OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 CIR : Bad news from the stars… http://owni.fr/2010/11/11/cir-bad-news-from-the-stars%e2%80%a6/ http://owni.fr/2010/11/11/cir-bad-news-from-the-stars%e2%80%a6/#comments Thu, 11 Nov 2010 07:30:10 +0000 Jean Michel Planche http://owni.fr/?p=35213

Il se trouve que, par le plus grand des hasards, j’étais à trente mètres de l’Assemblée Nationale, hier soir (billet publié le 21 octobre, ndlr), en compagnie de deux députés, alors que le sujet du CIR (Crédit d’impôt recherche) allait être raboté, pardon tranché.

Notre sujet du moment n’était pas celui là, mais j’ai apprécié l’opportunité qui m’était donnée d’être présent dans l’hémicycle, alors que des choses importantes se discutaient en prise directe avec l’avenir de nos sociétés et plus particulièrement, pardonnez mon égoïsme : avec « la mienne ».

L’avenir de nos sociétés ?

Diantre… Vous allez me dire que j’y vais fort.  Exagéré pour une mesure fiscale, non ?
Si l’avenir de nos sociétés est en danger, par une « même pas » disparition de la mesure, c’est peut-être que lesdites sociétés ne sont pas bien préparées et ne se développent pas sur de bons fondamentaux. (cela s’appelle dans le jargon de nos politiques « profiter de l’effet d’aubaine »)

Pour mieux comprendre, revenons à quelques idées simples, vues de ma fenêtre d’entrepreneur « de la chose numérique ». Je ne prétends pas détenir la vérité, être plus « intelligent » que toutes ces personnes qui se sont penchées sur le sujet. Je souhaite juste vous livrer la vision de quelqu’un qui subit depuis de nombreuses années « d’entreprenariat » des coups de frein venant de l’environnement économique, mais parfois aussi, avec surprise, de véritables aides. Je voudrais juste vous faire partager ma vision d’entrepreneur, légèrement concerné par le problème d’entreprendre en France ou plutôt depuis la France.

Avant de démarrer, quelques informations : je dois en être à ma troisième société « d’un peu de tenue » (et cinquième activité) créée en un peu plus de vingt ans. Cela représente quelques centaines d’emplois et beaucoup, beaucoup d’argent payé en impôts, taxes diverses, ISF, plus-values de toutes sortes. Lorsque je dis beaucoup d’argent, je parle de sommes avec sept zéros et en euro. Cela peut paraître modeste pour ceux qui côtoient fréquemment « les grands groupes »… mais à mon échelle je trouve que ce n’est pas si mal. Disant cela, je ne le regrette pas, c’est aussi une fierté d’avoir pu le faire.
Mon objectif n’est pas non plus de râler et me plaindre surtout dans le climat actuel et jeter l’hallali sur des « politiques qui n’y comprennent décidément rien ».

Mais ce n’est pas pour autant que je peux me taire, approuver la conclusion et dire merci.
Si personne ne dit jamais rien, les mêmes causes reproduiront les mêmes effets et jamais les choses ne changeront, car l’histoire bégaye. Vous le savez maintenant, depuis le temps que je l’écris

Juste pour comprendre, commençons par expliquer le CIR. Il s’agit de l’abréviation du Crédit Impôt Recherche, qui n’est pas, à proprement parlé, une mesure nouvelle. (donc ce n’est pas encore de la faute de Sarko… )
Elle date de 1983, améliorée (sic) en 2004, modifiée (sic) en 2008 et à nouveau modifiée en 2010.

Que permet cette mesure ?

Vous le lirez plus précisément sur le site du ministère des finances, mais il faut savoir que pour les petites et moyennes entreprises, du secteur que je connais le mieux (le numérique), elle permet de diminuer de sa base imposable une partie de ses efforts de recherche. Nos « startups » ont une activité généralement fortement consommatrice de ressources humaines. Donc pouvoir déduire de ses impôts (sur les bénéfices), 75% des frais des collaborateurs affectés à la recherche, est ÉVIDEMMENT TRÈS INTÉRESSANT (je passe les détails avec le reste, car pour une PME, c’est à la marge).

Le seul problème est qu’habituellement, une startup… NE FAIT PAS DE BÉNÉFICE et même génère de la perte pendant un certain nombre d’années. En ce qui nous concerne, nous avons lourdement investi (de l’ordre de 14 millions d’euros), pendant de nombreuses années, pour passer le cap de la rentabilité … un peu plus de six ans (six ans !!) après notre création.

En clair… cette mesure est intéressante mais… INUTILE pour de nombreuses sociétés de notre secteur car… elles ne pouvaient pas faire grand-chose de ce « crédit d’impôt ». On avait bien la possibilité de se le faire rembourser sous trois ans, de le mobiliser et de se le faire financer, mais tout cela était compliqué, coûteux et hors de portée de la plupart de nos PME innovantes.
Aussi, le législateur, dans sa grande sagesse a modifié la loi en 2004 et 2008. Comprenant la différence entre les grands groupes, pour qui ces mesures semblaient avoir été écrites et les PME, qui développent une activité « from scratch », le législateur a permis de se voir REMBOURSER une partie de ce crédit d’impôt. Remboursé RAPIDEMENT !

Là… cela devient évidemment beaucoup plus intéressant et FORTEMENT INCITATIF à développer de l’emploi en France et à croire en la maison France. Là cela ne devient plus seulement une mesure d’optimisation fiscale (lire orientation fiscale)… c’est véritablement un outil de pilotage à moyen terme qui donne un signal clair et net… maintenons, développons de l’emploi qualifié, à forte valeur ajoutée en France : « Messieurs les entrepreneurs, aidez-nous, vous aussi à retenir les talents, car il n’y a pas que dans la Silicon Valley ou en Chine qu’ils peuvent s’exprimer. Prenez des risques, voyez à moyen et long terme et ne pensez pas qu’à votre compte de résultat à court terme. »

Quand je dis fortement incitatif… Je dois préciser pour éviter d’avoir des commentaires nous traitant de nantis, que cette mesure ne fait que corriger en partie le problème du coût du travail en France et tente d’éviter des délocalisations catastrophiques de matière grise… et de travail in fine. En effet, dans mon secteur, on ne compte plus les sociétés qui n’ont plus de R&D en France et qui sous-traitent dans les pays de l’Est, en Inde… pour évidement payer moins cher et rester compétitif… voir tout simplement rester en vie…

Une bonne mesure

Le CIR est une bonne mesure pour les entrepreneurs qui jouent le jeu. C’est même une mesure qui permet au pays France, malgré certains handicaps rédhibitoires de retrouver une compétitivité. À la marge, cela permet de tenter d’expliquer à nos investisseurs étrangers que notre choix politique de maintenir « à tout prix » (jeu de mot) une masse salariale importante en France n’est pas qu’anti-économique. En effet, un ingénieur qualifié ici va coûter de l’ordre de quatre à huit fois plus cher qu’ailleurs, à structure d’encadrement identique. En fait indépendemant du coût, la véritable raison est que nous avons ici des gens d’un talent incroyable, qui travaillent beaucoup mieux lorsqu’ils sont à proximité physique de la maison mère et non « déportés »/isolés dans je ne sais quel paradis avec plus ou moins de soleil.

Mais très concrètement, le CIR et le fait d’avoir un REMBOURSEMENT direct, de la part de l’État est une mesure qui outre le fait d’améliorer significativement votre résultat comptable (en ce qui nous concerne, nous passons d’un REX (résultat opérationnel) de 3% à un résultat net comptable de 13% grâce au CIR… améliore de façon très significative votre trésorerie. Je suppose que chacun le sait, la trésorerie est le nerf de la guerre pour (la plupart) les entreprises. En effet, l’un des problèmes des startups est leur BFR (Besoin en Fonds de Roulement). Nos sociétés sont caractérisées par de lourds investissements, une croissance non naturelle du chiffre d’affaires (à deux chiffres, voire trois) et donc… des tensions de trésorerie normales, que nous tendons à compenser par :

  • Un haut de bilan suffisamment musclé… et donc une exposition au risque et à la dilution qui peuvent prendre des proportions inquiétantes pour les entrepreneurs. Quand bien même, les arbres ne montent pas jusqu’au ciel et il n’y a guère qu’aux États-Unis ou en Asie où l’on peut voir des investisseurs qui investissent VRAIMENT dans les entreprises pour les doper… parfois un peu trop d’ailleurs.
  • Un bas de bilan fort… et ici, les principaux acteurs sont… les banques. Les banques doivent alors remettre de l’argent dans le dispositif et je vais peut-être vous apprendre quelque chose, mais ce n’est pas tout à fait naturel (lire facile) pour elles (ça ne l’a jamais été), surtout dans le contexte actuel. Qui plus est pour un public de « startups », dont le profil de risque n’est pas forcément le plus rentable à court terme pour elles. C’est d’ailleurs pour cela que d’autres mesures existent, grâce au concours d’OSEO et du Grand Emprunt… Je ne m’attarde pas, mais MERCI aussi pour cela, car c’est véritablement utile. Espérons que les Cassandre ne crieront pas trop vite au scandale.

Une mesure « rabotée »

La fête est finie, comme semblent le penser certains que j’ai pu entendre à l’Assemblée hier. Face au serrage de ceinture généralisé, face aux abus supposés ou vérifiés, des grands, des petits, des moyens… il a été décidé le rabotage et des modifications de règle du jeu qui ne me semblent pas de la meilleure intelligence et ceci malgré :

Je vous laisse tout découvrir, je ne vais rien commenter, mon billet est déjà trop long. Inutile de renchérir sur l’intérêt économique avéré du CIR, ni pourquoi nous sommes arrivés à une situation où le gouvernement dans son ensemble va à l’encontre de son intime conviction et demande même à un député de retirer ses amendements qui le défend. Député qui l’accepte pour sans doute éviter la honte de voir la majorité unie à l’opposition voter contre une mesure qu’il sent bien comme utile à défaut d’être indispensable.

Je mentionnerais juste la classe et le talent de Madame Lagarde, d’expliquer en séance qu’elle n’aimait pas ce projet (du raboteur, pardon, rapporteur : Monsieur Carrez), mais qu’elle voterait quand même pour.

Est-ce grave ?

