Le Numérique pour tous : ! ou ?

Le 11 janvier 2010

Curieux qu’en France, nous en soyons encore à essayer de mobiliser tous les acteurs au travers d’un plan «Haut débit pour tous». Curieux tant cela semblait acquis, grâce à l’offre pléthorique des opérateurs, suffisamment mature pour satisfaire la plupart des critères de ce nouveau label. Curieux de devoir attendre 2012 pour remplir cet estimable et louable objectif. Curieux que [...]

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Curieux qu’en France, nous en soyons encore à essayer de mobiliser tous les acteurs au travers d’un plan «Haut débit pour tous».

Curieux tant cela semblait acquis, grâce à l’offre pléthorique des opérateurs, suffisamment mature pour satisfaire la plupart des critères de ce nouveau label.

Curieux de devoir attendre 2012 pour remplir cet estimable et louable objectif.

Curieux que le Gouvernement, apte à montrer la voie, ne se contente que d’un commun dénominateur bas, en retard par rapport à la réalité de l’Internet d’aujourd’hui :

• une vitesse de réception, 200 fois inférieure à ce que l’on peut trouver dans la plupart des grandes villes,

• une vitesse d’émission à peine supérieure à ce que l’on avait il y a 15 ans (offre Oléane via Numéris),

• une connexion qui peut être tout simplement coupée au delà d’un volume d’échange qui peut être atteint en quelques jours !!!

En fait, à la lecture du cahier des charges du label, on a tout simplement l’impression de la promotion de services d’accès par satellite, d’aujourd’hui. Alors, pourquoi attendre 2012 ?

Pourquoi établir un commun dénominateur bas et risquer une France à deux vitesses, un nivellement vers le bas, par des technologies et un modèle économique mal adaptés aux enjeux de demain ?

N’allons-nous pas recommencer l’erreur d’essayer de transformer nos élus en VRP d’équipementiers qui aujourd’hui demanderont «le haut débit pour tous», comme hier ils ont pu souhaiter l’ADSL dans leur bureau ?

La technologie n’est qu’un moyen au service d’un but. ADSL, fibre, satellite peu importe, du moment que l’on a réellement la possibilité de voir se développer un Internet à haut débit, neutre et symétrique. Un Internet qui ne serait pas qu’un «média», mais bel et bien un réseau d’innovations, ouvert, permettant la participation et la création de valeur de tous.
Aujourd’hui, plus que jamais, il me semble nécessaire, sinon vital de s’engager dans un véritable plan numérique pour tous dont les trois points essentiels sont les suivants :

1/ une infrastructure et un Internet de qualité, neutre, symétrique et à très haut débit

2/ un souci constant de la qualité et de la performance

Il est étrange que ce label, n’exige aucun critère de qualité vraie, alors que la plupart des opérateurs dans le monde savent qu’il s’agit d’un avantage compétitif majeur et que même Bruxelles se penche sur le sujet.
Ce n’est pas parce que nous entrons dans un monde « numérique » que les problèmes de qualité sont réglés. La TNT en est le plus bel exemple. Recevoir en région un signal TNT correct n’implique pas obligatoirement de voir une image de bonne qualité. Si on n’y prête attention, nos territoires seront connectés avec n’importe quoi, n’importe comment et nous dépenserons beaucoup d’argent, le jour où il faudra refaire les choses correctement.

3/ une véritable éducation au numérique est indispensable

Gérard Berry, docteur, chercheur à l’Inria, responsable de la nouvelle chaire d’informatique et de sciences numériques au collège de France, le dit très justement :

« En France, quand on parle de fracture numérique, on se polarise sur la nécessité de rattraper le retard en tant que consommateur, alors que le véritable problème c’est rattraper le retard en tant que créateur. Cela commence par l’éducation, car être créateur, c’est un état mental : il faut d’abord comprendre les choses ».

—- fin de l’article ———–

Je précise que sur ce dernier point,je ne souhaite pas que tous nos concitoyens deviennent des informaticiens hors pairs. Non, le sujet est ailleurs. Il faut CREER DE LA CONSCIENCE en partageant la CONNAISSANCE que nous avons.
On ne peut pas fustiger quotidiennement l’Internet à la télévision, souvent à juste titre sur les exemples choisis et par ailleurs ne rien proposer de concret. La plupart des exemples donnés se soignent par de la CONNAISSANCE, non pas par un niveau de régulation supérieur, inadapté aux enjeux et dangereux pour le futur.

Madame Kosciusko-Morizet, bravo pour les 4,5 Mds d’€, mais ne soyez pas au numérique ce qu’André Maginot a été à notre défense nationale, il y a déjà bien longtemps. Le numérique n’est pas une mince affaire et nous sommes nombreux à compter sur vous.

Sinon, nous aurons perdu beaucoup de temps, d’argent et surtout d’opportunités.
Prenons le train du numérique avec aussi ses opportunités !

article écrit et paru dans Europe Parlementaire “la tribune des élus et des décideurs publics”, Janvier 2010

crédit photo : Nice matin

» Article initialement publié sur jmp.net (avec d’intéressantes précisions en commentaires) /-)

» Illustration de Une par Steve Rhode sur Flickr

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