OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 YouTube : “la musique gratuite rapporte autant que la musique payante” http://owni.fr/2011/02/22/youtube-la-musique-gratuite-rapporte-autant-que-la-musique-payante/ http://owni.fr/2011/02/22/youtube-la-musique-gratuite-rapporte-autant-que-la-musique-payante/#comments Tue, 22 Feb 2011 14:04:21 +0000 Eliot Van Buskirk http://owni.fr/?p=30457 Eliot Van Buskirk écrit pour le site Evolver.fm et s’interroge sur les problématiques liées à l’évolution des business models de la musique.

Baby, de Justin Bieber, la vidéo la plus vue sur YouTube

Alors que les maisons de disques et les sites de musique en ligne se battent pour convaincre les fans de musique de continuer à payer la musique, YouTube, lui-même un acteur majeur du secteur de la musique enregistrée, affirme que la distribuer gratuitement est aussi rentable pour les ayant-droit que de la faire payer, le tout étant inextricablement lié aux services de musique en ligne freemium comme Spotify et le très attendu Google Music.

Dans un entretien accordé à Evolver.fm au début du mois, les dirigeants de YouTube confirment que le site peut rapporter aux labels autant que des services payants et mettent en avant l’augmentation oscillant entre 200 et 300% de recettes que le site a générées auprès des titulaires de droits d’auteur l’année passée. Ils incombent cette forte croissance à l’augmentation générale du trafic notamment sur les téléphones mobiles, à des formats de publicité optimisés et plus rentables, à l’intégration d’AdWords dans le contenu vidéo (à travers lequel les annonceurs proposent des publicités que l’internaute « choisit » de regarder), à une nouvelle génération de curateurs qui partagent les vidéos sur les blogs et les réseaux sociaux multipliant ainsi leur audience, à des équipes commerciales plus efficaces particulièrement au sein de Vevo (une joint-venture associant Google, les principales maisons de disques et Abu Dhabi) ainsi qu’au système d’identification de contenu de YouTube qui permet aux détenteurs de droits d’auteur de gagner de l’argent même dans le cas d’une utilisation frauduleuse de leurs chansons.

« Nos plus gros partenaires musicaux gagnent plusieurs millions de dollars par mois » confie Chris Maxcy, le directeur des partenariats liés aux contenus sur YouTube. « Ce qui est également très impressionnant, c’est le niveau de croissance. Les niveaux de monétisation ont été multipliés par 2 voire 3 et ce seulement sur l’année passée…Nos labels partenaires sont ravis et nous misons sur une poursuite de la tendance. J’espère que d’ici un an nous pourrons annoncer de nouveau une multiplication des recettes par 2 ou 3 ».

Selon YouTube, la musique gratuite est aussi rentable que la musique payante. Et cela pourrait inspirer Google…

« Nous ne sommes pas attachés à un unique modèle payant en soi » explique Phil Farhi, un chef de produit au sein de l’équipe responsable des solutions de monétisation pour YouTube chez Google. « Nous nous sommes jusque là beaucoup concentrés sur la publicité, mais si certains utilisateurs dépensent de l’argent pour du contenu, d’autres dépensent du temps et de l’attention. Nous nous sommes penchés sur cette seconde catégorie. Et nous voyons qu’en optimisant vraiment tout, nous pouvons rapporter aux labels autant que les autres. »

Certains ne considèrent pas la valeur de la musique gratuite car ils demeurent trop concentrés sur son prix.

« C’est un piège connu : les gens se concentrent uniquement sur le prix des services intégrant la publicité en opposition au prix des plateformes d’abonnement ou de téléchargement », précise Phil Farhi. « Il ne faut pas seulement s’intéresser au prix mais aux niveaux d’audience et de visionnages atteints. »

La gratuité d’un produit en augmente la consommation. C’est une règle microéconomique avérée et une tendance prévisible. En effet qui ne voudrait pas d’un repas gratuit ? Ce qui est plus surprenant c’est que YouTube affirme pouvoir générer autant de recettes que des services payants à l’instar d’iTunes.