Oui… et non, bien sûr. Bien sûr que l’on s’en remettra. Bien sûr que cela ne fait pas plaisir, mais dans le contexte d’austérité, on peut comprendre. On comprend moins quand on voit ce que le gouvernement va dépenser en foutaise… et on peut s’énerver quelque part…

Dans notre cas ce n’est pas FONDAMENTAL, nous n’allons pas mourir. Mais rapidement évaluée, l’incidence sera de quelques emplois (quatre à cinq) que nous ne créerons pas. À l’échelle de toutes les sociétés du numérique, je ne dirais pas du tout la même chose. Tous ces emplois, tout ce potentiel « rentré », cela risque de faire beaucoup d’emplois conditionnés. Conditionnés à une meilleure visibilité, conditionnés à la crainte de voir revenir le rabot et de supprimer progressivement cette mesure.

Ou plutôt de la voir sournoisement transformée au bénéfice de « l’industrie »… qui semble particulièrement bien traitée. Et oui… le rapporteur a eu le bon goût de nous faire passer la pilule en disant que la baisse de 75% à 50% des charges « humaines » de recherche allait largement être compensées par la prise en compte de 75% de l’outil industriel, nécessaire à ces mêmes travaux de recherche. Je vois bien ce dont il parle pour un groupe comme Renault, Sanofi… beaucoup moins bien déjà pour le secteur du numérique qui m’intéresse et dont je fais partie. Heureusement dans notre cas, nous avons besoin de beaucoup de matériel… mais c’est toujours sans commune mesure avec les charges salariales… qui est quand même ce qu’il faut favoriser, sauf erreur de ma part.

Les aigris peuvent être heureux

Ils ont gagné.
À trop expliquer que le CIR était une aberration car pour l’essentiel capté par les grands groupes, tout le monde à trinqué. Je ne parle même pas des irresponsables (je pèse mes mots) qui ont parlé « d’escroquerie aux fonds publics ».  Ne les oublions pas… surtout lorsque ces mêmes personnes viendront dans nos entreprises chercher des débouchés et du travail. Et même à 200% de subvention le jeune doctorant… la pilule a du mal à passer !

J’ai le sentiment désagréable d’être le dindon d’une farce que je n’aime pas. Aurais-je dû tricher, comme les autres, pour en « profiter » au maximum ?

Mais bon sang ! De quoi parle-t-on : de la création d’emplois hautement stratégiques et de la réussite de nombreuses sociétés en France ! Pas de se mettre de l’argent dans la poche et de gonfler artificiellement nos résultats.

Que le système ait été dévoyé par certains, je peux le comprendre, à défaut de l’admettre. De là à tout ramener à « la recherche » et à l’industrie, il y a un monde. Le mot « recherche » sonnait mal hier soir dans l’hémicycle. J’imaginais des gars en blouse blanche, travaillant autour de cyclotrons, focalisés sur la création de valeur et le leadership de la France au niveau international avant 62 ans… Je plaisante pour tenter de retrouver le sourire, car les chercheurs et surtout les physiciens … je les aime.
Le véritable sujet qui aurait dû nous animer tous est celui de CRÉER et MAINTENIR des COMPÉTENCES et des EMPLOIS hautement qualifiés en France qui sinon seront aspirés par… les sociétés nord-américaines bien connues. Sociétés qui déjà ont bien branché leurs tuyaux sur nos centres et nos écoles…

Pourquoi toujours travailler par incrément, mesurette sur mesurette et en finir pas tellement distordre la réalité que l’on se demande si nos députés ont une véritable vision de ce qu’il se passe sur le terrain ?

Très mauvais signal

Je l’ai dit… la clé est la CONFIANCE… et la confiance est fortement émoussée. On l’a dit, les entreprises ont besoin d’un cadre législatif, fiscal suffisamment stable pour pouvoir s’inscrire dans la durée. Nous savons nous adapter, bien sûr… mais les choses sont assez difficiles pour ne pas en rajouter. Qu’il faille faire des économies, j’en conviens… Mais la redistribution des cartes du tertiaire au profit du secondaire est un leurre et une fausse bonne idée, sur laquelle nous reviendrons, j’en suis certain. Encore des occasions manquées, encore des difficultés pour les entrepreneurs français et encore un frein à une croissance qu’il nous faut absolument conquérir, coûte que coûte.

C’est ensuite une erreur de communication, qui vient juste alors que le statut des Jeunes Entreprises Innovantes vient lui aussi d’être raboté.

Messieurs les politiques, vous ne pouvez pas ignorer d’où vient le dynamisme de notre pays. Laure de la Raudière, dans son intervention a rappelé le poids et le rôle du « numérique ». Ne cassez pas une dynamique qui tente de refonctionner après avoir été en crise grave et profonde tous les quatre ans depuis vingt ans !

Le numérique (avec l’artisanat) est l’endroit où il peut s’exprimer le plus de talents, où la croissance peut être la plus rapide car… les barrières à l’entrée sont les plus faibles. Le talent, l’intuition, un bon réseau de relation peuvent suffire parfois à faire des Google, des Amazon… mais aussi des Oléane par le passé, des Free, des Meetic, des vente-privee.com… etc.

Je l’ai dit, on ne peut pas jouer les uns contre les autres. Le sujet n’est pas de vouloir « punir » les grands groupes qui auraient abusé, le secteur des banques et de l’assurance qui auraient capté une part « indue » du dispositif, comme je l’ai entendu. Le sujet est d’avoir une dynamique POSITIVE et de faire travailler le pays ensemble, en développant un savoir faire national, une envie de réussite commune. Je peux rêver, mais ON A TOUT DANS NOTRE PAYS… sauf la volonté de travailler ENSEMBLE pour réussir, qui est la seule clé pour faire quelque chose de grand.

Arrêtons de tout casser, parce que les soutiers dans la cale ont mal aux mains à force de ramer à contre-courant.

Mise à jour :

  • tout d’abord, toute cette affaire permet de mettre à jour la définition du verbe raboter, qui revient sur le devant de la scène : c’est ici
  • ensuite, il n’y a pas que moi qui la trouve fort de café… notre secteur commence à se mobiliser, mais malheureusement trop tard. Il y a quelques semaines, je sentais que cela ne sentait pas bon… intuitivement (n’est-ce pas Laure ?). Mais impossible de faire grand-chose, la messe était déjà dite.
  • et puis surtout… la vidéo, rien que pour vous, des « évènements ». Visionnez et en dix minutes, je pense que vous aurez tout compris, si vous n’avez pas eu le temps de me lire.

Billet initialement publié sur Never give up !

Le Petit Poulailler bitzcelt et stevendepolo

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L’Internet le plus bête du monde? http://owni.fr/2010/10/13/l%e2%80%99internet-le-plus-bete-du-monde/ http://owni.fr/2010/10/13/l%e2%80%99internet-le-plus-bete-du-monde/#comments Wed, 13 Oct 2010 13:57:05 +0000 Jean Michel Planche http://owni.fr/?p=31498 Le ministère de la Culture a réagi, comme il l’avait promis. Nous avons donc un décret n° 2010-1202 du 12 octobre 2010 modifiant l’article R. 331-37 du code de la propriété intellectuelle, paru ce jour au Journal Officiel et qui modifie l’article R331-37 du code de la propriété intellectuelle ainsi : « les opérateurs sont tenus d’adresser par voie électronique à l’abonné chacune des recommandations mentionnées respectivement au premier et au deuxième alinéa de l’article L. 331-25, dans un délai de vingt-quatre heures suivant sa transmission par la commission de protection des droits ». Et comme certaines Cassandre se « plaignaient », en rigolant sous cape, qu’il n’y avait pas de volet sanction, cette fois-ci, cela n’a pas été oublié. Selon Numerama : « Le non-respect de cette obligation est sanctionné d’une amende de 1500 euros, comme le défaut d’identification d’un abonné à partir de son adresse IP. »

Inutile de vous dire que ce matin, j’ai mal au cœur et pas envie de rire du tout. Au risque de me mettre tout le monde à dos, je vais vous expliquer pourquoi :

> Le ministère de la culture (sans majuscule) vient de nouveau de rater son examen d’entrée dans le monde numérique, l’Internet humain (et non « civilisé »). Il aurait pu prendre cet exemple pour tenter de nouer (je n’ai pas dit renouer) un véritable dialogue entre les acteurs, mais non. On est dans l’OPPOSITION systématique, dans la frappe atomique, dans les décrets pris à la hâte pour parfaire une œuvre, anéfé, bâclée. Ceci dit, rien ne m’étonne plus, depuis 1996, date où déjà ce ministère commençait à faire ch*… en s’attaquant à un brillant étudiant de l’époque : Nicolas Pioch, qui lui avait compris, avant les grands pontes qu’il n’était pas normal que le Louvre ne dispose pas d’un rayonnement web-esque. Ici, comme je le disais lorsque je suivais les débats à l’Assemblée nationale concernant la Hadopi et le reste : « j’ai mal aux institutions ». Disant cela, je n’ai pas une pensée anti-régalienne, bien au contraire. Il suffit juste de se rappeler l’objectif : « Elles visent à maintenir la paix, l’ordre public, la sécurité des territoires pour permettre aux individus d’exercer leurs libertés. »

> Les cassandres techno-light, fan d’Ernesto, anti « ordre établi », mais incapables de proposer quelque chose et pour le moins de réaliser quelque chose. À trop se gargariser en expliquant que la Hadopi, ce sont des nuls, qu’en plus personne n’est forcé de faire quelque chose, parce que des sanctions ne sont pas prévues et patati… et bien voilà. Eux aussi sont dans l’opposition qui ne construit rien, qui ne donne envie de rien… si ce n’est de partir, bien loin et de laisser tout ce beau monde s’expliquer, détruire de la valeur au lieu d’en créer et encore et toujours rater les trains. Encore une occasion manquée, eux aussi. Balle au centre.
Il est à noter que ce sont les mêmes aussi qui vont nous foutre la m* dans les discussions Hadopi en prônant le VPN à tout va… sans bien comprendre, ni les conséquences, ni les parades stupides dans les mains du législateurs, qui pourraient nous ramener quinze ans en arrière, lorsque nous étions dans la même catégorie, vis-à-vis du chiffrement que l’Irak, la Chine ou l’Iran.

