OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Le web social ou la redéfinition de la valeur http://owni.fr/2010/11/25/le-web-social-ou-la-redefinition-de-la-valeur/ http://owni.fr/2010/11/25/le-web-social-ou-la-redefinition-de-la-valeur/#comments Thu, 25 Nov 2010 09:43:21 +0000 Thierry Lhôte http://owni.fr/?p=36869 Si l’on accole l’adjectif social au mot web (on l’a fait pour à peu près tous les termes existant: entreprise, démocratie, raison, etc.), c’est que dans l’optique d’un réseau on met l’accent sur les chaînes relationnelles. Si ces chaînes relationnelles, introduites par les rencontres sur le web, étaient identiques à celles construites dans tout type de société, locale ou nationale, le distinguo s’arrêterait là et nous pourrions clore le débat. Heureusement, ce n’est pas le cas, et l’on peut parler du web social comme d’une entité particulière, un construit commun sur un construit technique.

L’apparition du web social s’est faite avec le constat d’un mouvement de désintermédiation globale au sein de la sphère publique, mouvement analysé par Yochai Benkler dans son ouvrage sur la richesse des réseaux. La question centrale du web social, pour le moment, reste donc celle de la crise institutionnelle que nous subissons en héritage du monde industriel.

Repositionnement global de l’action

Il suffit de lire Balzac au moment des Illusions perdues pour observer que l’apport institutionnel du XIXème siècle, avec le développement massif des médias et de la presse, est le triptyque suivant: politique, affaires et culture de masse. Ces fondements sont remis en cause au nom de cette désintermédiation de la société, par la croissance de chaînes relationnelles parallèles qui échappent à ce jeu d’intérêts croisés qui s’était progressivement formalisé jusque dans son aboutissement: la culture dominante télévisuelle.

Le problème soulevé par le web social, c’est que la perte de cette position centrale demande un repositionnement global de l’action et du discours d’à peu près tous les acteurs institutionnels de la société pour justifier à nouveau leur existence et ceci sans garantie même de survie, disons le net, ils n’ont pas le choix: l’entreprise, le journalisme, les représentations légales, etc.

L’un des traits marquants de cette crise institutionnelle est qu’elle coïncide avec une crise d’efficacité économique. Et ceci a été mis en valeur par Umair Haque. Il serait impossible de justifier l’une par l’autre, mais la découverte de cette coïncidence est proprement géniale.

Crise de la valeur

Il ne s’agit pas de la crise des valeurs, mais d’une crise de la valeur. Lorsque l’on parle de crises de valeurs, généralement c’est pour réclamer un retour à un certain ordre moral compassé. Rien de bien nouveau car on peut librement attribuer cela à l’éternelle danse des moeurs, relâchement et resserrement au cours des siècles.

Une fois qu’on a remarqué l’association de l’inefficacité économique dévoilée par la crise financière avec l’inauthenticité des formes de représentation institutionnelle dévoilée par la désintermédiation, le repli social indique la voie vers une rupture naturelle : une redécouverte de la notion de valeur qui ne devient possible qu’avec la redéfinition du sens de l’action entrepreneuriale et, allons plus loin, politique. Tout se passe et s’écrit comme si la redécouverte du bon sens ou du sens commun devrait s’opérer avec la nécessaire redécouverte de la valeur d’usage comme d’utilité personnelle autant que d’utilité commune.

Le miroir du web fait que les personnes peuvent à présent s’identifier avec l’image d’une culture projetée plus authentique et débarrassée de ses artifices. Tout ce qui ne cadre plus dans cette logique reste à la porte, voire pire, peut se retrouver décriée jusqu’à la catastrophe, comme en atteste l’affaire du Logo de la marque GAP.

Et c’est la seule chose dont on peut être à peu près certain: s’il y a génération de valeur ou de richesse par le truchement du Web social, c’est le plus souvent une valeur non-apparente ou cachée et qui ne se traduit pas couramment en monnaie classique mais qui fait curieusement sens pour l’ensemble.

Le reste c’est du business model. On devrait toujours se poser la question suivante avant d’innover : pourquoi l’univers de l’Internet et du web semble hyper-résistant depuis quinze ans à la réalisation d’innombrables business models ?

Et ce que l’on appelle le web social n’aura de cesse d’y répondre à chaque fois qu’on le consultera.

