OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Vendredi c’est graphism S02E21! http://owni.fr/2011/05/27/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e21/ http://owni.fr/2011/05/27/vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e21/#comments Fri, 27 May 2011 06:30:30 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=64631

Bonjour à toutes et tous !

Aujourd’hui c’est vendredi, et comme toutes les semaines, voici Vendredi c’est Graphism, la chronique graphisme, design, art et technologies de la création sur Owni.fr ! Au programme de cette semaine, du pixel en volume, du recyclage numérique, un jeu de société pour graphistes, des petits cubes virtuels qui rencontre l’univers des studios Ghibli, un doigt d’honneur pour soutenir un artiste Chinois, un long métrage sur Matrix et un WTF…mortel !

Bon vendredi et bon Graphism ! :-)

Geoffrey

C’est parti ! On commence la semaine avec la combinaison entre le pixel et la 3D. Egalement appelé «Voxel» ce système est une façon passionnante de représenter de l’image en pixels. Le travail de Shawn Smith va plus loin et étudie l’intersection glissante entre le monde numérique et la réalité. Plus encore, il tente de comprendre comment nous percevons la nature grâce à la technologie.

Partant du constat que les images de la nature présentée à la télévision ou sur un écran d’ordinateur ne sont en fait que de la lumière pixelisée (la trame télévisuelle en RVB), Smith recrée ainsi en trois dimensions des représentations sculpturales de ces images en deux dimensions.

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C’est l’idée du jour, il s’agit du recyclage numérique ! Dumpster Drive est une application de partage de fichiers qui recycle des fichiers numériques. L’utilisation de déchets “nobles” pour en faire des créations, pour les recycler, pour leur redonner vie existe déjà avec les matériaux physiques. Et c’est sur ce même modèle que Dumpster Drive permet aux autres d’aller piocher dans votre “poubelle” dans les fichiers que vous supprimez sur votre ordinateur. Cela permet ainsi aux utilisateurs d’étendre le cycle de vie de leurs fichiers indésirables et de les transmettre à d’autres.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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On enchaîne notre revue de la semaine avec un jeu de plateau pour graphistes & designers ! Intitulé «The Pitch», le mélange tombe parfaitement avec un équilibre entre graphisme et jeu de société. À l’heure actuelle, le projet en est à son stade de recherche de financements avec Kickstarter mais voici déjà les premiers principes.

Le concept: Tous les grands projets commencent par une chose: une bonne idée. Cette idée est la racine de toutes les créations. Penser le beau produit, imaginer la représentation d’une marque, réfléchir à l’auditoire, etc. En tant que designers, nous avons la capacité d’influencer le monde.

L’objectif: Communiquer les prémisses du graphisme et le rendre accessible à tous, en particulier aux non-graphistes, aux non-designers. L’idée est également de rassembler une communauté, de collaborer et d’inventer.

Le projet: Autour du jeu, chacun peut devenir designer, et rentrer dans la « pensée design ». Votre jeune frère, votre grand-mère qui ne peut pas cliquer sur une souris d’ordinateur ou de votre meilleur ami peuvent alors mettre en route une réflexion orientée design et amorcer un processus créatif.

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La séquence “émotion” de cette semaine, j’aurais pu également la placer dans “art de geek” tellement la prouesse est impressionnante. Il s’agit de la reconstruction entière dans MineCraft des décors des différents animés des Studio Ghibli avec notamment les décors de “Mon Voisin Totoro”, “Laputa” ou encore “le Voyage de Chihiro”. C’est assez impressionnant, vraiment :-)

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Hier, mes amis du FAT (free art & technology) qui ont présenté sur leur site un lien à glisser sur vos pages de sites internet. Il s’agit du bookmark “Fuck Off” pour soutenir l’artiste contemporain Ai Weiei qui lutte pour la liberté d’expression en Chine. C’est en apparence idiot, drôle, ça ne sert, à proprement parler, pas à grand chose si ce n’est à faire du fun, ça se teste directement ici.

Il y a quelques jours, Raphaël Hernandez et Savitri Joly-Gonfard ont sorti Kaydara, le fan-film inspiré de Matrix. Cette production française, d’une durée de 50 minutes réalisée pendant plus de 6 ans raconte l’histoire de Kaydara, un chasseur de prime dont la mission est de tuer l’élu ! Vous l’aurez compris, un film dans la veine matrix qui possède des scènes à couper le souffle !

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Le gros gros WTF du jour s’appelle “Euthanasia Coaster” ! Ce manège de l’euthanasie est une machine polémique et hypothétique pour provoquer la mort sous la forme d’un roller coaster. Conçu, je cite, “pour que l’être humain perde vie avec élégance et euphorie”, le passager est soumis à une série de sensations uniques: de l’euphorie à l’hypnose, à la perte de conscience, et, éventuellement, la mort. Cette idée totalement “WTF” est réalisé par Julijonas Urbonas et Paulius Vitkauskas.

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Merci encore à toutes et tous de répondre présent à ma chronique, vous m’écrivez souvent pour m’informer de vos projets ou me présenter des travaux d’artistes, de designers, c’est toujours un plaisir ! Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine donc, et si mercredi 1 juin cela vous intéresse, je parlerai de Hacking et de design à l’Université Descartes à Paris. Bon week-end ! :-)

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Miru Kim: la ville, nue http://owni.fr/2011/05/08/miru-kim-nudite-et-spleen-en-ville/ http://owni.fr/2011/05/08/miru-kim-nudite-et-spleen-en-ville/#comments Sun, 08 May 2011 12:30:57 +0000 Louis Imbert http://owni.fr/?p=55440 Comment avez-vous conçu votre série “Naked City Spleen” ?

J’ai travaillé sur cette série pendant cinq ans. J’ai exploré des usines abandonnées, des ruines urbaines, différentes sortes de tunnels, j’ai escaladé des ponts… Je prenais des clichés un peu partout et je trouvais qu’il manquait quelque chose.

Puis j’ai décidé d’insérer une figure humaine dans mes images, un élément vivant. Emmener un modèle avec moi était trop compliqué, j’ai donc posé moi-même, sans vêtements.

Le nu donne une dimension universelle, atemporelle aux photos, la pose est souvent presque animale. C’est une façon extrêmement simple de montrer un être vivant habitant plus ou moins ces espaces.

Comment explorez-vous ces lieux ? Dans quel état d’esprit ?

J’ai commencé à explorer pour échapper à l’espèce de dépression qui accompagne la vie en ville, la solitude. Lorsque je rentre seule dans un tunnel abandonné, j’ai extrêmement peur. Cela devient une espèce d’épreuve, une façon de me forcer à dépasser mes craintes. A l’intérieur, j’ai parfois l’impression de perdre le sens du temps, de la durée.

Dans les tunnels, vous ne voyez pas la lumière du jour, vous pouvez y passer dix heures de rang et c’est seulement quand vous sortez que vous vous rendez compte à quel point vous êtes épuisé. Ça m’est arrivé souvent à Paris, dans les catacombes. Puis vous retournez vers la vie quotidienne, vous vous sentez régénéré, rafraîchi. Cela devient une forme de catharsis.

A quel point recherchez-vous le danger ?

Si vous n’êtes pas prudent, si vous tombez à travers un sol pourri par exemple, il n’y a personne pour vous venir en aide. Cela peut être très dangereux.

Un jour, je prenais des photos dans un tunnel de Hell’s Kitchen, à New York, et j’ai aperçu la lumière d’une lampe-torche au bout du tunnel. Ce n’était pas un policier : son pas n’était pas assez régulier, pas assez décidé. J’étais terrifiée.

Je me suis rhabillée et j’ai vu arriver un vieil homme qui vivait dans le tunnel. Il était extrêmement calme, il avait l’air gentil, pas violent. Je lui ai expliqué mon projet, puis j’ai recommencé à poser à côté de lui.

A la fin, il a nettoyé mes pieds avec un tissu et m’a raccompagnée jusqu’à la sortie du tunnel. Après ça, j’ai essayé de ne plus explorer seule.

Comment avez-vous décidé d’explorer d’autres villes que New York ? Est-ce que cela a changé votre travail, ou est-ce toujours plus ou moins la même usine, le même tunnel que vous visitez ?

J’ai commencé à expérimenter dans des espaces abandonnés à Berlin, je prenais des cours aux beaux-arts là-bas. Puis je suis rentrée à New York pour finir mes études et j’ai continué d’explorer.

Quand j’ai découvert les catacombes de Paris, je me suis rendu compte qu’il y avait dans chaque ville différentes strates d’histoire auxquelles les gens n’ont pas forcément accès et j’ai voulu aller voir ça dans d’autres villes : à Londres, à Montréal, dans les villes proches de New York comme Philadelphie, Detroit, et puis à Séoul et Istanbul.

J’ai trouvé des espaces qui se ressemblaient profondément.
Quand vous regardez mes photographies, celles prises à l’intérieur, pas sur les toits, vous ne pouvez pas savoir dans quelle ville vous vous trouvez : ce sont toujours de vieilles structures industrielles, quasiment les mêmes, quelles que soient la ville et la culture.