>Les FAI… Free y compris. (NDLR : dont la plupart, pour ainsi dire tous sont mes clients, sauf Free et dont je demande une lecture attentive de ce billet).
Non, mais c’est quoi cette histoire ? Comme je l’ai dit, il y avait le moyen d’essayer de forcer le gouvernement, les anti-Hadopi d’enfin CONSTRUIRE ENSEMBLE. Et ce n’est pas l’histoire des Labs de la Hadopi qui le permettront. C’est mon avis et celui de nombreuses personnes avec qui j’en ai discuté. (et le pourquoi je ne participerai pas à cette histoire, tant que nous n’aurons pas l’ENVIE de TOUS de TRAVAILLER ENSEMBLE à CONSTRUIRE quelque chose d’un peu ambitieux au service du plus grand nombre)
Vous êtes les juges de paix, quelque part, les gardiens du temple et pas simplement les exécuteurs des basses œuvres. Comme le disait l’autre, « un grand pouvoir entraîne de grandes responsabilités ».
Vous aussi, vous pouviez faire comme Free. Mais peut-être en plus intelligent pour éviter de voir qu’en final, tout cela n’est qu’une histoire de gros sous et que nous ne valons pas beaucoup plus que 0,65 euros par tête de pIPe.
Ils sont où les pilotes dans l’avion qui décident et frappent du poing sur la table en refusant un modèle dicté par d’autres ? Ils sont où vos lobbys ? Par rapport à ceux de la musique, excusez-moi, mais ils ne font pas le poids. Qui dans votre écosystème a l’efficacité des SPRD pour les « ayants droits » ?
Quant allez-vous prendre des mesures ENSEMBLE pour faire poids et SENS dans un paysage où malgré votre rôle essentiel, vous n’êtes traité que comme des fétus de paille dans un océan enragé, dont d’autres soufflent le sens du vent ?

Acteurs de l'Internet français discutant de piratage.

À défaut d’avoir la droite (ou la gauche) la plus bête du monde, allons-nous avoir :

« l’Internet le plus bête du monde ? »

Et pourtant …

Nous sommes l’un des pays les plus et les mieux connectés… mais comprenons : connecté à l’Internet et aux usages multi-play. Nous ne sommes pas l’un ou l’autre, nous sommes à la fois adeptes des réseaux managés (téléphonie, télévision) ET de l’Internet.
Ceci nous donne une chance unique. Un marché important et viable. Une avance réelle et sérieuse. Mieux, cela fait même de nous l’un des pays leaders… et oui. Je suis désolé si cela en fait rire certains.
Voyageant beaucoup, je peux vous dire que lorsque je parle de triple-play, d’usages avancés, de qualité… partout dans le monde, il y a une écoute et un véritable respect. Si la technologie de ma société est vendue dans plus de trente pays dans le monde et présente chez plus de quarante opérateurs… parmi les plus importants dans le monde, c’est aussi parce qu’elle vient de France, d’un pays qui a des valeurs, qui sait raisonner et trouver des solutions pragmatiques alors que d’autres s’enlisent dans leur passé et leur complexité.

Allons-nous continuer de montrer au monde que les seules réalisations « internationales » qui filtrent sont des députés cachés derrière des rideaux, des footballeurs ridicules et des décrets d’application, dont on dira bientôt le décret « Free » (bravo pour la publicité) qui ne font que démontrer la peur, la précipitation, l’impréparation et la vacuité de toutes ces lois en « i » ?

Ne pouvons-nous pas montrer un visage apaisé, serein, sérieux … et en même temps ambitieux ? Il y va du rayonnement de tout notre économie (merci de penser un peu à nous !) et in fine… de notre pays. Un peu de décence Messieurs et de sérieux, s’il vous plait !

Alors, on fait quoi ?

Je ne veux surtout pas tomber dans le travers du donneur de leçon. Même si la critique peut sembler facile, elle ne l’est pas tant que cela pour moi, surtout ici. J’espère donc que ce billet sera bien compris et permettra d’aider à infléchir (restons modeste, MAIS positif) la tendance dangereuse que nous prenons depuis un moment.

Essayons déjà de commencer par quelque chose qui va FORCER les puissances en présence de se PARLER et de travailler ENSEMBLE.

Comment ? Et bien, Messieurs les FAI mettez les serveurs SMTP dont la Hadopi veut se servir sur des plages d’adresses IP que vous donnez à vos clients. Pas plus, pas moins.
Vos obligations de moyens seront respectées et vu le résultat, la Hadopi et surtout le Ministère de la Culture et ses conseillers seront forcés de revenir vous voir, dans un mode plus constructif. Du moins je l’espère.

Billet initialement publié sur Never give up !

Image CC Flickr y Cayusa et e_monk

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http://owni.fr/2010/10/13/l%e2%80%99internet-le-plus-bete-du-monde/feed/ 5
Il n’y a pas un mais DES Internets … http://owni.fr/2010/04/14/il-n%e2%80%99y-a-pas-un-mais-des-internets-%e2%80%a6/ http://owni.fr/2010/04/14/il-n%e2%80%99y-a-pas-un-mais-des-internets-%e2%80%a6/#comments Wed, 14 Apr 2010 08:20:35 +0000 Jean Michel Planche http://owni.fr/?p=12277 Le concept de neutralité du Net fait débat en ce moment. Explications pédagogiques de cet enjeu fondamental, qui vise à ce “que personne ne puisse s’accaparer notre capacité d’échange, de communication et de création, en un mot d’exister sur ces futurs territoires numériques”.


… MAIS … ce n’est pas une raison pour laquelle il faut faire n’importe quoi et ne pas alerter lorsqu’il y va d’un sujet aussi stratégique que le réseau de communication qui sous-tend la plupart de nos usages numériques d’aujourd’hui et de demain, mais aussi, des choses plus importantes encore que tous ceux qui discutent autour de la neutralité «du net» semblent ne pas voir ou feindre d’ignorer : notre vie numérique tout entière, pas seulement le droit de consommer, mais celui :

> d’exister, sans avoir à en demander l’autorisation par quelques grands orchestrateurs et dont l’épicentre ne sera pas toujours celui de notre citoyenneté
> de contrôler l’usage et les contenus dont on veut nous gaver jusqu’à en étouffer.
> de maîtriser, jusqu’à la création, sans devoir, là aussi demander la permission à quelques grands orchestrateurs, pour accéder à nos propres données et implorer qu’il n’en soit pas fait n’importe quoi.

Vous me savez attaché à ce concept de neutralité, dont je vous ai souvent (trop ?) parlé. Pour mémoire, il y a même un site sur le sujet, où tout ( ? ) est dit.
Mais quand j’ai vu la frénésie de tables rondes, de commissions, de discussions, d’interview sur le sujet, fidèle à ma ligne directrice, j’ai fais l’inverse : je suis rentré dans ma coquille, en réaction, en résistance même …

Pourquoi ?

Et bien tout simplement parce que s’il y a débat, c’est que certains le veulent et que je ne suis pas certain qu’il en ressorte du mieux. Je suis même assez certain du contraire, sinon, pourquoi en parler, pour défendre un concept qui ne fonctionne «pas si mal» ?

Pourquoi maintenant, alors que cela fait 20 ans que l’on travaille aux meilleures interconnexions possibles et que l’on explique la nature particulière de l’Internet ?
A partir du moment où on associe tous les miasmes et où l’on ouvre la boite de pandore, il était normal qu’ils sortent et que l’on passe du traditionnel «c’est la faute au net» à «j’ai ma solution, qui consiste à interdire ce qui ne sera pas explicitement autorisé et qui me gêne.»

Bref, je ne voulais pas participer à ce simulacre de défense du bien public, qui ne manqueraient pas de nous enfermer, tôt ou tard, dans des compromis mal négociés et où l’Internet ouvert, neutre que nous appelons de nos voeux ne serait qu’une vague vision naïve (comme ils disent) de quelques illuminés, souvent barbus.

Par ailleurs, sur ce sujet et bien d’autres, je pensais que je m’étais déjà largement exprimé et qu’en plus TOUT A ETE DIT. Il suffit de se baisser pour lire ou entendre des choses intelligentes, sans forcement que j’ai quelques chose de plus à rajouter:

> iciici,
> ici,
> ici ou la
> ou pire : iciiciici et là ici.

Mais, la chaire est faible …

… et coup sur coup, j’ai dis oui à deux initiatives :

> la première : demain, un jour prochain (l’enregistrement de mardi vient d’être reporté) où j’accompagnerais l’excellent Fabrice Epelboin sur le plateau de Techtoc.tv, avec le Ministre de la Défense : Hervé Morin.
> la deuxième, où je suis invité par «la direction générale de la compétitivité de l’industrie et des services», service STIC / SDRU à une audition, vendredi prochain (16/4/2010). Initiative qui semble liée à la consultation publique, lancée par le « secrétariat d’état chargé de la prospective et du développement de l’économie numérique ».

En fait, plus que tout, je suis assez sidéré de voir le brouet que chacun fait de cette histoire de neutralité, à l’aune de ses propres intérêts et de sa compréhension supposée ou réelle du problème. Je prends le risque ici, de me fâcher avec tout le monde en essayant de mettre les pieds dans le plat pour que l’on évite, une fois de plus de passer à coté d’une formidable opportunité.

Tout d’abord les faits, qu’ils plaisent ou non :

IL N’Y A PAS UN INTERNET, MAIS DES INTERNET

Disant cela, je ne dis pas qu’il faut cloisonner et que j’accepte que certains soient plus « égaux » que d’autre ou que tout le monde ne puisse pas communiquer avec tout le monde. Je ne fais que redire ce que je disais il y a 15 ans, lorsque je dirigeais Oléane. L’Internet d’Oléane (pour les entreprises) n’était pas le même que celui de Transpac, ni que celui des fournisseurs d’accès «grand public» (que nous alimentions pour l’essentiel, entre Transpac et nous), ni même que celui de Renater.

Chacun avait sa propre philosophie, ses propres moyens, sa propre « saveur » et … son propre tarif. Fabriquer un Internet «qui marche» pour une entreprise, dans des ratios symétriques, avec une contention limitée, une certaine sur-capacité et un personnel 24h/24 n’est pas de la même nature que vendre un service triple play à des particuliers pour 30 € / mois. Non, Opentransit et Free par exemple ne font pas le même métier MAIS … cela ne veut pas dire qu’il y en a un qui fait mal son travail.

Disant cela, je ne voudrais pas que certains croient que je vis dans l’illusion d’un passé révolu. J’ai suivi le sujet de près et demeure proche de nombreux opérateurs ET d’utilisateurs pour avoir la faiblesse de penser ce que je dis.

Je me dois d’ailleurs de rappeler qu’au début de l’Internet … il fallait montrer patte blanche pour s’interconnecter avec les autres … de la NSFNet jusqu’à Renater compris. Le monde de la recherche n’avait alors pas vraiment besoin du monde «commercial» et nous le faisait savoir de belle manière. A ma connaissance, Oléane a été le premier «privé, en France» à obtenir une interconnexion complète avec la NSFNet en 1992 ….