« Si on se penche sur les chiffres de Lady Gaga et que l’on compare le nombre de visionnages d’une vidéo sur YouTube et le nombre de téléchargements sur iTunes, il est évident qu’elle gagnera plus d’argent au travers d’un téléchargement payant que d’un visionnage sur YouTube » explique Phil Farhi. « En revanche si l’on raisonne en termes de trafic (c’est à dire le nombre de personnes qui regardent plusieurs fois ses vidéos, qui les regardent avant même de télécharger la chanson ou même découvrent l’artiste sur YouTube) il est aisé de comprendre comment ce système gratuit peut rivaliser avec un service payant. »

Le dilemme entre musique gratuite et musique payante a d’autant plus d’écho que la musique est aujourd’hui de plus en plus distribuée via des applications installées sur les téléphones mobiles, ordinateurs et à terme télévisions ou même autoradios. Les petits développeurs ne pouvant négocier des licences en propre auprès des labels mais désirant intégrer la lecture de morceaux complets à leur offre font face à un choix difficile. Ils peuvent soit intégrer gratuitement les vidéos YouTube à leur application (via Discovr) soit développer un abonnement limitant le temps d’écoute à 30 secondes pour les non-inscrits (MusicMapper).

Il y a quelques semaines, nous avons interrogé YouTube sur les risques que font peser sur l’industrie musicale une offre de musique gratuite et à la demande devenant une alternative à des services tels que MOG, Rdio, Rhapsody ou Spotify auprès des utilisateurs et des développeurs.

« Vous soulevez des questions intéressantes au sujet de certaines de ces applications » nous a répondu le directeur des partenariats liés aux contenus  Chris Maxcy. « Notre philosophie est la suivante : nous souhaitons rendre notre contenu le plus accessible possible. Nous voulons être la plus grande plateforme de divertissement, et nous pensons l’être déjà. Nous voulons nous assurer que les internautes ont accès aux vidéos par différents moyens…Tout cela est positif mais le risque avec ce principe et le système attenant, c’est que quelques personnes dans le monde abuseront de votre bonté et de l’accessibilité du contenu. Avec nos APIs, la grande majorité des développeurs respecte nos conditions d’utilisation. »

Sur les 1à vidéos les plus populaires sur YouTube, sept sont musicales

Les conditions d’utilisation de l’API YouTube précisent que les développeurs qui veulent intégrer des morceaux entiers à leur application peuvent le faire seulement s’il s’agit d’applications non commerciales (NB : cette information a été livrée par Farhi lors de l’entretien mais apparemment YouTube autorise l’utilisation de son interface dans une optique commerciale), si les vidéos complètes sont présentées et non seulement la musique qui en est extraite, et si les publicités de YouTube sont prises en compte.

Songza, Muziic et d’autres services n’ont pas respecté ces règles il y a quelques années, suite à quoi YouTube leur a interdit l’accès à son API ou menacé d’interdiction.

« Je pense que les applications intégrant la musique sont une excellente idée et nombre de services sont sérieux. Il est plus intelligent pour un développeur de s’assurer de respecter les conditions d’utilisation que de penser pouvoir les contourner pour accéder à notre plateforme » précise Phil Farhi. « Ils seront obligés de cesser leur activité et l’expérience du consommateur sera mauvaise car il ne pourra plus regarder les vidéos YouTube ».

Il est donc clair que si les développeurs d’applications poussent trop loin leur intégration de YouTube, ils en seront empêchés et YouTube a prouvé par le passé être capable de telles mesures. En revanche le constat que la musique gratuite est aussi rentable que la musique payante prouve que les développeurs devraient inclure les deux options : des vidéos YouTube pour les fans qui ne veulent pas payer pour écouter de la musique et un service d’abonnement tel que Rdio pour ceux qui désirent le faire.

A terme, le véritable bénéficiaire du postulat « la musique gratuite et la musique payante génèrent autant de recettes » pourrait être Spotify, ou même Google.