Billet initialement publié sur Net & Sans Détour

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Crédits photo: Flickr CC Sreejith_K, victoriapeckham

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Comment faire payer l’information? http://owni.fr/2010/04/28/comment-faire-payer-linformation/ http://owni.fr/2010/04/28/comment-faire-payer-linformation/#comments Wed, 28 Apr 2010 09:58:58 +0000 Marc Mentré http://owni.fr/?p=13823 Tout part d’une question: quelle est la valeur de l’information sur Internet? Est-ce une commodity, c’est-à-dire un bien banal, quelconque, indifférencié, dont la valeur ne dépend que de la loi de l’offre et de la demande, sachant que la demande est surabondante? Par exemple, tous les sites ont parlé abondamment et à peu près dans les même termes du volcan islandais et de son nuage. “Vous ne pourrez pas faire payer pour cela”, explique Mark Glaser de MediaShift.

À l’inverse, l’information a-t-elle une réelle valeur? Alors, “il faut que cette valeur revienne à son légitime propriétaire”, comme le revendique Claudio Guia, directeur du développement du groupe L’Expresso.

Selon que l’on adopte l’un ou l’autre de ces points de vue, la stratégie à mettre en place diffère considérablement. Pour Claudio Guia, les choses sont claires: “L’information a beaucoup de valeur et ce quelque soit la plateforme, télévison, radio, print”. C’est avec Internet que les choses se gâtent.

Alors que l’information est le moteur du trafic, “sa valeur se déprécie immédiatement” sur la toile. La faute à une concurrence exacerbée. Et le modèle payant ne peut pas marcher. “C’est trop tard, affirme-t-il, ce ne peut pas être le modèle gagnant, car trop de monde produit de l’information.” Par exemple, explique-t-il, si L’Expresso propose une application payante pour l’iPhone, je consulterai celle de La Stampa qui sera gratuite”.

Les éditeurs cherchent à négocier une fair compensation avec Google

Si le payant ne marche pas, la seule source de recettes demeure donc la publicité [NDLR: chez Owni, on est moyen d'accord]. Mais double problème. L’un spécifique à l’Italie, où Mediaset, le groupe de Silvio Berlusconi, possède les principaux réseaux de télévision [le seul concurrent privé sérieux en Italie est Sky de Rupert Murdoch] et “c’est là que va l’argent”, martèle Pietro Varvello de RCS [ce groupe édite notamment le Corriere della Serra].

L’autre est spécifique au web: les internautes goûtent peu les publicités invasives: “Nous avons eu des réactions très négatives à propos d’une publicité Vodaphone, sur le site de L’Expresso, dit Claudio Guia. Et se dresse un nouveau et puissant concurrent: les réseaux sociaux, “qui peuvent faire maintenant de la publicité ciblée”. Il ne reste donc selon cette approche qu’une seule voie de salut: négocier avec Google et les autres moteurs de recherche une fair compensation (“compensation équitable”).

Problème, remarque Pietro Varvello, “la fair compensation fonctionne pour les producteurs d’information, mais non pour les utilisateurs pour qui l’information sera toujours à très faible valeur”. Pour lui, il faut donc trouver un modèle économique plus en ligne avec le marché et, en premier lieu, se demander qui est intéressé par l’information, car

“si quelqu’un l’est, la plateforme [télé, radio, web ou papier] importe peu. La vrai difficulté tient à ce que le rôle de l’information décroit, parce que les gens ont de moins en moins de temps à y consacrer”.

“Les gens veulent entrer dans le contenu”

Il existe pourtant plusieurs modèles payants, le premier d’entre eux étant le micro-paiement. Mark Glaser balaie l’idée de créer un équivalent d’ITunes pour l’information: “Il faudrait trouver un système aussi simple, et surtout, il n’est pas sûr que les gens voient les ‘morceaux d’information’ comme ils voient les morceaux de musique”.

En fait, la plupart des propositions de modèles payants tournent autour de celui mis au point par le Financial Times et que devrait adopter en 2011 le New York Times. Son principe est simple: l’internaute peut consommer un nombre limité d’articles par mois et dès qu’il dépasse un certain niveau, il doit payer un abonnement pour avoir accès au contenu. “Le freemium est le saint-graal, pour beaucoup de monde”, s’amuse Mark Glaser.

Il y a de nombreuses autres réponses, dont ne fait pas partie le micro-paiement. “Cela fonctionne pour la musique, grâce à iTunes notamment qui est un système simple d’usage, mais il n’est pas certain que les les gens voient les morceaux d’information comme ils voient les morceaux de musique”.