Écoutez aussi l’intervention TED de Miru Kim (février 2009)


Retrouvez notre Une sur les explorateurs urbains (illustration CC Loguy)
- Une galerie Street Art dans le ventre de New York
- Spéléologie urbaine à Brooklyn

Photographies de Miru Kim © tous droits réservés

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[Spécial art de rue] Vendredi c’est graphism S02E18! http://owni.fr/2011/05/06/special-art-de-rue-graphism-s02e18/ http://owni.fr/2011/05/06/special-art-de-rue-graphism-s02e18/#comments Fri, 06 May 2011 08:09:15 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=61146 Hello & bon vendredi !

Cela faisait quelques temps que je voulais vous préparer un numéro spécial “art de rue”, graffiti, hacking urbain, art urbain, le terme est multiple et ses définitions varient. Cependant, l’attirance du public et la démocratisation de l’art de rue et de l’art dans la rue nous fait découvrir des projets de plus en plus diverses et passionnants. Cette semaine, j’ai donc fait ma petite sélection rien que pour vous, avec du graffiti animé, des idées pour la ville de New-York, des graffitis riquiquis, du tricot de rue, des interventions numériques entre hacking et oeuvre d’art et un WTF très raffiné ;-)

Bon vendredi et bon graphisme !

Geoffrey

Allez, on commence la semaine avec du graffiti-gif-animé ! Vous vous souvenez peut-être, je vous avais déjà présenté ces graffitis en gif animés réalisés par INSA & INKIE, cette série est peinte sur les murs non loin de la RECOAT gallery de Glasgow. Le résultat en photo animée est une grande première visuelle pour moi, oui, un graffiti qui bouge, c’est tout de même inhabituel ! Beaucoup avaient crié au “faux”, mais voici, depuis quelques jours, la vidéo qui présente leur processus de travail.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Cette semaine fut aussi pour moi l’occasion de découvrir le projet “Omnibus”. Le concept d’Omnibus est d’être une vitrine des bonnes idées pour l’avenir des villes et du milieu urbain. Conçu dans l’intérêt public, il est en ce moment a l’essai dans cinq arrondissements de New York. Cet engagement continu envers la ville vient directement de celles et ceux qui vivent dans la ville, ainsi, au travers du “Festival des idées pour une ville nouvelle” (qui a lieu à New-York, du 4 au 8 mai), ces citoyens tentent d’exploiter la puissance créatrice de la communauté. Voici déjà, et en images, quelques idées répertoriées sur le site internet du projet.

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Voici également des projets réalisés lors d’un workshop avec Evan Roth autour du Hacking urbain. Les idées sont souvent très simples mais inspirent réellement la réaction de leur public. En effet, la ville à ses codes, ses normes et ses habitudes. Tous les dérèglements de ces habitudes provoquent chez les passants des réactions qu’il est toujours intéressant d’observer :-)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Allez, on enchaîne notre vendredi avec du graffiti minimaliste assez simple, anecdotique mais qui peut enchanter votre journée. En effet, le graffiti au spray, à la bombe est utilisé habituellement pour marquer la ville, la rue, les murs aux yeux de tous. Et là, Katie Sokol a choisi de faire l’inverse. Du haut de ses 24 ans et de son métier de photographe, elle réalise des petits graffitis individuels et à usage unique, pour faire pénétrer certaines personnes dans son univers imaginaire. Mignon et minimaliste :

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Vous l’avez sûrement vue cette semaine, cette série de photographies présente les tricots de laine de l’artiste Juliana Santacruz Herrera qui a décidé d’injecter de l’imaginaire et de la couleur sur les trottoirs parisiens en bouchant les fissures et autres trous de la rue. Cette intervention visuelle est simple colorée et joue sur le contraste entre la couleur de la laine et le gris urbain. Le résultat est graphique, simple et surprenant.

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Le WTF de la semaine est placé lui aussi sous le signe du street-art. La semaine dernière, un mur de Camperdown (une ville de l’Etat du Victoria en Australie), a été repeint par quelqu’un (propriétaires, agents immobiliers, etc.) sans en parler aux artistes et aux gens du quartier… La réponse, ironique, ne s’est pas faite attendre.

Pour le mot de la fin, je vous remercie toujours de passer par ici, et n’oubliez pas les Puces typographiques à Paris ce samedi (demain). Sinon, il va falloir poser une semaine de vacances la semaine prochaine car c’est la semaine de la Creative Week d’Adobe et ça risque d’être fort intéressant ! Et pour ceux qui peuvent aller à Los Angeles, il faudra absolument vous rendre à l’exposition street-art du siècle : au MOCA pour voir Art in the Street ! :-) C’est dit !

Et pour finir, une pensée sincère au député Patrick Roy qui nous a quitté, je lui ai dessiné une affiche.

Allez, en attendant reposez-vous bien et bon week-end !

Geoffrey

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La jeunesse islandaise, trois ans après la crise http://owni.fr/2011/04/20/la-jeunesse-islandaise-deux-ans-apres-la-crise/ http://owni.fr/2011/04/20/la-jeunesse-islandaise-deux-ans-apres-la-crise/#comments Wed, 20 Apr 2011 17:29:44 +0000 Loic H. Rechi http://owni.fr/?p=58147 Depuis 2009, j’ai vécu avec l’idée fixe qu’il fallait aller absolument en Islande parce qu’il devait forcément s’y produire une sorte de révolution culturelle, à commencer au sein de la jeunesse. Un an avant, l’Islande s’était mangée dans la gueule la crise économique la plus violente de son histoire, un séisme qui en l’espace de quelques semaines embrasa tous les recoins et toutes les âmes de ce petit pays de 320 000 habitants.

L’histoire est on ne peut plus banale. Pendant une quinzaine d’années, de 1991 à 2004, le Parti Indépendant – la droite du pays – sous l’impulsion du Premier ministre David Oddsson, libéralise tout ce qui peut l’être, à commencer par la pêche, l’énergie et les capitaux. Quand Oddsson laisse sa place de Premier ministre, c’est pour prendre la tête de la banque centrale du pays dans la foulée. Il  supervise alors avec bienveillance la folie des banquiers qui consentent des crédits à tout va aux Islandais grâce à quelques montages foireux à l’étranger. En 2008, ce socle de crédits spéculatifs vole en éclat et les banques islandaises – très interdépendantes – s’écroulent une à une. Incapables d’assurer leurs obligations à l’égard de leurs clients, celles-ci sont nationalisées en catastrophe, histoire d’éviter que le pays n’implose.

La crise qui s’ensuit est sans précédent et pour la première fois de mémoire d’Islandais, des dizaines des milliers d’individus descendent dans les rues en décembre 2008 et janvier 2009, érigent des barricades et traquent même physiquement ces banquiers et hommes politiques qu’ils estiment – à raison – être responsables de la catastrophe qui leur tombe dessus.

Un an et demi plus tard, le 17 juin 2010, je débarque donc en terre de glace, à la recherche de la progéniture islandaise, accompagné de David Arnoux, ami et fidèle photographe. L’avion atterrit à Keflavik, l’aéroport de Reykjavik à deux heures du matin, mais à cette période de l’année, la nuit ne tombe plus. C’est le jour de la fête nationale.

Arrivé dans le centre-ville, je me retrouve plongé dans l’ivresse de ceux que je suis venu chercher. La jeunesse est là, complètement défoncée. Le sol est jonché de bouteilles en verre et de vomi. Les individus se déplacent par petit groupe, passent d’un bar à l’autre et ressemblent à la jeunesse de n’importe quel État occidental. D’autres, trop jeunes pour rentrer dans les bars, remontent Laugavegur – l’artère principale – et friment comme des tocards, picolant à bord d’énormes 4×4 peut-être achetés par leurs parents avec un de ces crédits foireux.

Le temps de poser nos affaires dans une auberge du centre que nous voilà déjà dans un bar à descendre des shots d’un alcool sombre infâme en compagnie de Philippe, un Français installé là-bas depuis cinq ans. Le garçon travaille dans un bar branché du centre, connait un peu tout le monde à Reykjavik (une ville de 120 000 habitants) et nous explique rapidement que nombre de jeunes entre 20 et 35 ans ont à peu près tout arrêté pour se concentrer sur la création artistique.

La nuit avance et il nous traine à Bakkus, haut lieu du cocon artistique local. Nombre de jeunes gens que je fréquenterai dans les jours suivants y travaillent; tous sans exception y squattent pour picoler. J’y finirai régulièrement mes nuits, croisant même quelques illustres personnalités locales comme Jónsi, le chanteur de Sigur Rós. Au delà de son statut de lieu de socialisation et de débauche, Bakkus est un premier indicateur de la situation et cristallise le refus de ces jeunes de se construire une carrière classique, préférant à peine subsister économiquement pour se concentrer sur leur art.

Frikki entouré de ses œuvres

L’art (de faire) du fric

Deux jours après notre arrivée, Philippe nous introduit auprès de Frikki, un plasticien d’une trentaine d’années, chez qui on créchera pendant une dizaine de jours. Étonnant au premier abord, il voit des motifs de satisfaction politiques et sociaux dans la crise. Faire tabula rasa du passé s’impose comme une idée très populaire parmi la jeunesse. Artiste depuis toujours, Frikki est ainsi plus optimiste aujourd’hui qu’il y a deux ans. Tout d’abord parce que la crise a changé les esprits et engendré un rejet de la politique telle qu’elle est pratiquée partout dans le monde.