IL N’EN DEMEURE PAS MOINS QU’IL Y A CERTAINES RÈGLES À RESPECTER

Il y va du fameux « vivre ensemble », comme je l’entends beaucoup en ce moment. Je pense bien sûr à des règles écrites … les fameuses RFC qui permettent une réelle interopérabilité technique entre les différents fournisseurs. On a aussi les normes, les standards … et même certains puissants (Apple, Microsoft …) s’y plient : quand le marché l’exige, ne l’oublions jamais.

Mais ceci s’appelle des obligations de moyens.

Il y a aussi et c’est là que je vais aussi diverger avec beaucoup, des obligations de résultats. Lorsque l’on prétend vendre de l’Internet, il me semble nécessaire d’avoir :

> une certaine idée de la performance et de la qualité … vous savez que c’est mon cheval de bataille depuis 10 ans, je ne vais certainement pas l’oublier. Il est trop facile de dire Fibre, 100 Mbps et de ne délivrer qu’un goulet d’étranglement à un pseudo Internet. De l’Internet qui fonctionne bien, cela coûte cher, en investissement, en temps, en compétences et en efforts quotidiens.
> une idée certaine de l’interopérabilité. Sommes-nous certain d’être toujours joignables ? par tous les réseaux, à toute heure ? … la réponse est bien sûr non ou plutôt, nous pensons que parce qu’il s’agit d’Internet (pronom indéfini et neutre, pour le coup), on est «sur Internet», donc on fait partie du bidule. Et bien NON ! La qualité dépend d’énormément de facteurs et en particulier de comment vous êtes connectés, comment les gens qui souhaitent vous contacter sont connectés et … de ce qui se passe au milieu n’est pas neutre non plus !!
- Lorsque j’envoie un courrier électronique, j’ai envie qu’il arrive tout de suite, pour tous les utilisateurs et pas que l’on m’explique quelques heures après que mon adresse était filtrée pour mon bien !
- Lorsque j’héberge ma vie numérique chez moi, j’ai envie de pouvoir y accéder de partout et pas simplement … de chez moi.

IL NE FAUT PAS CONFONDRE GESTION DE FLUX DANS LES RÉSEAUX ET GESTION DE FLUX DANS L’INTERNET

J’ai entendu et lu beaucoup de choses sur le sujet et l’amalgame est dommageable.

NDLR: Ne voulant pas, moi aussi participer à cette embrouillamini, je ne décrirais pas l’alternative que TOUS les services soient délivrés par Internet … Cela sera pour un autre billet et je pense qu’il nous faut encore une étape pour y arriver … l’étape de comprendre enfin qu’il est dans l’intérêt de TOUS d’avoir un Internet « qui fonctionne ».

Certains pays mettent en place une séparation nette entre l’infrastructure (là ou les fibres qui entrent chez vous) et les services / contenus / usages qui «s’expriment» dessus. Ainsi, il serait théoriquement possible :

> d’avoir plusieurs FAI (Fournisseurs d’Accès à Internet) sur un même support,
> d’avoir plusieurs services de téléphonie,
> et surtout … d’avoir plusieurs services audio-visuels, sans devoir acheter la logique d’intégration verticale essayée par beaucoup et qui impose un empilement de «box» et de télécommandes à la maison.

Il devient, alors, plus facile de saisir les particularités des différents métiers :

> Le métier d’opérateur Internet, le vrai, devrait d’être électriquement neutre et dans certains cas précis (problèmes de sécurité qu’il faut convenablement définir) se mettre en situation de type «best effort» où l’on fait de son mieux pour qu’un paquet qui rentre sur son réseau en ressorte LE PLUS VITE POSSIBLE.

On ne règle pas par le réseau des choses qui doivent se gérer ailleurs … par les applications et l’intelligence qui est laissée aux utilisateurs de s’organiser.

Le métier d’un opérateur d’infrastructure est différent et il peut, lui, être amené à régler des problèmes de gestion de flux, de la meilleure façon possible. Depuis la nuit des temps, on fait de la gestion de classe de service … pour les entreprises … et même pour les particuliers OUI … AUJOURD’HUI … chez vous. Les différents flux qui sortent de la box de votre opérateur sont déjà «gérés». Vous avez l’Internet, la voix et la vidéo. C’est à l’opérateur de se débrouiller pour que l’un ne gène pas trop l’autre. Dire cela ne veut pas dire tripatouiller l’Internet.

Quand au métier de FAI (celui qui vend la connexité Internet à Madame Michu), c’est un bon moment pour essayer de définir ce qu’il devrait être. Peut être qu’il serait temps si ce n’est de parler de CHARTES, au moins de définir :

> un commun dénominateur inaltérable,
> d’imposer que l’on nous explique ce qui n’est pas vendu et que le FAI dise par avance les « entorses » qu’il se réserve le droit de faire. Ensuite … au marché de dire s’il accepte ou non. Certains voudront payer plus cher pour avoir un service qu’ils jugeront meilleur. Pourquoi ne pas les laisser faire ? Cela veut-il dire Internet a plusieurs vitesses ? Oui. Et alors … Je préfère un Internet à plusieurs vitesses à un Internet Canada Dry, qui aurait la couleur d’Internet, l’odeur d’Internet mais … qui n’en serait pas.

Alors pourquoi ce sujet, aujourd’hui ?

Parce que tout se mélange et s’emmêle : intérêts privés, volontés altruistes. Véritables problèmes et fausses solutions.

On est face à un plat de spaghetti de plus en plus inextricable. On mélange allègrement des problématiques d’infrastructure (globale / desserte (et non collecte) / d’infrastructures Internet, de Services Internet (DNS, SMTP …), d’applications classiques, de cathédrales verticales (Google, Facebook  …), de  contenus (Internet / pas Internet, légaux / pas légaux …) … sans s’apercevoir que l’on traite des choses différentes, avec des logiques et des modèles économiques différents. A trop vouloir voir si l’herbe est plus verte dans le champ d’à côté, on en oublie de s’occuper du sien et il est alors trop tard.

Et qui plus est, on confond l’Internet et le Web, ce qui n’est pas nouveau, mais qui continue d’être stupide, pour ne pas dire plus.

Mais on commence quand même par se rendre compte que le sous-jacent de tous nos échanges va s’appeler Internet, dans quelques années … nous l’avions rêvé, nous l’avons fait. Aussi, cela nous donne encore plus de devoir pour veiller à conserver un Internet en bon état de fonctionnement POUR TOUS … pas seulement au service de la distribution du contenu de quelques uns MAIS SURTOUT de la libre innovation et capacité de créer par chacun.

C’est cela pour moi l’enjeu de la neutralité de l’Internet … que personne ne puisse s’accaparer notre capacité d’échange, de communication et de création en un mot d’EXISTER sur ces futurs territoires numériques.

En regardant ce qu’il se passe de l’autre coté de l’Atlantique, on s’apperçoit que certains ont déjà parfaitement compris ce problème … alors, pourquoi pas nous ?

Ne serait-il pas temps d’avancer un peu plus vite pour nous aussi participer pleinement au potentiel du numérique et ne pas laisser un boulevard aux autres ?

Crédit photo : plumetrobon,

> Article initialement publié sur jmp.net

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http://owni.fr/2010/04/14/il-n%e2%80%99y-a-pas-un-mais-des-internets-%e2%80%a6/feed/ 1
Ma position sur la Loppsi http://owni.fr/2010/02/22/ma-position-sur-la-loppsi/ http://owni.fr/2010/02/22/ma-position-sur-la-loppsi/#comments Mon, 22 Feb 2010 17:22:41 +0000 Jean Michel Planche http://owni.fr/?p=8801 205710716_81bf87ca5f_o

J’avais même indiqué tout cela lors d’une réunion entre professionnels de la profession en SEPTEMBRE 2008. Réunion où étaient présents beaucoup de beau monde. Mais rien n’y a fait et nous sommes maintenant « middle of the road », qui comme chacun le sait « is the most dangerous path ». Et pas seulement pour les hérissons et les ministres de la culture (anciens ou présents).

Pourquoi la Loppsi me dérange, en l’état :

1. Si je ne remets pas en question la lutte contre les pédophiles, je n’accepte pas la diabolisation d’Internet et la méthode utilisée pour justifier le besoin de l’article 6 de la Loppsi 2,

2. Le sujet est suffisamment d’importance pour s’en occuper sérieusement. La mesure proposée donne la fausse impression que la « pédophilie » est sous « contrôle », alors qu’il n’en est absolument rien. Nos enfants ne seront absolument pas mieux protégés après, qu’avant. Tant que l’on ne s’intéresse pas véritablement aux deux extrémités essentielles de la chaîne : les pédophiles et nos enfants, nous ne faisons pas grand chose,

3. Ce filtrage « télécommandé » va créer des points de faiblesse qui vont fragiliser les réseaux des opérateurs. Le risque de devenir plus sensibles à des cyber-attaques est certain et la paralysie des infrastructures entières du pays sera facilitée,

4. L’Internet sera le premier réseau de flux (les routes, l’électricité, le gaz, la poste …) dont l’architecture et l’usage sera sous le contrôle d’un Ministère de l’Intérieur. Que penser alors, lorsque l’Internet deviendra le réseau fédérateur de la plupart de nos échanges, services et usages électroniques ?

5. L’évolution d’Internet et son modèle économique seront laissés au bon vouloir de quelques équipementiers qui auront réussi à imposer leur matériel de filtrage. L’innovation sera bridée et sous le contrôle de quelques uns,

6. Imposer le filtrage aux Fournisseurs d’accès Internet et uniquement à eux est déjà imposer la méthode. Ne pas associer d’autres acteurs de la filière du numérique est une erreur car ce sujet ne concerne pas seulement les opérateurs. Il y a fort à parier que le filtrage se fera par un système qui forcera l’analyse de tous nos échanges, systématiquement, pour accepter ou non l’établissement d’une session. Outre le fait que ce système aura ses propres défaillances et pourra constituer une back door fantastique pour d’autres puissances étrangères, il sera perméable à la volonté politique du moment, que j’espère toujours bonne et éclairée !

7. Nous n’avons pas modifié la structure d’autres réseaux de flux parce que des pédophiles pouvaient utiliser leurs services, nous allons modifier la structure et l’architecture d’Internet. La tendance a la centralisation fera créer des réseaux non adhérents en région, qui ne créeront aucune valeur ajoutée localement. Le transport aérien est un exemple de réseau non adhérent, qui ne créé aucune valeur sur son passage. Au contraire, le bus est un réseau adhérent. Il est possible de sortir à n’importe quelle arrêt pour créer de la valeur localement. L’infrastructure est un élément essentiel de l’attractivité de nos territoires.