En revanche, il retient l’exemple de ces nombreuses start up (Voice of San Diego, Minn Post, Propublica, Spot.us…) qui ont démarré directement sur le web sans s’encombrer des lourdes infrastructures que nécessitent le print. “Ces start up deviennent d’une taille de plus en plus importantes et commencent à trouver un modèle économique viable [sustainable model].”

La voie royale est certainement le marché d’information de niche (locale, de sports, etc.), mais ajoute-t-il, “certains sites font plus d’argent avec la publication print qu’ils ont lancé”.

Surtout  insiste-t-il, “les gens veulent entrer dans le contenu“. La participation, la création de communautés actives autour des sites sont sans doute une des clés de la rentabilité des sites. “On peut alors utiliser des publicités ciblées”, analyse Mark Glaser.

La pente à remonter est à l’évidence considérable.

<Une centaine de personnes, dont environ la moitié de journalistes, assistait à ce débat. Seules trois mains se levèrent lorsque l’animateur demanda qui avait déjà payé pour de l’information sur Internet …

Nouveaux business models pour l’information online (New Business Models for Online News)

avec la participation de
Luca Conti, fondateur de pandemia.info
Mark Glaser, directeur exécutif de Mediashift
Claudio Giua, groupe Expresso
Pietro Varvello, groupe RCS

> Illustrations par kiki99 et drp sur Flickr

> Merci à Marc Mentré pour le compte-rendu de ces conférences

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Créer de la richesse, la mesurer, l’échanger, la faire circuler http://owni.fr/2010/01/26/creer-de-la-richesse-la-mesurer-lechanger-la-faire-circuler/ http://owni.fr/2010/01/26/creer-de-la-richesse-la-mesurer-lechanger-la-faire-circuler/#comments Tue, 26 Jan 2010 06:30:34 +0000 zoupic http://owni.fr/?p=7183 Dans mon billet sur gérer l’abondance, gérer la rareté qui compare les deux modes de partage et de gestion des richesses, je me frottais aux différences que l’on trouvait dans chacun des mondes et comment jouer sur ces différences. Comme le foot en salle ou en extérieur sont deux disciplines dont le but reste le même, toute la pratique consiste à développer la technique adaptée au terrain.

Pour ma part, dans la rareté ou l’abondance, je cherche à partager des richesses avec un maximum de personnes, de façon durable. Je cherche à partager ce que je créée tout en recevant quelque chose en retour qui me permette de vivre sur le long terme. Comment jouer sur chaque terrain en fonction de ses contraintes? Comment utiliser le terrain à mon avantage pour démultiplier les effets de ce partage dans l’abondance?

Dans une de mes analyses, je disais que l’artiste qui se reconnecterait avec sa communauté de fans se débarrasserait des intermédiaires et serait en prise directe avec son public de fan qui le soutient. En effet, je ne fais ici que reprendre les analyses de certains experts disant que nous passons d’une économie de la distribution à une économie de l’attention.

Le capital de départ - L’outil de production

Donc dans l’abondance, offrir et partager avec le plus grand nombre ne me coûte presque rien car le coût marginal est quasiment nul: le coût marginal est le prix pour fabriquer une unité supplémentaire. Dans le cadre du numérique, on sait comme cela est facile de faire un copier coller. Ce qui va donc me coûter c’est mon investissement initial avec mes coûts fixes.

Prenons un groupe de musique, il lui faut bien les instruments, le studio, tout le matériel pour enregistrer dans de bonnes conditions. Prenons un bloggueur, il lui faut un pc et éventuellement une caméra ou un bon appareil photo. Pour les codeurs il leur faut un pc. Pour ceux qui font de la vidéo, des clips, du bon matériel photo/vidéo ainsi que de bons ordinateurs.

En terme d’outil de production, d’investissement de départ, il faut une certaine somme. Si on prend un studio de télé collaborative comme techtoctv, on est là dans une autre gamme de prix, avec tout le matériel, l’investissement de base est conséquent, mais le coût marginal reste faible. Si on prend owni, le site, son design, la construction, le serveur l’hébergement, l’entretien, là encore on a un capital de départ plus un coût d’entretien.