Avant, les gens dans mon genre qui pensaient différemment du gouvernement étaient regardés de haut et se faisaient même parfois insulter. Le terreau est désormais plus fertile pour penser différemment. J’ai toujours détesté cette folie capitaliste et je me suis toujours demandé si j’étais stupide ou pas. Je savais qu’il y avait une logique derrière ce système, mais je ne l’aimais pas. J’avais ce sentiment qu’ils étaient dans l’équipe gagnante et que moi j’étais avec les perdants. Depuis, ce sentiment n’est plus aussi fort.

Du point de vue artistique, la crise a joué un rôle primordial également. Jusqu’en 2008, certains artistes vivaient sur le dos des banquiers, ne se privant pas de vendre leur production à ceux qu’ils se plaisent à détester aujourd’hui. Il n’était pas rare à l’époque qu’un artiste ait son propre mécène. Pour Mundi Vondi – un jeune designer de 23 ans à la réputation internationale naissante – les artistes se sont laissés complètement abuser par le pognon qui inondait le milieu de l’art, et ont cessé d’être des garde-fous de la société pour devenir des clowns à la solde des banquiers. Tous s’entendent sur le fait que la crise a permis aux artistes d’évacuer la dimension monétaire pour se concentrer sur le travail exclusivement.

Mundi Vondi

Solla et Porgerdur, deux jeunes femmes artistes de 25 ans ont ainsi profité de la crise pour récupérer une vieille maison du centre et la transformer en une galerie. Plus qu’un moyen de gagner de l’argent – à part quelques étrangers de passage, personne ou presque n’achète d’art ces jours-ci – la galerie Crymo est une façon de donner de la visibilité à de jeunes artistes et surtout l’endroit idéal pour se retrouver autour d’un thé, d’un café ou d’un pétard afin de discuter d’art et de s’interroger sur l’évolution de la société islandaise.

Tous ont participé aux manifestations de décembre 2008 et janvier 2009, et tous s’accordent sur le fait que la jeunesse a acquis une conscience politique qui faisait cruellement défaut jusque là. Avant cette crise, la jeunesse islandaise a toujours été profondément consumériste et peu nombreux étaient ceux qui s’interrogeaient sur les conséquences durables de quinze années d’ultra libéralisation de l’économie. Aucun ne semblait particulièrement choqué que leurs parents puissent acheter sur un coup de tête une baraque ou un Range Rover à crédit. Comme le raconte Mundi en pleine redescente de l’alcool ingurgité la veille, affalé dans le canapé rouge de son studio, la plupart des artistes n’a pas souffert à proprement parler de la crise car ils ne possédaient rien ou presque, et n’avaient pas croqué dans la pomme empoisonnée du crédit.

Mais ce n’est pas le cas de leurs parents qui ont souvent dû revendre des biens qu’ils n’avaient même fini de payer. Les jeunes comme Mundi en veulent aux banquiers et aux hommes politiques mais ne sont pas dupes de la situation qui prévalait avant la crise. Solla, cette jolie galeriste-artiste de 25 ans tire ainsi un constat sans pitié.

Ce qui se tramait était évident pour qui voulait bien le voir. Sauf que 90% de la nation a choisi de ne pas faire de vagues, de faire semblant de dormir. J’ai été élevée par des gens de gauche, je savais donc que ce n’était pas une situation saine. Je suis en colère contre les politiques de droite et David Oddsson qui ont fait péter toutes les barrières, ont tout libéralisé et rendu la tâche si facile aux banquiers pour faire n’importe quoi. Rien que les quotas sur le poisson. Ca a fait mourir ces petites villes et c’était sans doute le point de départ à toute cette merde.

L’histoire des quotas sur le poisson illustre à merveille le ressentiment et le malaise de ces jeunes vis à vis de leurs politiques. En 1984, le gouvernement de droite instaure un système selon lequel chaque propriétaire de bateau possède le droit théorique d’acheter une quantité de poisson proportionnelle à sa taille. Puis en 1990, sous l’impulsion des politiques économiques agressives menées par le Parti Indépendant, ces quotas deviennent transférables. Les propriétaires de gros chalutiers rachètent alors leurs quotas aux petits pêcheurs et en l’espace de quelques années à peine, l’ensemble des ressources en poissons de tout le pays se retrouve concentré dans quelques mains, une aberration et un motif de colère pour chaque Islandais.

Solla sur les marches de la galerie CRYMO

De la politique comique au comique politique

Ce voyage en Islande a été l’occasion de louer une caisse et de remonter un bout pays du Sud au Nord en sillonnant à travers mer et montagne pour aller jusqu’à Flateyri, un des ces minuscules villages de pêcheurs situé au fin fond des fjords de l’Ouest qui paient les conséquences de cette libéralisation sauvage. Là-bas, la petite usine de poissons est en cessation de paiement, mais depuis la crise, une nouvelle population est apparue. Des artistes encore et toujours. Ne voulant plus assumer la vie chère propre à Reykjavik, ils viennent ici se consacrer à leur art et passer du bon temps. On se lève à l’aube quand on ne se déchire pas trop la tête la veille pour aller pêcher quelques soles, faire de la confiture ou du pain.

Là-bas, j’ai atterri chez Malgorzata, une Polonaise de 27 ans qui vit en Islande depuis quatre années. Mélange d’écrivain, de peintre, de designeuse et de guide touristique francophone, pour gagner un peu de thunes en été,  Mao – son surnom – est devenue Islandaise d’adoption. Elle maitrise parfaitement la langue et fait partie de ces électrons libres de la scène islandaise. Au chômage, elle a pris le parti de quitter Reykjavik notamment parce qu’avec les 35% d’inflation consécutive à la crise, acheter du vin, du café, des cigarettes ou de l’essence devenait très compliqué pour elle. Pas pessimiste pour autant, Mao considère que la crise a aidé à se recentrer sur des valeurs moins capitalistes, des valeurs de partage et d’écoute.

Malgorzata AKA Mao

Beaucoup des amis islandais de Mao viennent passer des périodes indéterminées dans ce petit paradis naturel du bout du monde. C’est le cas de Lili, une productrice freelance de films publicitaires et de séries. Au détour d’une clope et d’un café dans le jardin de Mao, cette jeune fille pas tout à fait trentenaire me raconte que beaucoup de gens de sa famille sont aujourd’hui dans la merde mais que les Islandais ont été enivrés par l’argent.

Comme tant d’autres, Lili est en colère et espère que banquiers et les politiciens devront payer un jour pour le mal qu’ils ont fait à ce pays. Elle concède pourtant que le fait de participer aux manifestations et de voir ses proches morfler lui a fait prendre conscience de l’importance de participer à la vie politique. Comme à peu près tous ces jeunes avec qui j’ai trainé durant deux semaines, elle a voté pour Jon Gnarr, le comique le plus connu du pays devenu contre toute attente maire de Reykjavik en juin 2010.

De retour à Reykjavik, j’ai eu l’occasion de parler longuement de cette élection avec Frikki et Kristján Freyr – le manager du label Kimi Records – qui connaissent tout deux très bien cet ovni qui a fait rentrer des femmes au foyer et des chanteurs punk au conseil municipal de la ville. Pour eux, l’élection de Jon Gnarr traduit en fait le ras le bol vis-à-vis de la corruption des hommes politiques locaux, et met sur le devant un mec honnête, à l’esprit non sclérosé par le bullshit habituel qui sied si bien aux gouvernants.

Dans une société minuscule où tout le monde se connait, les collusions entre politiques, banquiers et journalistes étaient souvent outrageantes en raison de réseaux d’influence sont très resserrés. Les élites ont fréquenté les mêmes écoles et possèdent des intérêts professionnels et personnels irrémédiablement mêlés. Pour que les banquiers soient formellement accusés du fiasco dans la presse, il a fallu que WikiLeaks la mette devant le fait accompli en juin 2009, nombre de journalistes ayant jugé préférable de ne pas se mouiller ; une minorité ayant tout bonnement été censurée. C’est le cas de Jon Bjarki Magnusson – un jeune journaliste devenu figure nationale en faisant quelques révélations – qui passera un bout d’après-midi à me raconter comment le patron de DV – le journal pour lequel il travaillait – fit sauter une de ses enquêtes mettant en cause une des huiles de Landsbanki.

Kristj†n Freyr chez KIMI RECORDS

“La gauche doit nettoyer la merde laissée par la droite”

Aujourd’hui encore, le journalisme islandais baigne dans ses mauvais travers. David Oddsson est ainsi devenu rédacteur en chef de Morgunbladid, le principal journal du pays. Cette réalité hallucinante, tous les jeunes de la scène artistiques de Reykjavik la déplorent évidemment. Si ces Islandais ne font pas confiance à leurs médias, c’est également valable en ce qui concerne le gouvernement de gauche de Johanna Sigurdardottir, élue à la tête du pays après la crise. Tous savent, selon une expression récurrente, que la gauche “doit nettoyer la merde laissée par la droite“.