8. Empiler les lois en « i » créé un étrange sentiment de vouloir tout sécuriser, aseptiser et contrôler, pour notre plus grand bien, mais sans véritablement nous associer à la démarche et en n’étudiant pas suffisamment les conséquences et les effets collatéraux. Trop de lois tuent les lois. Le risque d’un rejet massif de la nécessité de réforme, à cause d’une forme inadaptée est loin d’être nul.

Et alors, on fait quoi ?

Et bien déjà on en parle … et en particulier j’attends avec impatience le contact des instigateurs du sujet.

Je n’ai pas la science infuse sur tout, mais en l’espèce :

1. je ne crois pas que le filtrage des infrastructures de télécommunications soit LE sujet et LA solution
2. je ne crois pas que le logiciel Hadopi + contrôle parental sur le poste de l’utilisateur final, soit LA solution

Je l’ai déjà dis, à maintes reprises, il manque un élément ESSENTIEL au dispositif.

L’Internet nous a été amené trop rapidement et trop précipitamment à la maison. Je le dis d’autant plus que je ne suis pas responsable de ce sujet, étant plus focalisé sur l’Internet entreprise, dans le passé. Nous avons laissé ce marché à d’autres. Quand nous avons connecté les entreprises, il y avait des conditions préalables, il y avait du transfert de connaissance à faire et des gens censés être compétents derrière. Bref, cela ne se faisait pas aussi simplement que de brancher une arrivée de gaz sur un four.

Ce qui est vrai pour le gaz, pour l’électricité, pour l’eau n’est pas vrai pour l’Internet où en quelques jours, vous pouvez voir arriver cette « facilité » chez vous, sans pour autant être formé, conscient des usages et des dangers et sans avoir de quelconques disjoncteurs général et différentiels.

Il manque à la maison ces disjoncteurs, des disjoncteurs Internet, calibrés non pas en Ampère, mais en « profil de risque ».

Pour ce qui est de l’électricité, il y a des normes, il y a des installateurs agréés qui ne font pas n’importe quoi … mais je peux aussi m’électrocuter et risquer ma vie. Pour autant, des réseaux aussi dangereux et utiles pour notre vie, comme l’électricité et le gaz sont entrés dans nos habitations, sans l’aide du Ministère de l’Intérieur !

Et bien c’est pareil avec Internet. Il manque des installateurs agréés. Il manque des disjoncteurs, EVIDEMMENT SOUS LE CONTROLE DE L’USAGER. Un installateur agréé peut venir faire une installation électronique conforme aux dernières recommandations en vigueur, mais ensuite, si je veux passer mes disjoncteurs de 300 mA à 30 mA … c’est mon problème et ma responsabilité et je le revendique !

Et c’est exactement ce que je dis avec Internet.

Je veux pouvoir filtrer ce que je ne veux pas, mais je veux pouvoir supprimer tout ou partie de ces filtres s’ils ne sont pas conformes (ou s’ils le deviennent) à ma sensibilité, à mon histoire, à mes ambitions. Ce faisant, je cours le risque que la loi s’applique car je serais sur le territoire Français … et tant mieux. Il n’y a aucun problème à cela et il ne faut pas en faire plus que ce que le bon sens peut régler.

Et enfin, si on veut vraiment que ce genre de système existe, il faut donc s’intéresser à la citadelle, au bastion que constitue la « BOX » des opérateurs. Je le répète, proposer ces BOX a été une bonne chose à court terme et à bien servi les intérêts économiques d’un opérateur, mais à moyen terme, cela freine l’innovation aussi sûrement que ce qui s’est passé dans la téléphonie mobile. Faut il attendre un nouvel Apple pour faire voler en éclat cette appropriation de la création de valeur dans notre maison ?

On me rétorquera que la box fait partie du réseau des opérateurs et constitue un élément de fragilité certain qui doit continuer d’être sous le contrôle des opérateurs, seuls aptes à en assurer la sécurité (ou plutôt celle de leur réseau). Cet argument est à la fois vrai et faux.

Souvenez vous, il y a quelques années, nous allions acheter notre point d’accès Wifi à la Fnac, chez Fry’s ou Pixmania. Cela ne fonctionnait pas si mal. Mettions nous notre vie plus en danger ? Le réseau des opérateurs courrait il un risque plus grand ?

Si l’opérateur acceptait de nous livrer une prise réseau ETHERNET à son infrastructure de services et même plusieurs prises normalisées ETHERNET / IP et nous laisser faire ensuite notre travail, la vie en serait simplifiée d’autant.

En effet, une nouvelle race de box pourrait voir le jour, achetée par les utilisateurs finaux et dont les logiciels pourraient être en OPEN SOURCE (pourquoi pas …) et qui assureraient le rôle de gateway résidentielle de la famille, sous le contrôle des responsables de la famille et non des opérateurs ou du ministère de l’Intérieur.

Cette solution aurait pour immense mérite de ménager tout le monde (opérateurs, gouvernement et utilisateurs) et en plus de créer de la valeur pour les pays qui l’auront compris et pourraient prendre une avance considérable sur un sujet mondial que chacun essaye de circonvenir de sa propre façon régalienne ou minitellienne.

Quel dommage que de laisser à d’autres cette avantage technologique décisif et de rester au bord de nos beaux autoroutes Français en criant très fort parce qu’une voiture étrangère vient de nous écraser les pieds et nous pollue.

» Article initialement publié sur jmp.net

» Illustration de page d’accueil par wheresmysocks sur Flickr

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http://owni.fr/2010/02/22/ma-position-sur-la-loppsi/feed/ 2
Le Numérique pour tous : ! ou ? http://owni.fr/2010/01/11/le-numerique-pour-tous-ou/ http://owni.fr/2010/01/11/le-numerique-pour-tous-ou/#comments Mon, 11 Jan 2010 19:57:13 +0000 Jean Michel Planche http://owni.fr/?p=6917 numeriquepourtous

Curieux qu’en France, nous en soyons encore à essayer de mobiliser tous les acteurs au travers d’un plan «Haut débit pour tous».

Curieux tant cela semblait acquis, grâce à l’offre pléthorique des opérateurs, suffisamment mature pour satisfaire la plupart des critères de ce nouveau label.

Curieux de devoir attendre 2012 pour remplir cet estimable et louable objectif.

Curieux que le Gouvernement, apte à montrer la voie, ne se contente que d’un commun dénominateur bas, en retard par rapport à la réalité de l’Internet d’aujourd’hui :

• une vitesse de réception, 200 fois inférieure à ce que l’on peut trouver dans la plupart des grandes villes,

• une vitesse d’émission à peine supérieure à ce que l’on avait il y a 15 ans (offre Oléane via Numéris),

• une connexion qui peut être tout simplement coupée au delà d’un volume d’échange qui peut être atteint en quelques jours !!!

En fait, à la lecture du cahier des charges du label, on a tout simplement l’impression de la promotion de services d’accès par satellite, d’aujourd’hui. Alors, pourquoi attendre 2012 ?

Pourquoi établir un commun dénominateur bas et risquer une France à deux vitesses, un nivellement vers le bas, par des technologies et un modèle économique mal adaptés aux enjeux de demain ?

N’allons-nous pas recommencer l’erreur d’essayer de transformer nos élus en VRP d’équipementiers qui aujourd’hui demanderont «le haut débit pour tous», comme hier ils ont pu souhaiter l’ADSL dans leur bureau ?

La technologie n’est qu’un moyen au service d’un but. ADSL, fibre, satellite peu importe, du moment que l’on a réellement la possibilité de voir se développer un Internet à haut débit, neutre et symétrique. Un Internet qui ne serait pas qu’un «média», mais bel et bien un réseau d’innovations, ouvert, permettant la participation et la création de valeur de tous.
Aujourd’hui, plus que jamais, il me semble nécessaire, sinon vital de s’engager dans un véritable plan numérique pour tous dont les trois points essentiels sont les suivants :

1/ une infrastructure et un Internet de qualité, neutre, symétrique et à très haut débit

2/ un souci constant de la qualité et de la performance

Il est étrange que ce label, n’exige aucun critère de qualité vraie, alors que la plupart des opérateurs dans le monde savent qu’il s’agit d’un avantage compétitif majeur et que même Bruxelles se penche sur le sujet.
Ce n’est pas parce que nous entrons dans un monde « numérique » que les problèmes de qualité sont réglés. La TNT en est le plus bel exemple. Recevoir en région un signal TNT correct n’implique pas obligatoirement de voir une image de bonne qualité. Si on n’y prête attention, nos territoires seront connectés avec n’importe quoi, n’importe comment et nous dépenserons beaucoup d’argent, le jour où il faudra refaire les choses correctement.

3/ une véritable éducation au numérique est indispensable

Gérard Berry, docteur, chercheur à l’Inria, responsable de la nouvelle chaire d’informatique et de sciences numériques au collège de France, le dit très justement :

« En France, quand on parle de fracture numérique, on se polarise sur la nécessité de rattraper le retard en tant que consommateur, alors que le véritable problème c’est rattraper le retard en tant que créateur. Cela commence par l’éducation, car être créateur, c’est un état mental : il faut d’abord comprendre les choses ».

—- fin de l’article ———–

Je précise que sur ce dernier point,je ne souhaite pas que tous nos concitoyens deviennent des informaticiens hors pairs. Non, le sujet est ailleurs. Il faut CREER DE LA CONSCIENCE en partageant la CONNAISSANCE que nous avons.
On ne peut pas fustiger quotidiennement l’Internet à la télévision, souvent à juste titre sur les exemples choisis et par ailleurs ne rien proposer de concret. La plupart des exemples donnés se soignent par de la CONNAISSANCE, non pas par un niveau de régulation supérieur, inadapté aux enjeux et dangereux pour le futur.

Madame Kosciusko-Morizet, bravo pour les 4,5 Mds d’€, mais ne soyez pas au numérique ce qu’André Maginot a été à notre défense nationale, il y a déjà bien longtemps. Le numérique n’est pas une mince affaire et nous sommes nombreux à compter sur vous.