Fait intéressant: dans l’économie de l’abondance, les outils de production appartiennent au monde matériel, gérés par l’économie de la rareté. Les deux mondes sont bien liés et l’un dépend de l’autre. On ne peut les considérer séparément. De même, les circuits de distribution dans l’abondance dépendent bien des règles des tuyaux qui permettent aux contenus de naviguer. Comme l’opérateur téléphonique peut écouter ou couper une conversation, le FAI peut lire tout ce qui passe sur votre ligne.

Une fois acceptée les règles du capital de départ, nous entrons dans l’économie et la gestion de l’abondance, les portes s’ouvrent…

Le partage et la barrière à l’entrée

On n’a rien sans rien. Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme.

Quoi que l’on fasse, que ce soit gratuit ou non, quand on donne quelque chose, on en retire forcément quelque chose en retour, si ce n’est pas monétaire ou quantifié en argent, on peut le mesurer en attention, en temps, en nombre de pages vues, en audience, en réputation, en plaisir, en bonheur etc..

Prenez ce blog. Vous ne payez rien à l’entrée. Pourtant vous payez. Vous payez avec votre temps, avec votre attention, avec votre envie de lire la suite, avec vos clics vous me donnez des informations sur ce qui vous intéresse, avec un commentaire vous m’aidez à construire mon raisonnement, à tester mes hypothèses, à encourager mon travail. Vous n’avez rien payé en euros, mais vous m’avez donné quelque chose en retour. Nous procédons à un échange. Mon temps contre le votre, mes questionnements contre votre intérêt, ma réflexion contre la votre. Nous échangeons, débattons éventuellement sur ce qui peut constituer les modèles d’échanges de demain, et ce faisant nous sommes déjà dans une forme d’échange spécial.

Mettre une barrière à l’entrée serait fermer cet espace qui porte mes idées et ma parole à l’écrit. Cela ne m’intéresse pas, je cherche à les diffuser, à les partager et à les faire voyager aussi loin que possible. C’est un aspect colonisateur de l’homme que je suis. Les laisser voguer à travers les twitts, les retweets et les autres trackback pour aller s’éclater contre les idées des autres. Chercher, rechercher ensemble ce qui pourrait fonctionner demain pour permettre à l’énergie investie de revenir, aux échanges de se faire d’une autre manière.

Je cherche donc à répandre mes idées sur le net et à les faire s’entrechoquer avec d’autres courants. Comment obtenir un retour qui me permettent de vivre?

Tendre la main

Je donne avec une main, je reçois avec l’autre

Paul Jorion a innové dans ce domaine en créant une licence: presslib qui accompagne chacun de ses textes. Un petit paragraphe accompagne chacun de ses textes:

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

Chaque article est partagé, libre d’accès, mais doit être accompagné de cette mention qui fait le lien avec la case départ: la boîte à donation basée sur le site de monsieur Jorion. Principe de viralité assurée, il démultiplie la force de son message.

C’est à dire que si en plus de donner et partager mes analyses et billets, j’ajoute un paragraphe qui permette de tendre la main et passer la casquette pour ramasser quelques pièces, j’ai mon flux de feedback qui me permet de voir ce que vaut mon travail. Comme le guitariste dans le parc, comme le musicien dans le métro, comme la messe, comme le clown dans la rue, j’offre d’abord mon service, ce que je sais faire, je le partage avec tous sans barrière à l’entrée et je propose qu’on me rémunère ensuite, librement, en fonction de ce que ça vous a apporté.

En plus de donner son texte et de partager sa connaissance, Monsieur Jorion y ajoute un brin de conscience, il éduque son public et lui explique sa philosophie. Comme la licence GPL (General Public Licence) entraîne une viralité pour tous ceux qui utilisent des logiciels libres développés, sa licence se diffuse et peut se répandre à travers Internet de façon simple et gratuite tant que le paragraphe presslib y est accolé, et c’est ce que paye le lecteur: la conscience du travail fourni, et la possibilité de le rétribuer en fonction de ses besoins.

Ayant rencontré Paul la semaine dernière, il m’a confié que c’était souvent les mêmes qui participaient.: la communauté, les riverains comme les appellerait Rue89. Ceux qui habitent et travaillent sur le blog presqu’autant que lui, ceux qui vivent dans les commentaires, ceux qui en bénéficient et en profitent au maximum. D’une certaine façon ce sont devenus des actionnaires, sauf que les deux parties sont libres. Paul Jorion est libre d’écrire ce qu’il veut, n’ayant pas de patron, une personne face à qui se tourner pour connaître la ligne directrice du blog, et les membres donateurs sont libres de le faire quand bon leur semble. La transparence les lie avec un rapport semi-mensuel environ de l’état des donations. On retrouve là une grande similitude avec Wikipédia. Libre et interdépendants. La boucle de circulation de la valeur est bouclée. Pérennité assurée jusqu’à ce que l’une des parties n’y trouve plus son intérêt.

