Better With Butter by Charles Pasi

Le 17 janvier 2011

Soul, jazz, rock, pop, on ne sait comment classer Charles Pasi, et c'est tant mieux puisque Better With Butter mélange un peu tout ça. Un artiste détonnant à découvrir cette semaine.

Charles Pasi, c’est le genre de gars qui a tout pour énerver. Une belle gueule, une voix capable de chanter tous les styles ou presque, une énergie scénique assez incroyable, et un talent évident d’auteur-compositeur.

Il aurait donc pu se la raconter. Dommage, il n’en est rien. Au contraire, on ressent chez ce parisien d’origine italienne de 27 ans une humilité de chaque instant, comme s’il n’avait pas vraiment conscience de ce qu’il dégage. Il suffit pourtant de l’avoir vu une fois jouer en public pour comprendre que ce garçon est promis à de belles choses.

Ayant commencé la musique assez tardivement, à 17 ans, il considère avoir toujours eu le “complexe du retardataire”, qu’il a compensée depuis par une “boulimie” d’écriture, de composition et de pratique. D’abord en s’inscrivant au conservatoire. Une expérience qu’il considère aujourd’hui avec un certain recul :

J’ai entendu beaucoup d’histoires de potes doués étant enfants mais qui ont été dégoûtés par le conservatoire. Moi j’ai pris ça différemment : il faut savoir ce qui est intéressant pour toi et ce qui ne l’est pas. De toutes façons, on n’apprend pas à être musicien dans une école. Apprendre la musique c’est avant tout une démarche personnelle et je pense qu’il faut s’investir seul avant tout.

C’est pour cela qu’à 17 ans, juste après l’obtention de son bac, il s’expatrie un an à Rome, pour acquérir de l’expérience. Il commence à jouer avec un groupe, à la fois comme harmoniciste et chanteur et enchaîne assez vite les concerts.

A son retour, enrichi de son année romaine, il s’attaque à l’écriture d’un premier album, qui sortira en autoproduction. Ce disque, bien accueilli, lui permet de beaucoup tourner. En France d’abord, puis à l’étranger, où les dates s’enchaînent en Espagne, Russie, Canada ou encore Hongrie. “Il y avait un côté exotique très enthousiasmant à tourner partout dans le monde, c’était une belle expérience”.

Son second disque, il l’a voulu “très différent du premier, reflétant davantage la palette de musique écoutée dans [sa] vie”. A l’écoute de l’EP Uncaged, sorti en digital fin 2010, on comprend mieux : mélange de soul, de jazz, de rock et de pop, la musique de Charles Pasi s’affranchit facilement de la notion de genre.

Mes influences ont évolué en s’élargissant. Je veux tout montrer de ce que j’ai écouté et ne pas faire une carrière de “rocker”, de “jazzman” ou de “soulman”. L’idée, c’est de mettre toutes ces influences au sein d’un seul morceau.

Il assume bien ce mélange des genres, et on est tenté de penser que c’est ce qui donne à sa musique ce relief. “J’aimerais bien dire que je me sens totalement original et marginal mais pas du tout. Je fais partie d’une génération qui parle plusieurs langues, qui voyage. Presque tout a été fait aujourd’hui, donc il faut tout mélanger.

Aujourd’hui signé sur le label digital Believe, Charles Pasi nourrit un amusant paradoxe : il accuse un retard considérable mais assumé concernant internet.
S’il y a un domaine dans lequel je suis marginal, c’est celui-là. Ça me touche et je crois que ça devient incontournable. Mais bon, je n’avais pas Facebook il y a un an. Ma consommation de musique, elle, passe par le streaming, tout simplement parce que je ne sais pas télécharger. C’est plus une question de paresse que de mépris.

Nous vous proposons de découvrir Better With Butter, extrait de l’album Uncaged, à paraître début mars. Fun fact, le clip qui l’accompagne est signé Louis Garrel, l’acteur préféré des bobos parisiens mélancoliques. Véritable concentré d’énergie jazzy et soul, ce morceau donne un excellent aperçu du style de son auteur, et devrait convaincre sans trop de difficulté. Le choix de l’anglais pour ce morceau, comme pour les autres d’ailleurs, s’est imposé naturellement. “J’ai tout simplement beaucoup de mal avec le français. Je n’y arrive pas, ça ne m’appartient pas. J’adore le français, mais c’est une exigence élitiste qui n’existe pas en anglais. Pour moi le français fonctionne avec les grands auteurs, et moi je n’en suis pas un”.

L’apparente facilité avec laquelle Charles Pasi semble avancer et son humilité ont décidément de quoi énerver.

L’album Uncaged sortira le 28 février en digital et le 7 mars en physique.

Tournée à partir 18 février, avec un passage au Nouveau Casino le 24 mars.

www.charlespasi.com / Twitter : @charlespasi / Facebook : facebook.com/charlespasi

Crédits photos : (c) Hamza Djenat

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