : “Je savais que je ne voulais pas montrer Abdou de face dès le départ.” Parler de cette religion en France, telle qu’elle est pratiquée par la majorité. Et parmi ces musulmans, des cadres, comme Abdou. “Je montre ses mains, sa silhouette de dos, je voulais laisser le spectateur imaginer son visage jusqu’au bout pendant qu’il nous parle. Je recherchais une ambiance de polar et  le noir et blanc allait de pair avec cette narration.”

Derrière la vitre

On venait juste d’arriver chez lui. C’était la troisième et dernière fois que je voyais Abdou. Il commençait à me parler des jeunes diplômés qui partaient au Qatar mais je ne l’enregistrais pas à ce moment là. Il se mettait à l’aise, me disait de faire de même. J’avais toujours mon appareil photo à la main.

Portrait d'Abdou par ©Toufik Oulmi/21Voixpour2012

En fait j’étais placé devant la fenêtre. Juste avant, Abdou m’avait montré la vue sur la mosquée. J’essayais de la voir pendant qu’il me parlait. Ce n’était pas évident, de nuit avec tous les reflets des lumières et la buée. Abdou se tenait derrière moi, en train de se déplacer, je pense vers la cuisine. C’est à ce moment là que j’ai vu son ombre-reflet sur la vitre. Et j’ai déclenché.

À cette période, j’avais déjà commencé à monter une partie de la P.O.M, et je me sentais déjà dans l’ambiance polar. Je suis très cinéphile. La grosse lumière derrière son visage, venait de sa lampe halogène cassée qui penchait sur le côté. Je trouve que cette image reflète bien cette ambiance polar que je recherchais,  le côté mystérieux, le fait aussi de s’interroger sur les questions d’identité. Mais sur le coup, tu déclenches, tu ne penses pas à tout ça.

Les mains d'Abdou, face à la mosquée de Paris ©Toufik Oulmi/21voix pour2012


Vous pouvez soutenir le projet 21 VOIX POUR 2012 en faisant un don sur la plateforme de crowfunding KISS KISS BANK BANK

Photographies par Milan Szypura © etToufik Oulmi © tous droits réservés

Les photojournalistes :

Milan Szypura, 35 ans, ancien danseur contemporain, a commencé à documenter son environnement artistique avec un appareil photo argentique. Il se lance en tant que photographe professionnel en 2007 et après un passage par les Gobelins, il se forme aujourd’hui au photojournalisme à l’EMI-CFD. Son objectif, la couverture des conflits armés.

Toufik Oulmi a 39 ans. Après avoir été informaticien pendant de longues années, il prend l’avion pour la Tunisie en mars 2011. Dans le camp de Choucha, à la frontière tuniso-libyenne, il capture ces moments d’élégance et de dignité des réfugiés, dans la détresse de l’attente interminable pour passer la frontière. Ce reportage lui vaudra d’être lauréat du prix Polka Magazine/SFR jeunes talents 2011.

Laisser un commentaire

Derniers articles publiés