Comment stimuler sans capturer? Comment créer de la richesse de façon vertueuse?

Profiter des lecteurs, de leur temps et de leur attention pour les faire participer à la tâche: construire ensemble, co-créer.

Plutôt que de les tracer silencieusement, de les observer depuis le back office, de les statistiquer, si je leur donnais la possibilité de s’exprimer? De qualifier ce qu’ils trouvent, de classifier, de tagguer, de ranger? N’est-ce pas déjà la stratégie de google, flickr, youtube, diigo qui délivrent un service gratuit et utilisent leurs utilisateurs et la longue queue pour améliorer, trier, ranger les données pour améliorer l’utilisation de tous: un véritable travail de fourmi. A l’aide d’un flux de rémunération parallèle, ils récupèrent de quoi vivre.

Démultiplier: Je donne la ressource, vous la diffusez.

Mesurer: Je produis des idées, vous testez leur cohérence.

Trier: Je publie des contenus, vous les classifiez.

Échanger: J’investis de l’énergie pour construire une structure, vous investissez de l’énergie pour la maintenir en vie, l’améliorer.

Tester la pérennité: Je partage mes contenus de façon ouverte, je demande aussi une rémunération en échange, vous me donnez la réponse.

Partager les revenus: Je reçois une rémunération, je la réinvestis dans le blog et dans mon travail, vous en profitez à nouveau.

Eclairer: Je déclare mes intentions, vous connaissez mes revenus et mes besoins.

La suite on la connaît: winner takes all. Le premier qui fournit un service gratuit et performant attire toute l’attention et on ne parle plus que de lui, car la communauté est là-bas. Les nouveaux arrivants filent vers ce service sans se soucier de la concurrence. Le premier qui ouvre et partage gagne l’attention et les projecteurs. Ensuite s’installe une lutte pour vivre dans la durée.

Pour ne pas capturer, ils doivent jouer la carte de l’open: pas de barrière à l’entrée, pas de barrière à la sortie. Chaque membre doit pouvoir prendre ses affaires et s’exporter vers un autre service librement s’il n’est plus satisfait. Alors pour stimuler le client, je dois l’encourager à participer, à construire avec moi cette plateforme, à la partager avec lui, l’aider à s’impliquer, lui donner une voix, compter et valoriser son travail comme je lui demande de valoriser le mien. Il partira parce qu’il y a mieux ailleurs, il reviendra car il est ici chez lui. Il aura construit une part de ces fondations. Une partie de lui est ici. Nous sommes liés, libres et liés.

La communauté améliore la fluidité des échanges

La communauté gagne toujours, l’union fait la force

Dans les mouvements du logiciel libre, de la musique, de la peinture, des arts, des écrivains, des blogs on retrouve cette même base: la communauté. Un éco-système, le premier cercle qui protège, alimente et nourrit une idée, une philosophie. Seul vous n’avez aucune chance. Entourez vous d’une communauté que vous nourissez et qui vous nourrit, bâtissez un échange viable qui enrichisse chacune des parties et alors vous développerez plus que des idées. Comme nous l’avons vu chez Paul Jorion ou chez Rue89, ce sont les membres les plus proches qui participent et assurent la viabilité. Il reste probablement des participations marginales de personnes qui passent et découvrent le site, mais c’est réellement le premier cercle qui fournit l’apport vital au noyau. C’est également ce premier cercle qui contribue à la diffusion vers les autres cercles, qui deviendront peut-être un jour contributeurs.

1) Qu’est-ce que j’apporte à ma communauté?

2) De quoi ai-je besoin?

3) Qu’est-ce que m’apporte ma communauté?

4) De quoi a-t-elle besoin?

5) comment fluidifier nos échanges, pérenniser notre relation, avancer ensemble de façon libre et interdépendante?

Pour le prochain billet, je répondrai à ces questions, alors vous pouvez dores et déjà réfléchir à ce que je vous apporte, et à ce que vous pouvez m’apporter qui ne me viendrait pas à l’esprit (monétaire et non monétaire..)