Mais tous ou presque – même s’ils apprécient souvent le personnage – considèrent que son élection n’a pas changé grand-chose. Comme me le confieront Tómas et Magnus – les membres du duo electro Quadruplos – au détour d’une énième bière chez Bakkus, on leur a parlé de transparence, mais celle-ci tarde à se faire sentir, quasiment deux ans après le tsunami politique et économique.

Tómas et Magnus, les membres du duo electro Quadruplos

Au cours de ces deux semaines passées en Islande, j’ai cru comprendre que cette jeunesse trouve cette crise salvatrice sous certains aspects, sans pour autant la considérer comme un bien absolu, la visibilité sur les conséquences en matière d’éducation, d’économie ou de politique étant encore très incertaine.

Cette incertitude face à l’avenir couplée au rejet des valeurs capitalistes et politiques qui ont façonné la première partie de leur existence explique sans doute le fait que nombre de jeunes se soient aujourd’hui tournés vers des activités artistiques et créatives. Véritable famille, cette jeune scène artistique s’organise comme une communauté, se partage ateliers et locaux de répétition et se serre les coudes, les uns étant toujours prêts à payer à bouffer ou à boire à ceux qui sont fauchés.

Pour autant, l’art ne semble pas vraiment s’imposer comme un moyen de protestation crédible. Tous ou presque ont participé à la révolution des casseroles en décembre 2008 et janvier 2009, mais sans doute plus au titre de citoyen qu’en qualité d’artiste. Quelques heures avant mon départ, j’ai pourtant rencontré une voix quelque peu dissonante. Jón Örn Lodmfjord est poète de 27 ans. Pendant et après la crise, il a tapé sur les hérauts du système à travers son journal Nyhil – un terme assez dur à traduire, contraction de nihilisme et de nouveauté. Courant 2010, le Parlement a rendu public le premier rapport sur la crise, un rapport massif de 2000 pages censé analyser et tirer les conséquences des mécanismes foireux qui ont plongé ce petit pays dans le chaos. Moquant ouvertement un document qui à aucun moment ne prend la peine de réfléchir à l’avenir, Jón l’a détourné et en a fait un livre, une satire poétique singeant le vocabulaire des hommes politiques.

Jon Orn Lodmfjord

Terrassé par une monumentale gueule de bois, ce grand brun barbu aux yeux sombres dissimulés derrière des lunettes ne mâche pas ses mots à l’égard des politiques mais aussi ses jeunes compatriotes auxquels il reproche d’avoir fait de la crise une bataille trop tournée vers des individus mais pas assez vers le système lui-même. Jón dénonce le nationalisme qui a gagné le cœur de beaucoup de jeunes et à la différence de tous les autres ne fait pas preuve d’optimisme pour l’avenir.

Malheureusement, il n’y a pas assez de débats. Beaucoup de gens essaient de créer cette distinction temporelle de “l’avant et l’après la crise” mais dans le fond, rien n’a vraiment changé. On entend souvent qu’on est revenu aux vieilles valeurs – la famille, l’entraide – mais compare avec d’autres pays et tu verras que ça a toujours été très important ici. Il faut arrêter avec cette histoire de vieilles valeurs traditionnelles de l’Islande, parce qu’il n’y en a pas. Quand j’y pense, je ne trouve pas vraiment de trucs positifs à ressortir de cette crise si ce n’est que Jon Gnarr n’aurait jamais gagné avant la crise. Mais si les gens sont en colère ils n’ont jamais trouvé de moyens crédibles pour l’exprimer concrètement.

Le constat de Jón, ce révolutionnaire dans l’âme, est critique, mais toujours est-il que pour la première fois depuis longtemps, les facs d’économie et les écoles de commerce ne sont plus pleines à craquer et la politique, domaine si longtemps laissé à quelques élites, connaît un regain d’intérêt populaire. On ne peut pas reprocher à Jon Gnarr et Johanna Sigurdardottir d’essayer de faire leur boulot, de tenter de faire changer les mentalités et de travailler à expliquer à leur nation que l’opulence d’hier n’est désormais qu’un lointain souvenir.

Mundi, Frikki, Solla, Lili, Mao, les deux Jón, Tomas ou Magnus, eux semblent l’avoir déjà compris. Alors ils avancent, à leur rythme, au gré de leur art et de leurs états d’âme, avec l’espoir sans doute de reconstruire une Islande plus saine, pas pourrie par ce capitalisme qui a désormais inondé la planète entière. Poétique et honorable, leur combat n’est pas vain et il souffle sur l’Islande un doux vent idéologique qui fait chaud au cœur quand on vit parmi ces jeunes, au contact de leurs espoirs et de leur ambition. Mais au regard de l’économie qui semble enfin repartir, il paraît bien difficile à croire que l’histoire ne se réécrira pas de la même façon en Islande comme ailleurs.


Toutes les photos sont l’œuvre de David Arnoux

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[numéro spécial "Livre"] VENDREDI C’EST GRAPHISM S02E11! http://owni.fr/2011/03/18/salon-du-livre-vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e11/ http://owni.fr/2011/03/18/salon-du-livre-vendredi-c%e2%80%99est-graphism-s02e11/#comments Fri, 18 Mar 2011 10:00:28 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=51883 Bonjour et bon vendredi ;-)

En ce jour d’ouverture du Salon du Livre, je vous propose un numéro spécial “Livre” et lecture. En effet, nous sommes à une époque où la notion de livre change et où les expérimentations graphiques autour de l’objet livre se font de plus en plus intéressantes, mêlant parfois le numérique au papier, défiant les codes de la typographie, ou dématérialisant le contenu… Un petit tour de la semaine donc, sous la loupe de l’objet livre :-)

Au programme de la semaine, des couvertures de livre en volume et en papier, un pop-up book sur iPad, de belles lettres de papier, un ouvrage cadavre-exquis aux 100 artistes, des affiches-livres-typographiques, et un WTF placé sous le signe des Brontë ;-)

Bon vendredi et bon graphisme !

Geoffrey

Voici pour commencer la semaine, le fabuleux travail graphique de Jean-Gall qui s’est penché avec un immense plaisir sur l’œuvre complète de Vladimir Nabokov, un romancier, poète et critique littéraire américain d’origine russe né à Saint-Pétersbourg. Comme vous le voyez, l’inspiration lui vient directement de sa passion pour les collections de papillons. Chaque ouvrage présente un cadre (un peu comme celui que vous utilisez pour présenter des spécimens d’insectes) dans lequel il intègre la couverture du livre grâce à du papier découpé… C’est superbe !

On enchaîne avec une amusante vidéo qui a pour but de promouvoir le livre sur iPad avec notamment le pop-up book numérique des Trois Petits Cochons. On nous présente donc la façon dont réaliser un vrai pop-up book… ou presque ! Réalisé de cette façon, ce livre offre une dimension nouvelle aux illustrations de L. Leslie Brooke et chaque petite partie prend alors vie dans cette adaptation. Je me demande si l’analogie du pop-up book mais « numérique » fait toujours sens avec l’iPad. En effet, la magie du pop-up book existe lorsqu’elle est en papier car tout est très fin et ça n’est en théorie… « que du papier ». Là avec l’iPad, et donc, le numérique, « tout est possible », la magie opère-t-elle donc de la même façon avec les enfants ? Allez savoir…

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Toujours cette semaine, voici des lettres en papier conçues et imaginées par Jérôme Corgier. Ses lettres toutes faites de papier sont publiées sur son blog qui est pour lui comme un laboratoire de production visuelle. Jérôme travaille à l’atelier de création graphique Pariri.

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On continue notre revue de la semaine avec une vidéo superbe pour la promotion d’un livre au concept vraiment terrible :-) Ce livre s’intitule “The Exquisite Book” et est basé sur le jeu du cadavre exquis. Ce n’est pas moins de 100 artistes qui ont contribué à jouer avec ce livre et à l’illustrer. Et en quelques mots… vous pouvez vous procurer ce livre aux 100 artistes pour un peu moins de 20 dollars.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Vous connaissez certainement le vieil adage “une image vaut mille mots”, mais avez-vous déjà imaginé qu’une image pouvait vraiment valoir mille mots ? Alex et Matt de NovelPoster l’ont fait. Ils ont récemment publié une nouvelle série de leur travail graphique sur ces illustrations de texte. Ces livres transformés en images présentent des romans classiques mais Alex & Matt ont également voulu représenter les personnalités d’aujourd’hui comme Lady Gaga, Shaquille O’Neal, Kanye West ou encore Katy Perry… Drôle de série donc ! ;-)

source

Allez on termine notre Vendredi c’est Graphism spécial livre avec cette très belle “fausse publicité” illustrant les figurines de la célèbre famille Brontë. Vous n’êtes pas sans savoir que la notoriété decette famille littéraire anglaise du XIXe siècle s ‘étend à tous ses membres, et particulièrement à la fratrie formée par trois sœurs, poétesses et romancières, Charlotte, Emily et Anne.

Enjoyez bien ce WTF ;-)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Pour le mot de la fin, je vous invite à faire un saut au salon du livre, ou si vous ne pouvez pas, découvrez le site lecteurs.com qui vous permet de mettre en place votre réseau social axé sur la littérature… Et si dans tout ça vous avez du temps le 7 mai, n’oubliez pas le marché aux puces typographiques.