Phil Farhi constate le succès de Spotify sur la plateforme Facebook en Europe, car les internautes intègrent les liens Spotify à leur fil d’actualité (la version gratuite offre jusqu’à 20 heures de musique par mois). De plus, Spotify s’intègre directement à Facebook comme un réseau de partage musical. En revanche aux Etats-Unis les utilisateurs de Facebook préfèrent largement intégrer la musique via YouTube, comme chaque fan de musique américaine sur Facebook a pu le constater.

L’atout de Spotify réside dans sa capacité d’une part à rentabiliser l’écoute gratuite au travers de la publicité, d’autre part à permettre aux utilisateurs prêts à payer des services supplémentaires (application mobile, lecture hors ligne, meilleure qualité de son, absence de publicité) de ne pas changer de service et risquer de perdre leurs playlists, notes et contacts.

La leçon à tirer du débat entre YouTube et les services de musique payants est que Spotify, ou un type de service équivalent tirant profit à la fois de la musique gratuite et payante, est capable de générer des recettes au sein d’une industrie en proie à une profonde crise.

Article initialement publié sur Evolver.fm et traduit par Audrey Malmenayde.

Crédit photos : FlickR CC codenamecueball & captures d’écran.

]]>
http://owni.fr/2011/02/22/youtube-la-musique-gratuite-rapporte-autant-que-la-musique-payante/feed/ 4
Google vs. music http://owni.fr/2011/02/02/google-vs-music/ http://owni.fr/2011/02/02/google-vs-music/#comments Wed, 02 Feb 2011 09:38:03 +0000 Music Ally http://owni.fr/?p=30064 Cet article fait partie d’une série publié sur le site Music Ally, et disponible ici.

La relation de Google avec l’industrie musicale est la définition même de “meilleur ennemi”. Avec YouTube et Vevo, la firme de Mountain View est devenu un partenaire incontournable des labels, mais a chuté particulièrement brutalement avec GEMA (société de gestion collective en allemagne). Son attitude à l’égard du copyright a été le principal point d’achoppement, du moins jusqu’à l’annonce surprise de décembre.

La situation de Google est un peu particulière : l’entreprise possède la plus grosse plateforme de consommation de musique au monde (YouTube), mais c’est aussi le plus gros répertoire de musique illégalement téléchargeable au monde. L’entreprise a lancé en Chine un service de téléchargement anti-piratage financé par la pub, alors que son service AdSense affiche régulièrement de la publicité pour des sites pirates. Oh, est-ce que nous avons mentionné le fait qu’ils voulaient lancer un service de stockage de fichiers ‘dans les nuages’.

YouTube reste en désaccord avec GEMA et plusieurs artistes en Allemagne, même si il a résolu son différend avec PRS Music en Grande-Bretagne. Son procès pour violation de copyright contre Viacom était un rappel salutaire du chemin parcouru depuis son rachat par Google : son système ContentID a aidé avec succès les labels à gagner de l’argent avec les contenus uploadés par des utilisateurs tiers, même si les éditeurs se sont plaints de la manière dont Google reconnaissait les ayant-droits dans ce domaine.

D’une certaine manière, beaucoup des problèmes historiques entre Google et l’industrie de la musique se résument à un choc des cultures, incarné cette année par un tweet de Nikesh Arora, cadre de Google : “Je vais discuter avec l’industrie musicale britannique cette semaine. Des idées sur des choses à propos desquelles je dois les éclairer ?” Cela n’a pas aidé Google à changer la manière dont il est perçu : arrogant et pas assez inquiet des problèmes des ayant-droits.

C’est pourquoi l’annonce récente sur les infractions au copyright est si importante, sans parler du fait que certains corps de l’industrie musicale – notamment le BPI – s’inquiètent que Google n’aille pas assez loin.

L’entreprise s’est efforcée de simplifier son formulaire de retrait de contenu, d’améliorer sa fonction ‘Suggestion’ afin que les utilisateurs ne soient pas incités à rajouter ‘torrent’ ou d’autres termes associés au piratage à leurs recherches et de travailler avec des services de musique légaux pour offrir des extraits gratuit au sein des résultats de recherche.