> Billet originellement publié sur www.zoupic.com

> Photo de Une, “Sharing” par Andy Woo sur Flickr

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Création, destruction, mesure et changement de valeur http://owni.fr/2010/01/03/creation-destruction-mesure-et-changement-de-valeur/ http://owni.fr/2010/01/03/creation-destruction-mesure-et-changement-de-valeur/#comments Sun, 03 Jan 2010 17:04:08 +0000 zoupic http://owni.fr/?p=6681 Suite au billet et aux commentaires des billets de Thierry Crouzet sur la question du statut du blogueur dans le Flux, par rapport aux aides offertes aux médias pure players Rue89, Slate & MediaPart, voici un éclaircissement personnel sur ce qui me saute aux yeux de la situation actuelle.

Destruction de valeur

Nous avons d’un côté un monde qui s’écroule, un modèle dépassé en bout de course, une machinerie monumentale qui comme un titanesque projet révèle au grand jour ses plus belles imperfections.

Depuis le déclenchement de la crise du subprime, j’ai pris conscience que nous avons trop joué avec la machine économique et que pour la dernière fois aujourd’hui, le décalage est tellement important entre la masse monétaire, l’argent que nous utilisons et la valeur réelle créée, que notre système ne pourra cette fois plus s’en relever.

Le titanic qui s’effrite, ce n’est pas seulement la crise financière, bancaire, c’est également celle des médias, des politiques, de l’économie, de l’éducation, de l’environnement, de la culture. Notre monde surconsommateur et matérialiste vient avec Internet de découvrir plus fort que lui: immatériel, reproductible à l’infini, presque gratuit, sans possibilité de contrôle et instantané. what else?

A l’heure du bilan, l’évolution nettoie ce qui n’a plus de sens, la destruction créatrice de Schumpeter si on veut.

Dans l’augmentation du chômage, on perçoit l’augmentation de la destruction de valeur. La valeur est pour nous la plupart du temps ce qui est monétisé, en réalité la valeur est bien plus large que sa simple représentation monétaire. La valeur est l’ensemble de ce que nous reconnaissons et déclarons comme tel. Ce qui nous rend heureux, ce qui provoque de la joie, ce qui est utile, ce qui subvient à nos besoins, ce qui nous importe. Alors forcément, si on comprend ça, on se rend compte que la valeur qui n’est plus reconnue ne répond pas forcément à la valeur que nous reconnaissons mais à la valeur monétaire de la rentabilité de ces structures.

Ce n’est pas la valeur qui change, c’est notre perception de la valeur. C’est en changeant ce qui nous est utile, agréable et indispensable que nous changeons ce qui a de la valeur.

Si le chômage augmente, cela veut dire que des emplois qui servait à créer de la valeur sont aujourd’hui dépassés, inutiles. Ce n’est pas tant une destruction de la valeur, c’est plutôt une régulation de cette valeur. Étant donné le contexte actuel environnemental et énergétique, bon nombre de produits et d’emplois n’ont plus leur place, la valeur a migré ailleurs.

Création de valeur

Alors que je vois s’effondrer un monde, une économie et la valeur que je lui avais attribué, je vois un autre monde apparaître sous mes yeux. Fasciné par sa rapidité et ses propriétés, celui-ci remet tout en cause. Il nous permet à moindre coût d’être plus performant, plus rapides, moins contrôlés. Je le décris comme l’abondance numérique, c’est le Flux.

Le Flux, c'est le bordel, mais on le cache pas.

Jamais au grand jamais il n’a été donné à quelque être humain que ce soit d’avoir accès à tout le savoir, la connaissance, l’information, la culture, la science à laquelle nous avons accès avec Internet. Donner un ordinateur et Internet à quelqu’un et il a accès à la plus grande bibliothèque jamais imaginée, il a accès au cerveau global de l’Humanité. Là est la richesse que nous avons créé ensemble.

Ainsi, dans notre vie quotidienne s’installent de nombreuses applications, services, sites webs et autres vaisseaux surfant sur la vague dématérialisée et répondant à nos besoins à moindre coût. Nombre d’entre eux se cassent les dents à la recherche du business model magique qui permettra de vivre, interdépendant et libre. Certains offrent déjà un service plus rapide, performant, qualitatif et sans les défauts intrinsèques au monde qui s’écroule. D’autres cherchent, testent et allient créativité et performance sur le nouveau support avec rentabilité financière sur le monde qui se meurt.