Pour finir, le livre numérique c’est bien mais c’est encore mieux sans DRM !

Bon week-end ! ;-)

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Saul Williams : l’art du “do what you want” http://owni.fr/2011/02/28/saul-williams-lart-du-do-what-you-want/ http://owni.fr/2011/02/28/saul-williams-lart-du-do-what-you-want/#comments Mon, 28 Feb 2011 11:18:41 +0000 Owni Music http://owni.fr/?p=30503 Nous avons rencontré Saul Williams lors du Midem 2011, le marché international du disque et de l’édition musicale, alors que la sortie de son nouvel album Volcanic Sunlight est prévue pour le printemps 2011.

Saul Stacey Williams est poète, acteur, écrivain, chanteur, rappeur, artiste multi-instrumentiste…c’est un slammeur reconnu lorsqu’il est sollicité pour tenir le rôle principal du film de Marc Levin Slam en 1998. Il sort deux albums avant d’offrir The Inevitable Rise And Liberation Of Niggytardust, un album co-écrit et co-produit par Trent Reznor, le fameux leader du groupe NIN (Nine Inch Nails), en 2007 et en Pay What You Want (ou Prix Libre).

A Cannes, il n’a accepté qu’une seule interview, celle d’OWNImusic et après avoir annulé tous les concerts prévus en Europe, il a gardé la seule date du Midem Talent. Une première date face à un parterre de professionnels, qui montre à quel point cet artiste est un explorateur visionnaire, provocateur, dont le talent ne peut être ignoré puisque son succès a été maintes fois validé et que l’attente du prochain album semble interminable pour les fans.

Saul nous reçoit dans sa chambre d’hotel. Sa voix grave est apaisante, son discours aussi intègre que sa musique. Saul Williams est connu pour être un artiste “hors piste”, il est un concept à lui tout seul et cette rencontre nous a permis de comprendre la particularité de sa démarche.

Il nous explique sa perception des changements qui s’opèrent dans le monde et comment selon lui la musique et les arts en général peuvent en bénéficier. Saul a été l’un des premiers à être honnête avec son public en se réappropriant le choix qu’il avait déjà, celui de payer ou pas pour ses créations. Saul n’est pas un homme rebelle avec un esprit de contradiction systématique, mais il sait que la vie est une question d’équilibre et que chaque projet est à traiter au cas par cas.

Nous savons que cette vidéo ne pourra en aucun cas reconstituer ce que dégage le personnage, mais nous estimons que son discours est pertinent, même si les sujets abordés dans cette interview sont analysés chaque jour par des journalistes. Nous trouvons captivant que pour une fois, cette ère de mutations soit évoquée par un artiste et non un professionnel du secteur.

Ci dessous, l’interview réalisée par OWNImusic:

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Premier clip extrait de l’album “Volcanic Sunlight” : Explain My Heart

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Saul Williams a lancé la promotion de Volcanic Sunlight en Novembre avec une campagne QR code. En scannant ce code à l’aide d’un smartphone, vous pourrez télécharger gratuitement le premier extrait intitulé Explain My Heart en échange d’une adresse email:

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Retrouvez l’interview intégrale, bientôt sur OWNImusic.


Montage vidéo : Romain saillet. Crédit musique : Artner

Illustrations CC FlickR: lavid

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Lykke Li : “L’industrie, c’est un bateau qui coule” http://owni.fr/2011/01/05/lykke-li-lindustrie-cest-un-bateau-qui-coule/ http://owni.fr/2011/01/05/lykke-li-lindustrie-cest-un-bateau-qui-coule/#comments Wed, 05 Jan 2011 14:14:30 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=29334 Lykke Li, c’est le genre d’artiste qui tranche par rapport à ses congénères. Loin des poupées pop outrageusement sexy, elle incarne une voie plus indé et s’affirme détachée des excès du show-biz. Sa musique, un savant mélange de pop, d’électro teintée de rock semble, comme son interprète, faire fi des tendances et privilégier une approche brute et sincère. L’artiste, que l’on sent viscéralement attachée à sa liberté artistique et peu friande des obligations promotionnelles nous a néanmoins reçus à l’occasion de la sortie prochaine de son second album Wounded Rhymes, prévu pour le 28 février. L’occasion d’interroger Lykke Li sur sa vision de l’industrie musicale, son processus créatif, la Suède et les usages liés au web. Des réponses sans détour et une vision acérée.

Pour accompagner votre lecture, voici une playlist Spotify spéciale Lykke Li reprenant ses titres phares et ceux qu’elle évoque au cours de cette interview.

Dans quel contexte as-tu crée ce second album ?

Je sortais de quasiment trois ans de tournée, donc j’étais exténuée. J’avais besoin de dormir, de me reposer. J’avais passé tellement de temps dans des avions, des chambres d’hôtels, des bus de tournée, que je ressentais un vrai besoin de me poser quelque part. Mais bon c’était un peu un rêve et je n’osais même pas y penser ! Du coup je suis allé me poser quelques temps à New York, mais il y avait trop de monde, donc j’ai eu besoin de partir.

Je suis allée à Los Angeles, et pendant quatre mois j’y ai loué une maison. Être là bas, pouvoir me balader, cuisiner, fumer des joints, c’était le pied. Rien que de traîner un peu, d’aller à des concerts, de lire. Au bout d’un moment j’avais fait le tour de tout ça, et même si j’étais encore crevée j’ai trouvé que les démos que j’avais composées avait un son très brut dont je pouvais faire quelque chose. Je me suis alors dit qu’il fallait que je fasse un album : si je mettais ces titres de côté, je n’allais jamais être capable de les reprendre.

Le calme relatif de cette période a-t-il nourri ta créativité ?

Clairement. Je souffrais un peu à ce moment là, tu sais. Mais bon, il y a toujours de bonnes choses qui émergent de la souffrance. D’une certaine manière, la musique me remplit d’énergie et m’aide à aller mieux.

Et concernant la scène suédoise actuelle, à laquelle tu appartiens…

… Non non, je n’y appartiens pas, pour la simple raison que je n’ai vécu là bas qu’une partie de ma vie et que je n’y suis quasiment jamais. Je suis une artiste, je ne crois pas que l’art appartienne à un seul endroit. L’art, c’est pour les gamins du monde. Et moi, je n’ai rien à voir avec qui que ce soit. J’enregistre avec Bjorn (du groupe Peter Bjorn & John) mais ça s’arrête là. Vous savez, ces cinq dernières années j’ai passé à tout casser trois mois en Suède.

(ndlr : Lykke s’est illustrée en 2010 en participant à l’écriture de titres pour l’album de la gagnante de l’émission Swedish Idol, Tove Styrke. Elle a notamment écrit son gros tube (à l’échelle Scandinave) Million Pieces).

En fait je faisais plus référence à ce son pop assez avant-gardiste et aventureux, incarné entre autres par Robyn ou The Amplifetes auquel tu colles, davantage que l’aspect géographique des choses… Mais alors toi qui te sens différente de tout le monde, comment cela se manifeste-t-il ?

J’en sais rien, puisque je crois que je n’appartient à aucun courant. Je me sens très différente des autres, et je pense que je n’ai rien à voir avec les artistes que tu cites. Pourquoi je suis différente ? Je ne sais pas. Je sais que je le suis, c’est tout. Mais je crois que s’il y a pas mal de choses intéressantes qui viennent de Suède c’est parce que c’est difficile d’y vivre. Il y fait tellement froid, c’est tellement sombre, les gens sont tellement fermés… Y’a rien.

Prenez New York : les gens du monde entier y viennent parce qu’ils ont un rêve en tête. Et si vous regardez, au cours de l’Histoire il y a tellement de personnages qui sont arrivés aux États-Unis avec un rêve en tête. C’est un endroit pour les gens qui rêvent, pour les stars, les prostituées, les travestis… La Suède… y’a pas d’émotions. Tout le monde se ressemble. Si tu es un peu différent, tu te sens tellement en marge que tu te réfugies dans ton petit monde, tu t’enfermes dans ta chambre et tu commences à découvrir et écouter la scène underground (comme Suicide par exemple) et puis tu commences à créer ta propre musique. En fait on veut être comme New York dans les années 70 !

Comment te sens-tu dans l’industrie musicale actuelle ? Tu t’y sens à l’aise?

Je déteste l’industrie. C’est un bateau qui coule. Il faut faire avec, c’est tout. Je n’aime pas le fait d’en faire partie, je ne veux pas en faire partie, mais le fait est que j’y suis et que j’en dépends. Mais j’ai vraiment l’impression que tout le reste bouge alors que l’industrie de la musique est au point mort. Plus personne n’achète de disques, mais ils continuent à en fabriquer. Et moi j’suis là (bruit de ronflement)… Il n’avancent pas assez vite !

Mais bon, il existe de vraies opportunités pour que quelqu’un d’intelligent arrive et fasse quelque chose. Regardez ce qu’ont fait certains, comme Napster ! Le côté business de mon métier ne me plaît pas, et j’essaie autant que possible d’y rester extérieure.  Malgré tout, mon label me laisse une grande liberté, et heureusement. Ça ne pourrait pas marcher autrement. Je leur dis juste “tenez, c’est mon nouvel album, j’espère qu’il vous plaira !”.