Ce que Google ne fait pas, c’est de retirer automatiquement les sites contrevenants de ses résultats de recherche, en tout cas pas sans une demande de retrait. C’est ce qui a provoqué la colère de BPI, faisant dire à son patron Geoff Taylor que Google “ignorait le coeur du problème – et que sa recherche dirigeait une écrasante majorité de consommateurs à la recherche de musique ou d’autres divertissements numériques vers des sites illégaux”.

Cependant, d’autres actionnaires ont confié à Music Ally que les progrès de Google correspondaient à leurs attentes en matière de changement dans ses services. Le point important, c’est que Google a écouté l’industrie et a évolué sur la plupart de ses sujets d’inquiétude. De manière assez peu surprenante, étant donné que Google est simultanément en négociation avec des ayant-droits en vue de lancer son propre service musical, ce qui requiert autant de bonne volonté que possible, étant donné également ses propositions de stockage ‘dans les nuages’.

Si 2010 était l’année du “processus d’écoute”, 2011 sera celle où Google Music pourra peut-être prouver qu’il peut faire une différence pour l’industrie de la musique – comme l’espère Edgar Bronfman Jr de WMG, à en juger des commentaires sur ses derniers résultats trimestriels. Le lancement en décembre de Google eBooks fournit une preuve limpide de l’ambition de l’entreprise : un service qui permet aux gens d’acheter des e-books et de les lire sur différentes plateformes, appareils ou navigateurs.

L’histoire de iTunes a rendu les ayant-droits méfiants vis-à-vis des entreprises hi-tech qui leur promettent de révolutionner leur business, mais cela les pousse également à encourager la concurrence d’iTunes dans l’écosystème de la musique. Google pourrait faire l’affaire : c’est pourquoi 2011 pourrait voir l’industrie musicale surveiller de très près son meilleur ennemi.

Article initialement publié sur Music Ally et traduit par Martin Untersinger.

Crédits photos CC FlickR Lars Plougman, Sonicbloom, dullhunk

]]>
http://owni.fr/2011/02/02/google-vs-music/feed/ 4
Industrie musicale : fini de rêver http://owni.fr/2010/10/14/industrie-musicale-fini-de-rever/ http://owni.fr/2010/10/14/industrie-musicale-fini-de-rever/#comments Thu, 14 Oct 2010 17:11:20 +0000 Wayne Rosso http://owni.fr/?p=27057 Wayne Rosso, auteur sur The Music Void et administrateur de son propre site Wayne’s World, propose nombre de billets pertinents sur l’état actuel de l’industrie musicale. Il s’intéresse aujourd’hui sur un ton sarcastique aux mauvais choix effectués par les gros bonnets de l’industrie musicale concernant les opportunités offertes par la vente en ligne.

Cette semaine, John Lennon aurait eu 70 ans. Cela m’a fait penser aux célèbres paroles de sa chanson “God” : “The dream is over” (fini de rêver).

La chanson fait sans doute référence à la fin des Beatles, mais il semblerait qu’elle s’applique également aux services de musique en ligne autrefois très prometteurs.

Investir ? Non merci.

L’espoir d’être à l’origine de la transformation la plus profonde de l’industrie musicale, qui a inspiré les entrepreneurs il y a plus de dix ans, a fini par être anéanti par les gens qui en auraient tiré le plus de profit : ceux de l’industrie de la musique.

Les jeux sont faits. Plus aucun protagoniste de poids ne mettra un pied dans le business. Les investisseurs ne veulent pas nourrir l’illusion qu’ils financeront la moindre start-up liée à la musique, qu’elle soit brillante et innovante ou non. Comme l’a confié le représentant d’un grand groupe de média il y a quelques mois, il en ont marre de signer de gros chèques d’avances aux labels. Sans parler des énormes honoraires dont les start-up doivent s’acquitter pour acquérir leur licence, un procédé qui prend au minimum un an (sans vraie raison, serais-je tenté d’ajouter).