Sinon, nous aurons perdu beaucoup de temps, d’argent et surtout d’opportunités.
Prenons le train du numérique avec aussi ses opportunités !

article écrit et paru dans Europe Parlementaire “la tribune des élus et des décideurs publics”, Janvier 2010

crédit photo : Nice matin

» Article initialement publié sur jmp.net (avec d’intéressantes précisions en commentaires) /-)

» Illustration de Une par Steve Rhode sur Flickr

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http://owni.fr/2010/01/11/le-numerique-pour-tous-ou/feed/ 1
Faut-il “réguler” l’Internet … http://owni.fr/2009/12/08/faut-il-reguler-linternet/ http://owni.fr/2009/12/08/faut-il-reguler-linternet/#comments Tue, 08 Dec 2009 06:44:20 +0000 Jean Michel Planche http://owni.fr/?p=5983 Hier soir, je m’attendais au pire. L’une des plus difficiles questions au sujet de l’Internet allait être “débattue” à la télévision, en deuxième partie de soirée. Je dois dire que je ne m’attendais à rien et n’ai commencé à regarder cette émission que par la présence de notre camarade Benjamin Bayart, que je soutenais, compatissant, dans cette mission impossible.

Mission impossible car débattre à la télévision, sans le talent d’un Jacques Chancel et sans endormir les foules et ne réduire l’audience qu’à une poignée de spécialistes est devenue presque plus difficile qu’à Tom Cruise de nous faire oublier ses idées philosophiques, lorsqu’il saute d’un avion sans parachute.Mais en voyant le casting … l’affaire tenait au grotesque et s’averait surtout un piège. Piège que l’on a très vite compris, dès le premier reportage, très bien orienté, présentant le sujet à charge.

La baseline de l’émission de Taddei est “l’actualité vu par la culture” (ENORME) et pour se faire, il avait invité, outre Benjamin, deux des grands spécialistes du sujet, aux déclarations souvent fracassantes culturelles :

  • Jacques Séguéla
  • Frédéric Lefebvre

Je ne vais pas relever tous les quotients d’émotions négatives, chargés de faire pleurer la veuve et l’orphelin, toutes les ficelles de la communication utilisées, toutes les aberrations, tous les amalgames, toutes les contradictions, d’un Séguéla visiblement briffé par ses équipes, pour dire moins de bêtises que d’habitude. (ici et là)

Non, je vais juste m’astreindre à expliquer ce que j’aurais aimé voir dans une émission que j’aurais pu regarder, jusqu’au bout, avec plaisir. Une émission qui aurait participée à me faire passer une bonne nuit, plutôt que de m’empêcher de dormir, jusqu’à la décision d’écrire ce billet.

1/ J’aurais aimé un reportage introductif permettant de COMPRENDRE ce qu’est l’Internet et de faire la différence entre ce réseau de flux et les sites web, qui n’en composent qu’une facette.

Cela a été trop rapidement évoqué par un des invités lorsqu’il a dit qu’en greffant une mémoire à l’Internet, on avait supprimé (diminué ?) sa nature de flux. Hors justement, il fallait aller plus loin. La “mémoire” de l’Internet, est-ce encore de l’Internet ?A quels conditions ?

Souvenez-vous ce que disait Vinton Cerf : “if it’s not open, it isn’t the Internet”. (NDLR : OK, Vinton est passé chez UUnet / MCI, Microsoft et il est maintenant chez … Google. Cela n’empêche pas la personne d’être intelligent et jusqu’à preuve du contraire resté fidèle à ses valeurs !)

Il y a ici un point clé qu’il faut connaître et comprendre avant de parler de régulation et de quoi que ce soit d’ailleurs au sujet de l’Internet.

2/ J’aurais aimé voir un reportage pour comprendre qui étaient les interlocuteurs et en quoi ils étaient pertinents.

Cela aurait permis de cerner les personnalités des uns et des autres et surtout d’éviter aux deux trolleurs en chef, précédemment cités, de nous faire la scène du 15. Même Séguéla y est allé de son reniement en disant qu’il n’avait pas dit que l’Internet “était la pire saloperie inventée par l’homme”. Heureusement, le numérique a de la mémoire. Ceci dit, il y a eu tellement d’énormités, (“un journaliste ne publie pas n’importe quoi dans un journal”. sic),même pas relevé par “la culture”, que l’on ne peut que rire et s’inquiéter de la présentation de sujets que l’on connait moins bien.

3/ j’aurais aimé que l’on définisse sérieusement et concrètement ce que veut dire REGULER

Je vous engage à lire la définition que l’on peut trouver dans Wikipedia.
Et OBJECTIVEMENT, qui peut dire qu’il ne faut pas réguler et surtout qui peut dire que l’Internet n’est pas régulé ?

L’Internet est régulé depuis la nuit des temps pour le maintenir en condition opérationnelle et en état d’interopérabilité permanente.
L’Internet est régulé par les opérateurs eux-mêmes qui prennent des mesures techniques pour empêcher de trop grosses catastrophes.
L’Internet est régulé par le principe du “best effort” qui est une valeur qui tire vers le haut en impliquant le maximum de monde au bénéfice collectif et à la gestion de ressources communes.
L’Internet est “régulé” par des “valeurs” qui sont peut être d’un autre âge pour certains mais qui concernent un grand nombre d’entre nous. Des règles que j’ai déjà maintes fois rappelées et que vous trouverez ici.

C’est certain que je n’aime pas la définition suivante, qui me semble trop proche de la compréhension de Monsieur Lefebvre :

La régulation des procédés industriels regroupe l’ensemble des moyens matériels et techniques mis en œuvre pour maintenir une grandeur physique à régler, égale à une valeur désirée, appeléeconsigne.

Mais je trouve cette définition suivante intéressante, même si elle n’est pas forcément très en phase avec le rôle d’un opérateur, que je décrivais par le passé : “être électriquement le plus neutre possible et faire de son mieux pour qu’un paquet entrant dans son réseau en ressorte le plus vite possible, le moins modifié possible” :

Dans une définition correspondant aux transport ou a la logistique, la régulation désigne les techniques permettant d’organiser les flux de marchandises, de voyageurs, de véhicules, de manière optimale, et, lorsque cela est possible conformément a un plan prévu a l’avance. Elle se rapproche alors de la définition industrielle du terme: détecter les non conformités (retard, bouchons, pannes incidents de toute sorte altérant le déroulement du plan de transport) et ramener la situation a la normale, a ce qui est conforme au plan, le plus vite et avec le moins de conséquences possibles.

On pourrait débattre longtemps de cette dernière notion car elle implique une certaine “intelligence” dans le réseau, alors qu’habituellement, les solutions Internet sont plus diffuses et l’intelligence de contrôle y est plus décentralisé. Mais c’est juste une illustration, pour mieux expliquer pourquoi, à mon sens avant de répondre à la question “Faut-il réguler l’Internet”, il faudrait déjà commencer à définir la notion de ce mot.
Il ne sert à rien de mettre des gens devant une caméra pour discuter d’un sujet où chacun ne s’entend même pas sur le sens du débat.
La notion de REGULER de Monsieur Lefebvre n’a rien à voir avec cette de Monsieur Séguéla et c’est encore autre chose pour Monsieur Google et je ne parle même pas de Benjamin ;-)

Une fois cette définition posée, on aurait pu vraiment entrer dans le débat :

  1. Qui doit réguler l’Internet ?
  2. Comment ?
  3. Pourquoi ?
  4. Jusqu’où aller ?
  5. Comment peut-on contrôler que l’on n’en fait pas trop et que les “consignes” sont respectées ?
  6. Comment peut-on s’assurer de la performance, de la qualité et de l’inter-opérabilité du résultat ?

Mais cela, c’est une autre histoire … et cela mériterait un autre débat, qui ferait sans doute audience et à coup sûr avancer la compréhension du sujet, comme la marche du siècle en 1996, avec toutes ses imperfections, l’avait fait en son temps.

Et enfin, j’aurais aimé avoir un débat, dans la sérénité et non dans l’indignation cathodique. Ses faux atermoiements finissent par fatiguer et Séguéla n’a plus le talent ou la capacité à égaler les Verges et Collardd’antan … arrêtons la télé spectacle et allons un peu au fond des choses svp. Je pensais que c’était le sujet sur nos chaines publiques.

En attendant, jugez vous même … une pierre de plus dans la déconstruction médiatique d’un Monsieur que l’on aimait bien et qui avait presque réussi à nous faire croire que Citroen fabriquait des voitures de sport.
Trop fort, je vous dis.

Mais Jacques, s’il te plaît, trouve un autre cheval de bataille ou retourne à l’écriture de livres car l’Internet est un sujet trop sérieux pour te le laisser malmener ainsi. L’Internet est un sujet qui nécessite que l’on réunisse et que l’on construise, pas que l’on reste dans la polémique stérile et dans l’opposition systématique.

» Article initialement publié sur www.jmp.net

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http://owni.fr/2009/12/08/faut-il-reguler-linternet/feed/ 3
Mais quel est donc ce besoin de faire des phrases dans la pub http://owni.fr/2009/09/29/mais-quel-est-donc-ce-besoin-de-faire-des-phrases-dans-la-pub/ http://owni.fr/2009/09/29/mais-quel-est-donc-ce-besoin-de-faire-des-phrases-dans-la-pub/#comments Tue, 29 Sep 2009 15:07:35 +0000 Jean Michel Planche http://owni.fr/?p=4016

Ce matin, mon fil twitter me faisait remonter une vidéo où Mme Delphine Rolland, que je ne connaissais pas, ancienne Directrice des Médias Digitalisés à France Télévisions Publicité et actuellement consultante nous expliquait ce qui m’a donné l’envie de cette chronique :  Les internautes sont prêts à payer pour du contenu

Internaute depuis maintenant plus de 20 ans, à une époque (bénie ?) ou le Web n’existait pas, je me suis interrogé, comme je le fais toujours quand on m’assène des vérités :

> Suis je prêt à payer pour du contenu (sous entendu Internet) ?

> Mieux : les gens que je connais sont-ils prêts à payer pour du contenu ?

Et j’ai donc pris le temps d’écouter son propos, dont je vous livre quelques pensées … étonnantes :

> ll faut absolument rentabiliser les investissements internet

> L’internaute est prêt à payer pour du contenu, si on lui met en avant de la publicité qui est mise en avant de façon intelligente.

> … en acceptant de la publicité intelligente : via ciblage socio demo, geographique, fct affinité contextuelle

> intégrer des partenaires pour financer la web tv ??? préroll ou post roll … très bien fonctionné (taux de clic et acception de l’internaute)

> exploitation de la marque à 360°

> Internaute prêt à payer pour des services à forte valeur ajouté (billetreduc, …)

> la publicité classique ne suffira pas

Bon … j’en reviens au titre de ma chronique : mais quel est donc ce besoin de faire des phrases …
Toutes ces idées, cela fait maintenant 15 ans que nous les entendons, manipulées par des générations d’agences de communications qui s’auto-proclament spécialistes du multimédia en 1989, spécialistes de l’Internet en 1999 et spécialistes du numérique en 2009 et qui sont capables de nous expliquer à postériori tout et son contraire.