En tant qu’artiste, penses-tu pouvoir faire avancer les choses ?

J’essaie juste de rester fidèle à moi même et de ne pas changer, même si les choses autour de moi bougent beaucoup. Moi ce que j’aimerais, c’est être capable de créer une communauté qui me suive, pour ne pas avoir à dépendre de quoi que ce soit d’autre. On s’en fout que mes chansons passent à la radio, que l’une d’entre elles deviennent un tube ! Si cette communauté est là et me suit, si je peux lui proposer ma musique en direct, sans intermédiaire, c’est le scénario rêvé. Ce que j’adorerais, c’est que les choses se fassent rapidement. Genre j’enregistre, je grave et je le donne aux gens. Enfin, je le leur vend, plutôt !

C’est quelque chose que permettent les réseaux sociaux. Tu les utilises ?

Ouais. On a essayé de faire les choses un peu différemment avec le dernier single (Get Some). On l’a donné en téléchargement gratuit. Et puis moi, j’y vais sur ces réseaux. En revanche je n’utilise pas Twitter. On a pris le nom, histoire que personne ne puisse s’en servir, mais ça ne m’intéresse pas de poster que je viens de boire un café. Tout le monde s’en fout, non ? Je déteste ça. J’écris sur ma page Myspace, c’est moi qui m’occupe de son design et qui décide ce qui y est publié. Ce qu’on a fait avec les paroles de Get Some (permettre aux gens de les partager sur Twitter et Facebook), c’était mon idée. On essaie d’être vraiment  connectés avec le public. Moi de toutes façons, tout ce qui m’importe c’est que les gens puissent entendre ma musique.

Ça craint vraiment que plus personne ne veuille acheter de musique, ça veut dire que je suis tout le temps fauchée, mais aussi que c’est dur de continuer à bosser parce qu’il faut de l’argent pour faire des albums, donc au bout d’un moment quand ton label investit pour que tu puisses créer et qu’il ne récupère pas sa mise, il ne recommencera pas. Pour faire un clip, tu dépends d’un budget pour la pellicule, la lumière etc, donc pour faire des trucs, il faut de l’argent. Moi je m’en fous d’avoir de l’argent dans mon portefeuille. Mais le problème, c’est que si les gens volent en permanence, comment je vais pouvoir faire des disques ? Il va falloir que je prenne un job la journée pendant trois ans pour pouvoir financer mon prochain album, c’est ça ? C’est un vrai problème, et je pense que les gens devraient en prendre conscience. S’ils aiment un artiste, ils doivent le soutenir d’une manière ou d’une autre. S’ils ne veulent pas acheter le disque, eh bien qu’ils aillent le voir en concert. Il doivent faire quelque chose.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Comment vis tu le fait que ta musique soit utilisée dans des films, des publicités, des séries etc. et les revenus additionnels que cela représente ?

Tu sais, moi je suis une “hustler”, pas une hipster. Je n’en ai rien à faire qu’une poignée de gens me trouve cool. Tout ce qui m’intéresse c’est de faire mon art, sans influence extérieure. Tu sais, je fais de la musique depuis ma chambre. Quand une de mes chansons est utilisée dans un film ou à la télé et qu’on me rémunère pour ça, ça ne me pose pas problème car je leur donne quelque chose de pur, il me donnent de l’argent en échange, ce qui me permet de continuer à produire des choses pures. Il y a bien des pubs à la radio, c’est juste la réalité de l’industrie.

J’ai déjà écrit une chanson pour un film (Twilight). Jamais je ne ferai quoi que ce soit juste pour l’argent, mais si je crois au projet, s’il est suffisamment excitant créativement parlant, s’il me permet de m’ouvrir à un nouveau public (comme ce fut le cas pour Twilight), je n’hésite pas, je fonce ! J’ai pu constater à quel point les gens prenaient ce film à cœur, comme ça les rend fous et comme ils sont également animés de sentiments très purs. Ils croient toujours en l’amour, ils sont gentils, et s’ils pouvaient se dire “oh ça me rappelle une histoire d’amour” en entendant ma chanson, ça m’irait très bien ! Le film, je m’en fiche, il est… (grimace).

Tu nous as dit vouloir avoir une communauté de fans qui te suffise à vivre de ton art. On sait avec certitude qu’il est primordial d’interagir avec cette communauté. N’étant pas une utilisatrice de Twitter et consorts, j’imagine que tu as du mal avec cette notion de contact direct…

Ma façon de communiquer à moi, c’est par la musique, mes clips etc. Et déjà là, je me livre énormément. Plus, ce serait trop, et ça me mettrait mal à l’aise. Je n’ai pas envie de surmonter cette appréhension, je ne veux pas lâcher d’avantage d’intimité. Je trouve déjà que j’en dis beaucoup. Il n’y à qu’à écouter mes chansons. Je n’ai aucune envie de dire des choses toutes les cinq minutes.

Si tu devais choisir 1 chanson, 1 album et 1 artiste ?

Je me ferais une mixtape, c’est sûr ! C’est trop difficile de choisir. Il y aurait du Nina Simone, Hallelujah de Leonard Cohen, Such A Woman et Only Love Can Break Your Heart de Neil Young, Song To The Siren de Jeff Buckley …

Quels sont tes projets de tournée pour les mois à venir ?

Alors, d’abord l’Europe en février et mars, puis je retourne aux États-Unis, ensuite pendant l’été, je ferai des festivals un peu partout dans le monde, puis l’Australie, et peut être le Japon, j’espère. Mais ils n’ont pas trop l’air de m’aimer là-bas !

Lykke Li sur le web : site / Myspace / Facebook

Interview réalisée par Lara Beswick et Loïc Dumoulin-Richet

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Nina Kinert : la Force est avec elle http://owni.fr/2010/12/17/nina-kinert-la-force-est-avec-elle/ http://owni.fr/2010/12/17/nina-kinert-la-force-est-avec-elle/#comments Fri, 17 Dec 2010 07:00:53 +0000 Anastasia Levy http://owni.fr/?p=28882 Anastasia Levy est une jeune journaliste spécialisée dans les domaines de la musique, du cinéma et de la culture. Elle collabore notamment à Libération et Usbek & Rica. Vous pouvez la retrouver sur Twitter ici.

Nina Kinert était l’invitée, pour deux soirs consécutifs, d’ÅÄÖ, le festival des musiques actuelles suédoises. L’auteur-compositeur-interprète de 27 ans vient de sortir son quatrième album, Red Leader Dream. Après avoir joué les folkeuses pendant deux albums (« J’étais ce qu’on attendait d’une jeune Suédoise à ce moment-là : une fille, avec une guitare, qui raconte des histoires avec un air grave »), elle semble enfin avoir réalisé l’album qui lui ressemble. Red Leader Dream est censé être…un script audio pour un septième épisode de Star Wars. Largement influencée par la saga de Lucas, qui l’a accompagnée depuis qu’elle est toute petite, Nina Kinert aime profondément son univers, et s’y reconnaît. En musique, elle est marquée par les voix de Kate Bush et Stevie Nicks, et adore la dream pop de Cocteau Twins. Elle voudrait créer un genre musical appelé « science-fictional-fantasy pop ». J’ai donc décidé de lui faire…une interview Star Wars, appliquée à la musique.

Vendredi matin, lendemain de son concert à l’Institut suédois. Quand j’arrive, elle m’attend devant un café. Affable, le sourire aux lèvres, on discute pendant que je m’installe. Nina Kinert ne fait pas la conversation, elle est naturelle : « C’est votre première neige ? Depuis qu’on a commencé la tournée, partout où on passe, on arrive avec la première neige ».
Je lui explique que j’aimerais faire une interview qui prenne en compte son univers. Que j’ai préparé des questions posées par les personnages de Star Wars, s’ils avaient fait partie de l’industrie musicale. De bonne composition, elle me répond :« Ok, cool », sans bien savoir ce qui l’attend.
« On va commencer avec un facile, puisque son statut est le même dans Star Wars et dans l’industrie de la musique… »

Han Solo : Si je peux accéder à des millions de chansons gratuitement sur Internet, pourquoi je paierais pour ? «Tu vois qui je suis ? »

Nina : [Elle rit] Ahah, ok, Han est le pirate !

[Elle comprend tout de suite le principe, et répond instantanément].

Je ne sais pas trop, c’est compliqué, j’aime beaucoup le fait qu’on ait accès à toute cette musique. Mais si on veut continuer à avoir autant d’artistes, un tel choix, il faut trouver un moyen pour les rémunérer… Sûrement un moyen différent de ceux qui existaient jusque-là, mais je ne sais pas lequel ! Je n’ai pas la réponse.

Han : Je crois que personne n’a la réponse, mais pourquoi ce serait à moi d’en payer le prix ? Quand Jabba me demande de l’argent, je n’ai pas l’impression qu’il soit beaucoup plus vertueux que moi…

Nina : Ahah, c’est sûr que Jabba, c’est le plus gros escroc de tous… Mais attends…c’est qui Jabba ? L’artiste ?

Han : Euh non, les majors.