L’ironie de tout cela réside dans le fait que les labels se sont mis-eux mêmes dans la situation où ils doivent dépendre du gros de leurs ventes numériques  via ds boites qui se contrefichent de vendre de la musique : Apple, Amazon et maintenant Google. Ces géants génèrent  des revenus  immenses, mais 99,9% de ceux-ci n’ont rien à voir avec la vente de musique en ligne.

Vous vous souvenez quand les gens de l’industrie de la musique s’est écriée “plus jamais” quand ils ont enfin compris qu’Apple gagnait une fortune grâce aux ventes d’iPods ? Ils disaient alors que jamais plus ils ne laisseraient un fabricant de hardware s’en tirer sans leur reverser une partie de ses bénéfices. Doug Morris a brillamment mis cette menace à exécution : pour chaque “Zune” vendu, c’est 1$ qui lui revenait. Bien joué, Doug ! Tu devrais aller préparer des burgers au McDo. Avec l’argent que tu t’es fait grâce à ce deal, tu pourrais te payer un menu Best Of pour le déjeuner.

Un dirigeant expérimenté du secteur de la musique en ligne m’a récemment dit que “les labels, c’est de la sous merde. Ils vont à Cupertino (ville abritant le siège d’Apple, ndt), laissent Steve Jobs leur donner la fessée, reviennent chez eux et essaient de piquer tout ce qu’ils peuvent aux start-up pour se remonter le moral.

Non, Google Music ne sauvera pas l’industrie.

Le fait que Google ait à coeur de s’imposer comme un acteur sérieux avec une vraie offre musicale donne des sueurs froides à tous les juristes de maisons de disques. Ils ont l’impression que tout va changer à cause de ça.  Ce n’est pas le cas. Les gens ont tendance à oublier que ce n’est pas parce que c’est Google que ça va cartonner.  Ils traînent leur lot de casseroles : vous vous souvenez de Google Wave et Buzz ?

Les labels comptent sur Google pour les libérer de l’étreinte mortelle d’Apple. Ca n’arrivera pas. Il est certes possible que Google absorbe quelques parts de marché, mais pas au détriment d’Apple. C’est comme ça qu’a procédé Amazon avec son site de vente de musique en ligne.

De ce que l’on sait, Google ne va rien proposer de particulièrement innovant. En gros, il s’agit d’un clone d’iTunes assorit d’un service de stockage payant. Ca n’a apparemment rien de plus que ce qui a déjà été fait par d’autres. Personne ne paiera 25$ par an à Google pour stocker sa musique sur un cloud. Les labels comptent sur la moitié de ce revenu. De plus, les noms qui circulent dans les médias pour prendre la tête de Google Music sont juste grotesques.

Ce que l’industrie a accompli, c’est exactement ce dont elle n’avait pas besoin. Ils ont anéanti la concurrence. Bravo. Fini de rêver.

Article initialement publié sur The Music Void et Wayne’s World

Crédits photos : FlickR CC : flickrich ; shallowend

]]>
http://owni.fr/2010/10/14/industrie-musicale-fini-de-rever/feed/ 3
Google s’attaque à la musique http://owni.fr/2010/06/09/google-sattaque-a-la-musique/ http://owni.fr/2010/06/09/google-sattaque-a-la-musique/#comments Wed, 09 Jun 2010 06:27:26 +0000 Julien Combeau http://owni.fr/?p=17960 Longtemps, on a cru que Google ne s’intéressait pas à la musique. Pourquoi s’approcher d’un univers totalement démonétisé alors que la société bigleuse a réussi à monétiser le lien hypertexte?

Il était donc facile de croire que la firme de Moutain View avait abandonné à son -ancien- partenaire Apple et iTunes une situation de position plus que dominante. Mais après Google TV, Google a annoncé il y a quelques jours, de façon très discrète à l’occasion de la dernière conférence Google I/O, la création de…….Google Music.