La question est toujours la même, comment perdurer et recevoir suffisamment d’énergie, de valeur, d’argent en retour pour le travail fourni? C’est la problématique principale de survie et de vie. Si un écosystème se meurt, la vie doit se réorganiser pour pouvoir continuer d’être et de se développer.

Changement de valeur?

S’il est clair que le monde industriel basé sur la rareté matérielle souffre, que sa valeur s’effrite, à nos yeux comme financièrement, le transfert de valeur monétaire ne s’est pas encore opéré vers le Flux.

Nous nous retrouvons donc à organiser les transpositions de la valeur de l’ancien monde vers les services du Flux. Relier les connexions sanguines du monde qui se meurt sur le nouvel outil de production, transposer, recoder et donner et rétribuer la création à la hauteur de la valeur qu’elle représente.

La monétisation est le fait de transformer une richesse reconnue en richesse mesurable et échangeable. Cela signifie qu’il faut qu’elle soit reconnue et mesurée par l’autre également, et qu’il ait confiance en sa valeur.

Le monde qui s’écroule n’étant pas entièrement remplacé par le Flux, il s’agit de les faire coopérer, et de gérer la complémentarité, la complexité et la diversité que ces deux écosystèmes représentent. D’un côté la supposée rareté matérielle, liée aux ressources rares toujours inférieures aux besoins de tous, qu’il nous faut optimiser pour assurer la meilleure allocation possible, de l’autre l’abondance numérique, qu’il nous faut gérer pour donner à chacun l’information, le produit, le service qui correspond exactement à ses besoins, où qu’il soit, instantanément.

Comment monétiser une richesse abondante, dont les propriétés sont l’immatérialité, la reproductibilité à l’infini, la quasi-gratuité, l’instantanéité et l’impossibilité de contrôle?

En gros, comment monétiser l’air? :-)

En temps normal, sur nos bases habituelles de contrôle permanent, on aurait deux solutions: le rendre rare et en vendre une petite part différenciée, ou alors, créer une bulle: faire diverger la valeur réelle du bien et sa valeur financière.

Aujourd’hui, comme Internet et le bit nous l’ont appris, il est question de lâcher notre habitude de contrôle, pour préférer la liberté et la fluidité. Le mouvement c’est la vie, la stagnation c’est la mort.

Changement d’outil de mesure de la valeur!

Si la monnaie a pu contenter plus ou moins l’expansion du capitalisme, ses propriétés rares et de contrôle appartiennent bien à l’ancien monde. Pour mesurer et permettre la circulation du Flux financier, il est nécessaire d’utiliser un outil adapté.

Si nous ne désirons plus arrêter, contrôler, séparer, alors ouvrons, partageons et faisons circuler. Pour lâcher prise il faut avoir confiance, en l’Homme, en l’autre, en soi.

Le partage

La monnaie, puisqu’elle est un média, une représentation de la valeur que nous créons doit refléter au plus proche la réalité, sans quoi nous vivrons dans l’illusion. La sagesse reposera alors sur le savant équilibre de la gestion de la masse monétaire en rapport avec la création de richesse et de l’implication de tous dans la responsabilité de ce flux sanguin. Enfin, les règles du flux, sa composition, sa définition et avant tout: son rôle détermineront son succès.

L’open money, les monnaies libres trouvent alors leur place comme outil de mesure répondant à la problématique de l’abondance. Si nous utilisons les monnaies libres comme une décentralisation du pouvoir monétaire classique alors nous en aurons compris un aspect réducteur, reproduisant la rareté artificielle. Si nous les voyons comme l’outil d’organisation de la mesure et de la circulation des richesses entre les hommes, alors nous pourrons en accueillir tous les bienfaits.

Changer ses valeurs

Si le monde de la rareté nous a habitué à évaluer notre richesse matérielle et notre bonheur par rapport aux autres, il est indispensable de nous réunir, et de dépasser cette compétition et cette peur du manque pour aller vers la confiance. Nous avons créé le système, nous pouvons le changer, mais nous devons d’abord nous changer, sans quoi nous allons recréer les mêmes problèmes.

Ce changement de valeur, c’est ce à quoi servent les crises, prendre conscience, faire le bilan, réaliser et acter. Le monde change, nous changeons, nos modèles ne sont plus adéquats, que puis-je changer en moi pour accompagner ce changement?

Billet initialement posté sur le blog de zoupic

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