Nina : [Elle rit] C’est vrai que les majors ont bien profité de la situation, des artistes et du public, pendant des années. Mais ça reste difficile pour les petits. Moi, j’ai mon propre label, Ninkina Recordings, et si tout le monde télécharge ma musique…ça va être difficile de continuer. Je peux toujours jouer live, mais ça ne rapporte pas beaucoup.

Jabba The Hut : Je déteste quand Han essaye de m’arnaquer. Mais je me fous de faire ce qui est bien ou pas. Je veux continuer à gagner de l’argent facilement. Tu crois vraiment que vous, les artistes, allez finir par me mettre en échec ?

Nina : Ben je crois que c’est déjà le cas… De plus en plus d’artistes ont leur propre label, je crois que ça ne marche plus si bien pour vous, les majors. Vous survivez, parce que vous aurez toujours les Rihanna, Pink…

Princesse Leïa : Je suis connue, j’ai du talent, et on me respecte. J’ai trouvé une bonne solution, qui respecte mes principes, et mon peuple. Tu ne penses pas que tout le monde devrait prendre exemple sur moi… ?

Nina : Tu es…Radiohead ?

Leïa : Exact. Ou Trent Reznor.

Nina : Oui, l’idée du « pay what you want » est une bonne idée, je ne peux pas le nier. Mais bon, c’est plus facile à faire quand t’es Radiohead que quand t’es Nina Kinert hein. Je ne sais pas trop comment ça marcherait pour des « petits ». Et ça pose la question de la valeur de ce qu’on fait, la valeur de notre musique. Si on a mis du temps à réaliser un album, que vaut-il ? A-t-il une valeur minimum ?

Luke Skywalker : Je suis un peu perdu. J’aimerais faire ce qui est bien, mais je vois bien que c’est plus facile d’opter pour le côté obscur, la solution illégale. Tu aurais un conseil pour moi ?

Nina : Tu es…le consommateur ? Le public ? Quel conseil je pourrais te donner… Je crois que ça n’est pas trop grave de télécharger un album, et si tu l’aimes, de l’acheter ensuite. Et si tu ne l’aimes pas, t’es pas obligé de le crier sur les toits… (elle rit).

Luke : Mais pendant des années, j’ai l’impression que tout le monde m’a menti. On m’a un peu pris pour un idiot non ?

Nina : Pourquoi tu as cette impression ?

Luke : Ben dans les années 90, il y avait cette culture du single par exemple, sur lequel on faisait un effort, pour finalement essayer de te vendre un album avec une seule chanson correcte dessus…

Nina : Oui, c’est possible, mais j’ai l’impression que ça n’est plus tellement le cas. Maintenant, de toute façon, tu peux acheter juste les pistes que tu aimes sur un album…ça change la donne. Et puis tout ça c’est une question de goût. Ça n’est pas à moi de dire, « ça c’est bien » et « ça c’est mal ». Chacun fait selon sa conscience, et les possibilités qu’il a.

Dark Vador : J’ai un pouvoir immense, que j’ai conquis en n’étant pas un modèle de vertu, bien au contraire. Pourtant, plein de gens me suivent, parce que j’ai les gadgets les plus cools [elle acquiesce] et qu’ils ont peur d’être rejetés s’ils prennent une autre voie, tout en sachant que ça n’est pas la meilleure.

Nina : … Je n’ai aucune idée de qui tu es !

Dark Vador : Je suis Steve Jobs…

Nina : Ah ah, c’est vrai qu’il est fort. Il a réussi à instaurer un système, où si tu as ça, tu dois avoir ça, puis ça, puis ça. Et ça a marché, puisque j’ai moi-même un iPod, un MacBook…

Dark Vador : Tu as entendu parler de la licence globale, que j’aimerais mettre en place ? Le client paierait un forfait, et il pourrait télécharger toute la musique qu’il veut.

Nina : Ce serait bien, mais je ne vois pas tellement comment ça pourrait marcher, au niveau mondial, avec tous ces droits différents.
Vous avez Spotify en France ? C’est une très bonne idée, pas assez poussée. Ça reste encore très limité par les accords avec les labels par exemple. Ce serait bien qu’on puisse écouter la même chose partout dans le monde. Mais les artistes sont payés à chaque fois qu’on les écoute, c’est une bonne chose.

La force : Je suis partout. Tu ne peux pas sous-estimer mon pouvoir. Tu peux m’utiliser intelligemment, ou me mépriser, mais je peux t’être d’une grande aide. Je peux avoir une influence énorme…

Nina : Euh… [pas convaincue]… la musique ?

La force : Non, je suis les réseaux sociaux, Internet.

Nina : Aaah. À vrai dire, je n’ai pas de twitter, j’ai facebook et un myspace, comme tout le monde. J’arrive pas trop à être sur Internet tous les jours, ne serait-ce que pour des raisons techniques, en tournée. Ça n’est pas toujours facile d’avoir accès à la force ! Mais quand on y réfléchit un peu, c’est incroyable : le fait de pouvoir interagir avec les gens comme ça. Quand je poste une chanson, un mec à l’autre bout du monde peut l’écouter, et me dire ce qu’il en pense…

Tu as vu le nouveau myspace ? Ce qu’ils ont fait ? Ils essayent d’imiter facebook je crois, mais c’est raté. Ils ont tout mélangé. Hier j’ai essayé d’ajouter une chanson, j’ai pas trouvé comment faire… Bon j’ai pas essayé longtemps, mais avant c’était bien plus intuitif. Sur certaines pages, tu ne retrouves même plus le player…

Obi-Wan Kenobi : Pendant des années, j’étais indispensable, les gens me réclamaient, j’étais là pour eux. Et petit à petit, ils m’ont oublié. Un jour, Luke, nostalgique d’un temps qu’il n’avait pas connu, a décidé de venir me chercher, alors que tout le monde m’avait oublié, que je m’enracinais sur Tatooine.

Nina : [Elle fait un grand sourire] Tu es…le vinyle ? J’adorerais sortir un album en vinyle. Les gens qui achètent des albums ont envie d’acheter de beaux objets, plus que des cds… C’est bien normal. Je pense qu’à l’avenir, il ne restera plus que les fichiers numériques et les vinyles.

Crédits photos : FlickR CC christoph!; djenvert; myrrh ahn

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Le guide pour créer un profil artiste sur Ping http://owni.fr/2010/11/02/le-guide-pour-creer-un-profil-artiste-sur-ping/ http://owni.fr/2010/11/02/le-guide-pour-creer-un-profil-artiste-sur-ping/#comments Tue, 02 Nov 2010 16:31:25 +0000 Gabriel Hallé http://owni.fr/?p=27605 Gabriel Hallé est consultant en stratégie musicale web. Après avoir travaillé 10 ans chez Wagram, il a monté en 2009 sa propre structure, T.E.A.M.S., dans laquelle il aide les artistes et les labels indépendants à développer leur présence en ligne.

Décrié depuis son lancement le réseau social d’Apple a été fermé pendant plusieurs semaines aux artistes indépendants. C’est désormais possible de s’y inscrire par le biais des agrégateurs de type Tunecore ou Believe.

Gabriel nous explique la démarche par un tutoriel très complet, et qui met en exergue les failles du service.

Comme vous l’avez sans doute remarqué si vous avez téléchargé la dernière version d’iTunes, Apple a lancé il y a quelques semaines Ping, un nouveau « réseau social pour la musique ».
Les artistes et les fans de musique peuvent donc désormais avoir un profil au sein même de l’interface d’iTunes pour partager leurs goûts et commenter la musique qu’ils écoutent.

Nous allons voir ici comment les artistes peuvent ouvrir et administrer leur profil Ping, quels en sont les principaux avantages et inconvénients, et essayer de voir comment utiliser correctement ce nouveau media social.

Un service très critiqué

Avant toute chose, il est important de souligner qu’au lancement de Ping, le service a été beaucoup critiqué par les blogs spécialisés et les musiciens.

Cela pour 2 raisons principales:

- Au moment de l’ouverture publique de Ping, seuls quelques « gros » artistes triés sur le volet ont eu droit à un profil artiste officiel (désormais tous les artistes distribués sur l’iTunes Store peuvent avoir un compte – voir la suite du post)

- Le réseau Ping est pour l’instant complètement « fermé ». C’est à dire qu’il est aujourd’hui impossible d’y importer ou de synchroniser des informations et des contenus à partir d’autres sites, comme vos vidéos Youtube ou vos statuts Facebook.

Pourtant, s’il est clair que le réseau social de Ping est vraiment limité et pas super cool à utiliser, on pense qu’il n’y a pas de meilleur endroit pour promouvoir votre musique que de le faire dans le magasin lui même.

Et compte tenu qu’iTunes est incontestablement le plus gros vendeur de musique aujourd’hui, il serait dommage de ne pas se pencher dessus, même si on ne veut vraiment pas s’avancer sur les résultats de l’utilisation de Ping.

Comment créer son profil Ping lorsque l’on est un artiste indépendant ?

- La première chose est d’avoir votre musique en vente sur l’iTunes Store. Si vous êtes musicien et que vous n’avez aucun titre disponible sur le store, vous ne pouvez pas avoir de profil artiste sur Ping.

- Ensuite, c’est votre distributeur digital qui doit faire la demande auprès d’iTunes pour que vous soyez admissible dans Ping en tant qu’artiste.