Alors, j’ai eu moi aussi envie de vous livrer mes propres vérités :

L’Internaute est prêt à payer pour du contenu à forte valeur ajoutée. Mais quelle évidence.

Le problème est que pour le moment : il est où le contenu à forte valeur ajoutée ?
Dans le cas du cinéma, il est plus sur les plateformes pirates que sur les offres légales de VoD de nos opérateurs.
Dans le cas de la musique, je le cherche encore. On ne va quand même pas acheter toutes les cochonneries qui nous sont forcées diffusées ?
Dans le cas de la presse, elle est où, maintenant, l’information que nous avons envie de payer et qui ressort d’un travail d’analyse et de compréhension qui dépasse la reprise des 10 lignes des dépêches AFP ?

Sur ce dernier point, des expériences récentes existent et donnent envie de payer … je ne cite personne pour ne pas en oublier, mais ils tiennent sur les doigts d’une main. (on en a parlé sur Twitter ;-))

La recette pour séduire un Internet est simple … il est prêt à payer à trois conditions :

1 / si on lui fait gagner du temps ou de l’argent,

2/ si on touche sa sensibilité, son émotion, si on lui donne l’impression de devenir meilleur

3/ et dans tous les cas, si on le respecte : ie: si le service est de qualité

C’est terminé le temps du Minitel où l’on payait pour savoir que l’information que l’on cherchait n’était pas là.

Et quant à la motivation de “faire” des choses pour rentabiliser des investissements … c’est l’un des plus mauvais arguments que j’ai entendu depuis longtemps. Si on en est là, il ne faut plus se poser de question, c’est que l’on a pas compris pourquoi on fait les choses. Autant ne pas les faire !

Faire des choses pour rentabiliser Internet, rentabiliser une Web TV … etc … conduit à des réflexions qui seront menées par d’autres et où l’entreprise perdra de vue le pourquoi elle fait les choses et sa capacité de décider. Si on fait une WEB TV, le but est de SERVIR, presque altruistement un auditoire. En échange, on captera peut être son attention, ce qui est bien plus précieux que la recherche d’une audience. Et alors, on pourra se demander quel est l’intérêt pour un “partenaire” de monter dans l’opération et à quelles conditions cela peut lui aussi lui SERVIR.
Sinon, on se fait plaisir … plaisir aux agences surtout.

Et maintenant le solution pour “rentabiliser les investissement internet” :

Donc Internet coûte de l’argent et ne rapporte rien ou pas assez, donc :

COUPEZ TOUT.

De toute façon il vaut mieux que vous ne fassiez rien que de faire mal, c’est maintenant trop grave car trop visible : Laissez faire les autres.
Quand je vois la performance de certains sites d’informations qui ont été en panne pendant les annonces de l’élection présidentielle, je me dis qu’heureusement que Google est là !

Ce n’est pas possible ?

Alors c’est qu’il n’y a pas qu’une question de rentabilisation. Regardez surtout les choses sur l’angle de l’utilité et de la QUALITE. Si la réponse est non à l’un de ses points, vous avez intérêt à ce que l’autre le soit, car même la puissance de la marque ne pourra pas masquer longtemps l’incurie.

> Article initalement publié sur le blog de Jean-Michel Planche

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http://owni.fr/2009/09/29/mais-quel-est-donc-ce-besoin-de-faire-des-phrases-dans-la-pub/feed/ 0
HEC : excès d’ambition ou communication décalée ? http://owni.fr/2009/09/24/hec-exces-dambition-ou-communication-decalee/ http://owni.fr/2009/09/24/hec-exces-dambition-ou-communication-decalee/#comments Thu, 24 Sep 2009 18:18:48 +0000 Jean Michel Planche http://owni.fr/?p=3910

Tout avait commencé hier par un article dont le titre m’a étonné, tant il résume bien le mal-aise ambiant Français autour de l’innovation, des startups et du développement des sociétés qui œuvrent dans “le numérique”. Tout ceci sur fond de discussions animées autour des résultats de l’appel à projet “innovants” de NKM.

Le titre : “l’incubateur HEC veut trouver le Google français” !

J’avais alors répondu via mon média d’expression instantanée préféré du moment :

Et moi la pierre philosophale !
RT @NetEco: Guilhem Bertholet : “L’incubateur HEC veut trouver le Google français”

Autant j’apprécie le slogan d’HEC qui nous est rappelé “Apprendre à Oser”, autant je trouve dangereux d’envoyer un message que le but est de trouve un Google français. Et même si c’est un message communément colporté, il ne faut pas le sortir de son contexte et le mettre à toutes les sauces. Les premiers qui ont commencé à parler de Google français ne voulaient pas dire qu’il fallait “trouver” le projet qui ferait aussi bien, mais d’expliquer POURQUOI, il n’y a pas de Google français … et pourquoi nous ne risquons pas d’en avoir si nous continuons comme cela !

Pour finir sur ce point, je répondais à Guilhem Bertholet, via twitter interposé :

@gbertholet : c’est bien, mais faites attention aux messages.
Le but c’est d’entreprendre & réussir. Google Français = rêve pour greugreu

Incident clos, donc, jusqu’à la nouvelle de l’instant, sur Rue89 : “HEC vante ses managers killers décomplexés en BD”

Là, je me suis dis, ce n’est pas possible : ils me cherchent

Alors, sans peur et sans reproche, petit entrepreneur vermisseau (mais international) part pourfendre le grand, le noble, l’intelligence, la puissance et l’argent. Et pour que le combat soit équilibré, je mets aussi dans la balance, du coté d’HEC, les agences de com. de tout poil, qui privilégient la forme au fond.

Non, mais qu’est ce que c’est que cette campagne de daube ? (excusez le coté réducteur et un peu familier de cette interjection).

Ou alors c’est une caricature, faite pour le buzz sur Internet ?
J’ai failli en faire une brève pour RadioLDP. Il y a tous les clichés dans ce clip … l’entreprise poussiéreuse, le gars endormi (et même l’araignée je crois) et le jeune loup d’HEC qui arrive et qui révolutionne tout et A LUI L’ARGENT ET LA GLOIRE !!!

Mais, vous rendez-vous compte que c’est totalement contre productif pour l’image que je pensais être celle d’HEC ?

On me dira que c’est de l’humour, qu’il faut dépasser … soit … et à vrai dire, je m’en fiche un peu. On ne m’a rien demandé et ce que je dis ne dois pas avoir une grande importance. Mais quand même FLUTE !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

J’ai l’impression que les agences de com. sont en panne de cerveau en ce moment.
Ou alors elles sont briffées par leurs clients comme des pieds. (cf dernière campagne de Renault, de trop nombreuses campagnes de Carrefour … etc …)

L’entreprise c’est sérieux et amusant mais jamais Neuneu … ou alors on essaye d’éviter. On en attendrait pas moins coté formation. On en a marre de tous ces rigolos que l’on voit débarquer mode yakafaukon. Qui ne veulent “qu’encadrer” et qui rêvent d’être (et non pas de faire) le prochain Google français, de faire leur IPO en 2 ans, de s’en mettre plein les poches et de venir ensuite nous donner des leçons. Je ne dis pas qu’ils viennent tous d’HEC, loin de là … mais honnêtement, nous ne sommes pas bien nombreux, aux Etats-Unis, en Asie, en Afrique, en Europe, les mains dans le cambouis pour développer le “savoir faire” Français et encore moins pour le faire pour le compte de PME …

Le clip est HYPER BIEN FAIT. Les images sont belles, la musique est bien choisie, tout va bien … sauf que c’est le fond qui ne me convient pas.
Cela fait peut être vieux con ce que je dis … on va penser à “travail / famille / patrie” … et bien tant pis. MINCE, FLUTE, ZUT … la création de valeur, cela ne se fait pas comme cela et derrière une réussite d’entreprise, il y a DES FEMMES ET DES HOMMES, il faut du temps, de l’acharnement, de l’intuition, du talent … et pas un seul super diplomé !

L’humilité de la vie, cela ne s’apprend pas à l’école et c’est dommage. Par contre si on pouvait essayer d’enseigner la différence entre moyens et buts, entre causes et conséquences, tout en laissant une place au doute et à l’intuition, je crois que l’on aurait fait un grand pas.

Désolé, c’est encore dans Rue89, (A LIRE ABSOLUMENT EN CLIQUANT ICI) mais franchement, il y a de quoi se poser des questions et j’invite les responsables de grandes (ou petites) écoles qui me lisent à se la poser. Et déjà d’arrêter de faire croire à leurs élèves qu’ils sont les meilleures (j’ai des preuves) et qu’ils valent au moins …. €.

Je suis à la disposition de ceux qui voudraient réfléchir pour aider à avoir des jeunes “bien formés”, dans toutes les dimensions. A mon sens, il y a encore pas mal de choses à améliorer (déjà certains cours disruptifs) … et peut être un cursus sur la réflexion qui vient du coeur et non celle de la raison raisonnante … pour l’innovation, c’est primordial.

On pourrait déjà conseiller à nos élites en formation de lire ce fantastique document sur “comment devenir riche, beau et intelligent … avec Powerpoint, word et excel”, qui remplacera toutes les méthodes toutes faites sur le sujet “comment devenir riche et célèbre …” (sans travailler, sans vraiment le mériter …)

crédit photo : Natuxo … pour les futurs killers, cela me semble de circonstance. Pour les autres, l’image d’introduction est un miroir aux alouettes

> Article initialement publié sur le blog de Jean-Michel Planche

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http://owni.fr/2009/09/24/hec-exces-dambition-ou-communication-decalee/feed/ 8
Politiques et numérique… http://owni.fr/2009/09/13/politiques-et-le-monde-numerique/ http://owni.fr/2009/09/13/politiques-et-le-monde-numerique/#comments Sun, 13 Sep 2009 14:01:11 +0000 Jean Michel Planche http://owni.fr/?p=3570 Je déplorais il y a peu que les politiques sur le sujet du numérique ne venaient pas suffisamment écouter et participer … et bien Michel Rocard m’a entendu lors de la journée Numérique, croissance et grand Emprunt, organisée par le secrétariat d’état au numérique de @nk_m.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

J’espère qu’il saura et qu’ils sauront garder cette humilité et cette esprit “frais” … tout en ayant présent à l’esprit que le numérique n’est pas une chance pour notre pays, c’est un devoir et qu’il est plus que temps que ce sujet soit traité avec l’ambition qu’il mérite. C’est du moins ce qui transparaissait très bien de la matinée à laquelle j’ai participé. (plus d’info ici)
Et dont vous retrouverez sur owni ou sur mon blog le fidèle compte rendu.