L’idée est de proposer une plateforme permettant à l’internaute à partir d’un PC l’écoute de musique en streaming ainsi que du téléchargement, et ce à partir du catalogue musical de l’Android Market.
Jusqu’ici, rien de bien révolutionnaire, et surtout un respect scrupuleux des contraintes de droits et de catalogue… on est dans le domaine de la copie privée et  grâce à la technologie Simplify récemment acquise, le service Google Music permettra l’accès au contenu à distance et sans DRM sur les appareils Android.

Il donc sera possible de lire de la musique présente sur un ordinateur depuis son téléphone portable. Une fonctionnalité plus qu’intéressante que ne propose pas, à ce jour, iTunes.

Une autre start-up lui a emboité le pas.

Il s’agit de Rdio, immaginée par  Niklas Zennstrom et à Janus Friis qui ne sont autres que les fondateurs de Kazaa ou encore Skype, qui propose du contenu en streaming accessible de son PC mais également depuis d’autres supports (téléphone mobile).

« L’idée est de créer un service de streaming sur abonnement partagé entre le bureau et mobile »

explique Drew Larner, PDG de Rdio.

« Pour quelqu’un qui est intéressé par l’abonnement, la notion de propriété est devenue moins importante que l’idée d’une diffusion à la demande »

Le cloud fait donc enfin son apparition, et c’est indiscutablement dans l’intérêt des utilisateurs, avec bien évidemment la disparition de toute contrainte physique et matérielle au profit d’un contenu et d’une musique global que l’on ne peut théoriquement plus perdre.

Pour revenir à Google, son arrivée dans le monde musical semble donc être la meilleure des nouvelles dans le meilleur des mondes, mais à y regarder de plus prêt, rien n’est vraiment réglé.
Voici donc quelques pierres à coller dans le jardin -plantureux- de Google.

Petit caillou N°1

S’il n’y a pas de moyen d’acheter de la musique dans Google, (à ce jour, rien ne semble l’indiquer), on sait où vont aller la chercher les utilisateurs… Google est donc un petit peu hypocrite sur ce sujet.

Petit caillou  N°2

Mettre une fonction envoyer à un ami ne coûte pas grand chose et il serait dommage de ne pas y songer… Or, c’est la boite de Pandore que l’on ouvre en grand. Je peux très bien avoir 5000 amis. La notion d’usage privé serait certes un peu galvaudé, mais google l’a montré, les prérogatives de certain sur les droits ne lui posent qu’assez peu de problèmes de conscience.

Petit caillou N°3

Autre défi à relever, avoir accès à son catalogue PC depuis son mobile à tout moment, c’est bien, mais encore faut-il que le support Android permette sur le plan technologique une écoute prolongée sans diminuer la batterie à vue d’œil. Restez connectés 30 minutes sur Deezer à partir de votre iPhone et aurez une appréciation concrète du problème…

Petit caillou  N°4

Ces trois petits point sont sans doute toute la différence qui tiendrait éloigné la firme aux deux OO du mass market. Or Google n’est pas précisément connu pour être capable de se cantonner aux marchés de niche.

On peut donc s’attendre à un empiètement progressif des droits des ayants-droits et une réaction proportionnellement virulente de leurs parts.  A ceci près qu’avec ses 24 milliards de trésorerie et son propre fonds d’investissement – Google Ventures – par l’intermédiaire duquel la firme investit quelques 100 millions de dollars par an dans des start-up, Google apparaît à l’heure actuelle comme le seul acteur pouvant se battre à armes égales avec la firme de Cupertino, et plus encore (pour ne pas dire plus) avec les Deezer, Spotify, et consorts de ce monde.

Est-ce donc pour autant la fin d’une situation abusivement dominante d’Apple? On peut commencer à compter les coups. Pour le moins, il est certain que Steve n’a pas dit pour autant son dernier mot. On attend donc avec impatience la version Lala-isée de Itunes… Et plus encore sa déclinaison mobile.

Article initialement publié sur Sawndblog sous le titre : “Google s’attaque à la musique, est-ce que ça va faire mal?”

> Illustrations CC Flickr par Johan Larsson et Stéfan

]]>
http://owni.fr/2010/06/09/google-sattaque-a-la-musique/feed/ 2