Pour authentifier et ouvrir un compte artiste, iTunes a mis en place une procédure avec les distributeurs (TuneCore, Believe, IDOL, IODA, CdBaby etc. – ou votre distrib physique s’il s’occupe de votre catalogue digital) pour lui fournir les informations suivantes:

L’Apple ID de l’artiste (clic droit sur le nom de l’artiste dans l’iTunes Store pour récupérer le numéro d’identification)
Le nom de l’artiste ou du manager
L’email de l’artiste ou du manager
Le numéro de téléphone de l’artiste ou du manager
L’email et le numéro de la personne qui va administrer le profil si ce n’est pas l’artiste ou le manager qui s’en charge
Tous les éventuels alias de l’artiste (dans les cas où l’artiste a sorti des albums sous différents noms)
Une fois ces informations réunies et transmises à votre distributeur, il se charge de les envoyer à Apple qui va prendre 3 semaines maximum pour les vérifier et ouvrir votre profil. Vous êtes informés par email de l’ouverture du compte et vous n’avez plus qu’à vous rendre sur Ping et suivre les instructions pour actualiser votre profil.

Vous noterez au passage qu’Apple en profite pour se concevoir une super base de données d’artistes et managers.

Et maintenant ? Que faut il faire ?

Renseignez votre profil

Votre description et les informations personnelles que vous pouvez inscrire se limite à l’essentiel:

Une seule photo
Une biographie succincte (avec la possibilité de renvoyer vers votre site officiel)
Une sélection de 10 morceaux référents qui vont permettre aux visiteurs de vous situer grâce à vos influences

Restez actif en partageant la musique que vous écoutez

Une fois que vous avez mis en place votre profil vous remarquerez également un bouton « Ping » à côté des titres de votre bibliothèque iTunes:

Si vous écoutez régulièrement de la musique dans iTunes, vous pouvez très facilement garder votre profil actif en partageant vos coups de coeur au jour le jour.
Cela nécessite très peu d’effort et partager la musique que vous écoutez avec les gens qui vous suivent sur internet, c’est une bonne façon de créer de « l’engagement » de la part de votre public. Les gens apprécieront toujours que vous leur fassiez découvrir des morceaux ou de s’apercevoir qu’ils partagent les mêmes coups de coeur musicaux que vous.

Connectez-vous avec d’autres utilisateurs

Suivez des personnes qui ont les mêmes goûts que vous. Recherchez dans le store iTunes vos albums préférés et regardez dans les commentaires. Si une personne inscrite sur Ping a laissé un commentaire vous pourrez facilement l’ajouter à votre profil en cliquant sur son nom. Et si des utilisateurs de Ping ont écrit quelque chose sur l’un de vos albums, vous avez très certainement un grand intérêt à les suivre!

Une fois que vous suivez pas mal de monde, vous allez voir un flux d’activité similaire à Facebook ou Twitter sur votre page d’activité Ping. Cela devrait vous permettre de trouver plus de gens ayant les mêmes goûts que vous, ou d’artistes dont vous vous sentez proche, ajoutez les à votre entourage et normalement pas mal d’entre eux devraient aussi se mettre à vous suivre.

Peut on réellement promouvoir sa musique par le biais de Ping ?

Ca s’annonce plutôt compliqué, car les liens externes sont ultra limités.
Pour mettre en avant votre musique clairement sur Ping, le mieux est encore d’ajouter un de vos albums dans la section « mes goûts musicaux » (à renseigner au moment où vous indiquez vos 10 chansons de référence).

Evitez de faire trop de liens vers vos propres titres dans votre flux d’activité. Abuser de l’auto-promo, c’est sûrement la meilleure façon d’encourager les gens à arrêter de vous suivre. Postez plutôt des morceaux de groupes de votre entourage, ceux avec qui vous avez collaboré, ceux qui trainent dans les mêmes endroits que vous.

Au milieu de tout ça, vous pourrez toujours poster une fois de temps en temps un lien vers un de vos titres. Dans ce cas là, accompagnez au moins le lien de quelques mots intéressants.

Regardez aussi ce guide fourni par Apple sur les « Best practices » de l’utilisation de Ping pour les artistes.

Une plateforme buggée

En ouvrant le compte Ping de Milkymee on a noté pas mal de problèmes qui on l’espère vont vite être améliorés. De nombreuses fonctionnalités manquent aussi cruellement pour gérer confortablement un profil d’artiste.

Voici quelques fails de Ping, en vrac:

Erreur de référencement

Le profil de Milkymee se retrouve classé en « Bandes Originales »…

Normalement elle devrait être quelque part entre « Folk » ou « indie Rock », mais non… Son dernier projet référencé est la BO d’un film français, ça doit être pour ça.

Damn, du code html visible !

C’est juste hallucinant de voir du code apparaitre dans la bio:

Des messages d’erreurs qui apparaissent sans qu’on comprenne pourquoi…

C’est arrivé alors que j’essayais d’uploader une image. Déjà, iTunes me disait que mon image sera publié dans « les meilleurs délais » et qu’on me préviendra à ce moment là ! Faut pas être pressé… Et puis en actualisant la page du profil, ce message est apparu ?!

Profil perso vs profil artiste

Il semble que ça ne soit pas possible de gérer à la fois un profil artiste et un profil personnel. Une fois que j’ai pu créer le compte artiste Milkymee, impossible depuis d’accéder à mon profil perso ouvert quelques semaines plus tôt au lancement de la version d’iTunes 10. Il a littéralement disparu ! Too bad, je ne peux plus m’occuper de mon propre compte et je crois qu’il faudra filouter pour pouvoir piloter plusieurs profils artistes à partir de mon ordi…

Du Rock, du Rap, de l’Electro OK, mais surtout pas de bitches, ni de drogues

Petite traduction à l’arrache d’un paragraphe des conditions d’utilisation de Ping:

messages vidéos, photos et texte ne doivent pas contenir de la pornographie, incitation à la haine, le racisme, la nudité, ou toutes références ou des représentations de l’usage de drogues.
Les messages ne doivent pas inclure des publicités ou des liens vers des sites externes iTunes.
Tout de suite, on voit qu’on va bien se marrer sur Ping !

Du social pas si social…

A la rigueur il y a encore 2 ans on aurait pu comprendre qu’iTunes refuse d’importer des données d’autres réseaux sociaux mais aujourd’hui..! tout le monde est inter-connecté non ? Une petite fonctionnalité qui permettrait de retrouver son entourage via Facebook ou son compte email c’est trop demander à iTunes apparemment… Résultat, il faut aller chercher ses amis un par un et bonne chance pour les trouver sur Ping.

Et les contenus bien sûr : ça serait quand même la moindre des choses de pouvoir importer le flux rss du blog de l’artiste, de publier des vidéos via Youtube, des photos via Flickr, ou bien sûr d’intégrer automatiquement les mises à jour de statuts de Facebook ou Twitter.

Et puis ce nom « Ping » c’est un peu pourri, non ?

N’hésitez pas à nous dire ce que vous en pensez. Dites nous si vous voyez d’autres fonctionnalités manquantes ou qui méritent d’être améliorées. Et si en tant qu’artiste ou fan de musique vous avez des bons tips à partager pour bien utiliser Ping pour la promo, ça nous intéresse !

Les commentaires sont à vous !

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Pour suivre Gabriel Hallé sur twitter : @gabhal.

Cet article a été initialement publié sur www.tea-ms.com.

crédits photos : Flickr cc : Tiger Pixel, jenniferconley, captures d’écran Gabriel Halle

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Art District – Cell http://owni.fr/2010/08/30/art-district-cell/ http://owni.fr/2010/08/30/art-district-cell/#comments Mon, 30 Aug 2010 15:06:41 +0000 Martin Untersinger http://owni.fr/?p=26147 Si on se contentait des 10 chansons de leur premier album éponyme, on serait bien en peine de deviner d’où nous viennent les sept lascars d’Art District.

À équidistance des Roots et autres A Tribe Called Quest, leurs influences sont autant d’indices qui prennent un malin plaisir à nous perdre. On se prend à les imaginer débarquant directement de la côte Est, qui défile sous nos yeux au son de leurs influences jazz et funk.

Pourtant, même si c’est bien à l’Est qu’a éclot ce collectif, bien loin de Philadelphie et de New York, c’est à Strasbourg qu’il brûle ses premières planches.

Né du hasard et d’une rencontre improbable entre un MC New-Yorkais et une bande de zicos alsaciens, Art District a écrit plus de tubes en un seul et unique album que pas mal de groupes dans toute leurs carrières. D’un “Back in the day” presque lascif et envoûtant à un “Moz’Art District” enjoué et en passant par un “Cell” urgent et incandescent.

Cell“, justement. C’est le titre que nous avons choisi, frappés par son évidence. Un refrain tonitruant, une basse délicieusement funk et un flow bondissant font de cette chanson un hymne délicieusement groovy.

Élégant et évident, cet hymne ne pouvait rester longtemps étranger à cette étrange aventure qu’est OWNImusic. L’album est en écoute un peu partout, et disponible sur le site du groupe.

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> Lire une interview du groupe

> Écouter l’album sur Deezer

> Écouter l’album sur Spotify

Crédits photos CC : Elements Records

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