Il me faut un peu plus de temps pour analyser (à froid) ce qui c’est dit l’après-midi, très contenu …

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Numérique : investir aujourd’hui pour la croissance d’AUJOURD’HUI ! http://owni.fr/2009/09/12/numerique-investir-aujourd%e2%80%99hui-pour-la-croissance-daujourdhui/ http://owni.fr/2009/09/12/numerique-investir-aujourd%e2%80%99hui-pour-la-croissance-daujourdhui/#comments Sat, 12 Sep 2009 07:03:10 +0000 Jean Michel Planche http://owni.fr/?p=3510

Et oui … j’y étais aussi. Je vous le dis, coté politique, je suis éclectique ou plutôt tendance numérique : je me démultiplie. Hier avec le #NouveauCentre pour parler de droits Numérique, aujourd’hui avec le gouvernement pour entendre parler de croissance et d’investissement “dans” le numérique.

Il s’agissait donc d’une journée organisée de main de maître, (en ce qui concerne le pendant “non numérique”), par le secrétariat d’état au numérique, de @NK_M, la plus célèbre twitteuse, en vrai, du gouvernement. (c’est bien elle, j’ai des preuves)

Une grande partie du gratin twito-blogo-machin était là.  La première très bonne idée de la journée est venue de Nathalie qui a annoncée en introduction que l’on pourrait twitter à coeur joie, avec le Hashtag #emprunt. Ceci nous a permis de faire une conférence dans la conférence, que vous pouvez retrouver maintenant au travers de ce petit lien.
La tâche était rude car il fallait écouter d’une oreille, filmer d’une main, twitter de l’autre, prendre des notes avec ce qui restait … bref il fallait choisir. N’écoutant que mon courage et ma volonté de bien faire, j’ai choisi :

> de twitter … parce qu’à un moment, cela devenait trop énorme, impossible de rester impassible,

> de filmer … parce qu’à certains moment, cela devenait trop énorme, il fallait vraiment une mémoire numérique de l’instant. Je ferais passer quelques liens demain.

Habitué de ce genre de réunion, j’en ressors généralement frustré de tout ce que je n’ai pas entendu et contrarié par la distance entre les théories des adeptes du yakafokon et la réalité du quotidien d’un entrepreneur de la chose numérique qui développe un champion à l’international que la France entière espère de son souffle haletant …

Mais à vrai dire, je me rends compte qu’entamant ma 25ième saison, je ne suis certainement pas devenu blasé, mais un brin pragmatique réaliste … Je n’attends plus rien, sauf qu’on continue de nous laisser faire. J’essaye de me réjouir de ce que je vois et de ce que j’entends … sans forcement essayer de voir la petite bête. (je ne combats que les grosses, qui finissent en “i”).

Alors, mes meilleurs moments sont indéniablement :

> Michel Mercier que j’ai trouvé tout simplement bon, humain quoi … Pas forcement spécialiste du sujet, mais ouvert. Un rafraichissement dans un univers parfois un peu trop triste sérieux.

    > Michel Rocard. Là je ne pensais pas dire cela un jour et encore moins lors d’un sujet concernant le numérique. J’ai la vidéo. (en cours de montage … je négocie les droits avec LeMonde.fr et LCP en ce moment ;-)))). Elle vaut son pesant de cacahouètes. Un politique qui commence par “j’étais venu là pour écouter et apprendre” ne peux pas être foncièrement mauvais.
    Ceci dit, la brio de la prestation s’est, comme d’habitude, arrêté à l’introduction. Car comme je le disais, c’est généralement sur le développement et la conclusion que l’on attend Monsieur Rocard et où cela part en vrille. Cela n’a pas manqué et dès la 5ième minute j’ai décroché. On a eu le droit à Rocard imitant Rocard, c’était énorme, mais bel et bien bon.

    > Paul Hermelin, DG de Cap Gemini Sogeti. Je dois dire que je craignais cette intervention … je la redoutais publicitaire. En fait, pas trop. Les chiffres indiqués sont excellents et franchement se suffisaient à eux même pour faire comprendre l’importance du sujet aux politiques. Après cela je ne pense pas qu’il faudra que je mouille beaucoup ma chemise pour devoir expliquer que le numérique et l’infrastructure : cela créé des emplois et de la valeur !!!
    J’aimerais bien pouvoir vous indiquer un lien vers sa présentation, mais je n’ai que cela, pour le moment.

Pour le reste, que dire en quelques mots … tout d’abord qu’il fallait y être OU qu’il fallait pouvoir suivre ce qui se disait “on line”. C’est d’ailleurs ma plus grande surprise : RIEN EN LIGNE.
Le site officielle de la journée était Twitter, hashtag : #Emprunt.
J’ai particulièrement regretté l’abscence de streaming live et surtout (excellente suggestion de www.twitter.com/mathieuweill) l’absence de feedback avec la salle qui aurait pu se faire au travers de Twitter. Je confirme, cela twittait de partout. Si on avait projetté en temps réel les résultats de la recherche du mot clé #Emprunt, cela aurait peut être changé beaucoup de chose. On aurait déjà ramené un peu de “fun” chez certains intervenants (non Mandriva, le numérique, ce n’est pas si grave ;-)) et on aurait peut être pu les faire entrer dans le fond du sujet, réorienter leurs propos, bref PARTICIPER, sans déranger et à moindre coût.

Les bémols

Bien sûr que je n’étais pas d’accord avec tout ce qui était dit.  Mais la plupart des pistes évoquées autour des sujets liés à l’infrastructure méritent d’être creusés.
Bien sûr qu’il faut être pragmatique et arrêter la démagogie de la fracture numérique. On n’en est plus là, je l’ai écris à maintes reprises, nous sommes dans une fracture des usages et de l’éducation, pas dans une fracture numérique. La démagogie qui consiste à faire croire que l’on va déployer dès demain du très haut débit pour tous et partout est néfaste. Déjà, si on n’y arrive pas dans les zones denses, où l’économie du sujet n’en est justement pas un, il n’y a aucune raison que l’on y arrive ailleurs.

Bien sûr que j’ai apprécié 95% de ce qu’à dit mon collègue Marc Simoncini de Meetic. 1 pays, 250 millions de clients, 1 langue d’un coté et de l’autre notre “difficulté Européenne”, cela me parle. Je la vis tous les jours. Mais il y aurait tellement à dire. Par contre, je ne te suis pas Marc quand tu te fais applaudir trop facilement en opposant infrastructure et services. Tu le sais très bien, les autoroutes Françaises ne servent pas qu’à faire circuler des voitures allemandes …

Et pour le reste :

Vous remarquerez que je ne vous parle pas de l’après-midi … trop de place au con-tenu et surtout à un Monsieur que j’ai beaucoup soutenu (sisi … regardez mes anciens blogs / twittes). Bon d’accord, beaucoup est un doux euphémisme. Je n’ose même pas chercher ce qu’il a dit exactement. J’ai entendu twitter autour de portail d’accès unique à la culture et je ne sais quoi. Bref, passons, j’en ai assez parlé pour le moment.

Pour le reste, je laisse l’image de la fin à Jean-Ludovic Silicani, président de l’Arcep …

Le Numérique, ça fait mal. Il faut rester dos au mur … sinon on a vite fait d’attraper un mauvais coup !

Et je me retiens de ne pas continuer dans le salace, tant la situation à la Cul-ture est désopilante … mais pas pour nous, comme d’habitude.

D’ailleurs dans la série des gens qui souffrent, j’ai essayé d’en rire, tellement la douleur de Monsieur Mandriva était perceptible (ici et jusqu’à l’extrême-onction, ici). Mais c’était difficile, car pour la première fois, je n’ai jamais croisé autant de gens déboussolés, désorientés et à terre ou bientôt à terre. Et là, cela ne me fait plus rire du tout.
Surtout qu’ils sont TOUS conscients que nous vivons à un moment unique, avec un champ des possibles incroyable et la plupart se souhaitent un destin Français d’abord !

Il s’agit d’entrepreneurs qui ont toutes les peines du monde à exister, à lever de l’argent, à se développer, à se faire payer, à passer à l’échelle internationale …

Il s’agit de journalistes qui tombent les uns après les autres et dont les rédactions passent de 100 à 20 à 2.

Hier, je me demandais si j’étais le seul à trouver qu’entreprendre dans le numérique en France TRES difficile. Je voyais tourner, autour de moi, tout le monde, hilare. Manifestement insensible à mes propres difficultés. Aujourd’hui, je suis encore là, par la force d’une volonté au service d’une grande idée, travaillée 24h sur 24, 365 jours par an, par une équipe fantastique, (Witbe) et portée par des clients qui ont su faire confiance à une “petite entreprise Française”, face à des géants Nord-Américains.
Je ne peux pas dire que nous sommes sortis d’affaire, car le sujet est ambitieux : créer un champion Français à l’international, mais on se développe plutôt très bien. Nous en sommes à 3 filiales : aux US, en Asie et au Maroc, des ventes dans 30 pays et encore un opérateur Tier1 (les plus difficiles à convaincre) en Asie qui vient juste de nous annoncer sa confiance en nos solutions.

Par contre, ce que je vois en ce moment, en France, autour de moi … c’est la catastrophe.

Suggestion :

Une simple et qui ne tient qu’à un coup de téléphone :
La prochaine fois, invitez nous (les entrepreneurs qui bloggent à temps partiel) à être créatif et donnez nous juste : une connexion Internet à très haut débit et un vidéo projecteur. On s’occupe du reste avec quelques camarades … si en plus vous avez un budget, cela ne peut pas nuire ;-)

Une plus complexe, mais qu’il faut déjà partager, pour se doter des moyens de ses ambitions :

Honnêtement, il va falloir faire VITE quelque chose pour le Numérique en France,
sinon, cela va être Waterloo … morne plaine !

Les points clefs sont simples :

  • L’infrastructure et son libre accès à tous, pour tous !
  • Les entrepreneurs

Le reste … c’est du détail et on y arrivera !

Crédit photo : moi ;-) et plus ici.

> Article initialement publié sur le blog de Jean-Michel Planche

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